«We have to go back», disait ce brave Jack Shephard dans un épisode de «Lost» qui reste, encore aujourd’hui, l’un des plus grands twists du petit écran, à l’époque où le scénario de la série culte n’était pas encore complètement écrit sous acide.
Qui n’a jamais rêvé de remonter un peu la pendule pour changer le cours des choses? Ou, au contraire, de se projeter dans le futur? Parce qu’il permet à la fois de jouer sur les nerfs et la corde sensible du spectateur, en révélant des tas d’enjeux dramatiques, le voyage dans le temps a inspiré de très nombreuses séries. Blick vous en conseille cinq (en plus des premières saisons de «Lost», évidemment, et de l’incontournable «Doctor Who») qui pourront, au choix, vous retourner le cerveau, le cœur ou les deux.
«The Lazarus Project» (OCS)
La petite nouvelle de la sélection sort le 5 février sur OCS, plateforme accessible depuis Canal+. Et c’est une belle surprise, signée Joe Barton. L’histoire est celle de George, un homme qui assiste à la fin du monde à cause d’une pandémie (tiens, tiens)... avant de se réveiller bien au chaud dans son lit huit mois plus tôt. Le voici pris dans une boucle temporelle qui le ramène irrémédiablement au 1er juillet.
Jusqu’à ce qu’Archie, une mystérieuse inconnue, vienne lui expliquer ce qui lui arrive: il est l’un des rares individus à être conscient qu’un petit groupe d’agents spéciaux, regroupés sous le nom de Lazarus Project, remonte régulièrement le temps pour tenter d’éviter l’apocalypse.
Ce pitch alléchant débouche sur une série maligne et intelligente, souvent surprenante, qui exploite le voyage dans le temps pour mieux montrer à quel point l’existence ne tient qu’au hasard. Loin d’être seulement une série d’action, «The Lazarus project» compte aussi plusieurs formidables histoires d’amour et un propos intéressant sur le spleen des héros. Au passage, on en profite aussi pour vous conseiller l’autre grande série de Joe Barton, «Giri/Haji», disponible sur Netflix. Rien à voir avec des bonds spatio-temporels, mais c’est très bien quand même.
«Dark» (Netflix)
Si vous n’avez pas vu cette pépite allemande, jetez-vous dessus sur Netflix. Tout commence avec la disparition de Mikkel, 12 ans, dans une petite ville grise dominée par une centrale nucléaire. Trente-trois ans plus tôt, déjà, une disparition avait traumatisé la commune. Quatre familles vont alors tenter de démêler ce mystère.
Sinueuse, «Dark» pourrait être inutilement complexe si seulement elle n’était pas aussi bien écrite. Il est absolument remarquable qu’un entrelacement de tant de timelines et de personnages débouche à la fin sur une série aussi cohérente. Ses deux créateurs, Baran bo Odar et Jantje Friese, ont tenté une récidive fin 2022 avec «1899», une autre série toujours sur Netflix. Mais sans rencontrer le même succès.
«Outlander» (Netflix)
S’il y a bien une chose que les voyages dans le temps permettent de tester, c’est la solidité de l’amour. Plusieurs séries s’y sont essayées, ce qui a donné au choix des ratés («The Time Traveler’s wife») ou des séries cultes. «Outlander» est de la seconde catégorie. Adaptée d’une saga fantasy, elle s’intéresse aux aventures trépidantes de Claire Randall, infirmière téléportée de la Seconde Guerre mondiale à l'Écosse de 1743 en un clin d'œil. Ce qui a ses désavantages, comme le fait d’atterrir dans un pays à feu et à sang, et ses côtés positifs, comme rencontrer un beau jeune homme dont elle tombe amoureuse.
Il y aura donc de l’action trépidante, des costumes, des paysages magnifiques et surtout une héroïne ambitieuse et débrouillarde (et c’est peut-être là qu’«Outlander» a réussi à innover le plus!). Mais aussi, avouons-le, de (très) nombreuses scènes (très) sexy qui ont permis d’asseoir durablement le succès de la série. Une septième et avant-dernière saison est attendue cette année sur Netflix.
«Code Quantum» (en VOD)
Impossible de ne pas proposer au moins une petite série vintage dans une sélection sur les voyages temporels. Diffusée entre 1989 et 1993 sur NBC (elle est désormais disponible en VOD), «Code Quantum» est probablement la fiction la plus réaliste sur le sujet. Son protagoniste est un savant, Sam Beckett, transporté à diverses époques avec, à chaque fois, la même mission: tenter de faire pour le mieux en prenant la place d’un personnage historique.
La série est née du cerveau prolifique de Donald Bellisario, à qui l’on doit «Magnum» et «NCIS», entre autres. Logiquement, on y retrouve donc à la fois un mélange des genres très riche (de la science-fiction, mais aussi du drame et de la comédie) et un art du «cliffhanger» à l’ancienne. «Code Quantum» est aussi mâtinée de mysticisme à partir du moment où Sam Beckett devient persuadé qu’il est envoyé dans le passé par une force divine. Le dernier épisode de la série, arrêtée brutalement, fait encore aujourd’hui largement débat parmi les fans pour savoir s’il est absolument génial ou totalement nul. Ce qui est bien le signe que nous sommes face à un objet culte.
«22.11.63» (Prime Video)
Prenez deux obsessions. D’abord, l’assassinat de John F. Kennedy en 1963 et la pelletée d’hypothèses plus ou moins complotistes qui vont avec. Ensuite, la possibilité de voyager dans le temps et, peut-être, influer sur le cours des choses. Ensemble, cela donne «22.11.63», adaptation en série réussie (et ce n’est pas si souvent) d’un roman de Stephen King. Soit l’histoire du professeur Epping (James Franco) qui met tout en œuvre pour sauver le président assassiné en revenant en 1960.
Là où la série se démarque, c’est dans sa capacité à saisir le potentiel tragique des voyages temporels. Et si, finalement, on s’attachait plus à une autre vie, dans une autre époque que la sienne? D’ailleurs, vouloir remonter le temps, ne serait-ce pas la preuve de la médiocrité de son existence? De son incapacité à se satisfaire de son quotidien? Bien sûr, un tel sujet et un tel producteur (J.J. Abrams, à l’origine également de «Lost», «Alias» ou «Fringe») sont aussi propices aux moments d’extrême tension. Et la conjonction des deux donne une série très plaisante, à voir sur Prime Video.