Retour en Terre du Milieu
«Les Anneaux de pouvoir» s’annoncent épiques et somptueux

La série préquel du «Seigneur des Anneaux», diffusée à partir du 2 septembre sur Prime Video, est la plus chère jamais produite. Les deux premiers épisodes tiennent toutes leurs promesses et augurent d’une réussite, encore à confirmer.
Publié: 01.09.2022 à 21:11 heures
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L'histoire des «Anneaux de pouvoir» se déroule plusieurs milliers d'années avant celle du «Seigneur des Anneaux», dans une Terre du milieu ravagée par la guerre.
Photo: Ben Rothstein/ Prime Video
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Margaux BaralonJournaliste Blick

C’est la bataille la plus épique de cette rentrée sur le front des séries: les sorties quasi simultanées de «House of the dragon» et des «Anneaux de pouvoir». Deux séries fantasy, deux adaptations d’univers littéraires, deux prequels d'œuvres au succès retentissant (la série «Game of thrones» et la trilogie de films «Le Seigneur des Anneaux») et deux plateformes concurrentes, HBO et Amazon, qui jouent très gros.

La première a déjà remporté son pari. Non seulement «House of the dragon» est une réussite sur ses débuts (chez Blick, on a adoré !) mais les audiences sont au rendez-vous. Rien qu’aux États-Unis, le premier épisode a rassemblé 10 millions de spectateurs et spectatrices.

Un chiffre qui est même monté à 10.2 millions pour le second épisode. En face, Amazon a donc du pain sur la planche pour se montrer à la hauteur du duel annoncé. Sur les deux premiers épisodes dévoilés à la presse, le défi semble relevé, grâce notamment à un visuel époustouflant.

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Reprenons pour ceux et celles qui n’auraient pas tout suivi. L’histoire des «Anneaux de pouvoir» se déroule des milliers d’années avant celle du «Seigneur des Anneaux», alors que l’Anneau unique n’est même pas encore forgé. La Terre du milieu imaginée le siècle dernier par l’auteur britannique J.R.R.

Tolkien vient de sortir d’une guerre déclenchée par Morgoth, être supérieur maléfique, contre les elfes. Les seconds en sont sortis victorieux. Mais le sorcier Sauron, plus haut chef de guerre de Morgoth, n’a pas été tué et reste introuvable.

L’elfe Galadriel, qui a perdu son frère dans la bataille, parcourt donc l’intégralité du territoire dans l’espoir de le retrouver et de le mettre définitivement hors d’état de nuire. Mais alors que les années s’écoulent et que sa quête reste vaine, tout le monde se convainc que le mal a définitivement été vaincu. Contre sa volonté, Galadriel est déchargée de sa mission. C’est alors, évidemment, que le mal ressurgit…

Retour à la quintessence de la fantasy

La plus grande réussite des «Anneaux de pouvoir» jusque-là est d’assumer pleinement son statut de série fantasy, en jouant cartes sur table avec les codes du genre. Il y a là un sens aigü des dialogues, à la fois lyriques et accessibles, et surtout une richesse rarement atteinte dans les costumes, les ambiances et les décors, dont la plupart sont naturels et offerts par les magnifiques paysages néo-zélandais qui avaient déjà fait le succès du «Seigneur des Anneaux» de Peter Jackson.

Tout a été pensé jusqu’au moindre détail pour émerveiller, mais aussi apporter suffisamment d’authenticité à l’ensemble pour éviter la désagréable impression de ne voir que des effets spéciaux ajoutés à des fonds verts. Auréolée du statut de série la plus chère de l’histoire (elle devrait coûter plus d’un milliard de dollars), «Les Anneaux de pouvoir» a le bon goût de proposer un spectacle à la hauteur de ces sommes astronomiques.

La série reprend également la quintessence de l'œuvre de Tolkien en mettant en scène un monde fondamentalement bon menacé par un mal extérieur. Soit l’exact inverse de ce qui se passe dans «House of the dragon», où le chaos vient toujours de l’intérieur et de la part d’ombre des héros eux-mêmes.

Ce n’est pas la seule différence entre les deux productions. «Les Anneaux de pouvoir», toujours en accord avec les codes de la fantasy, se garde bien de se montrer aussi crue que sa concurrente chez HBO, dont les scènes de sexe et de violence ont taillé la réputation depuis le début. Sur la Terre du milieu, les amours sont chastes et le sang coule un peu moins.

Une myriade d’intrigues

Pourtant, cela n’enlève rien au caractère épique des «Anneaux de pouvoir», qui propose déjà, sur ses deux premiers épisodes, des batailles homériques contre des créatures malfaisantes crédibles. La dualité entre le bien et le mal peut paraître manichéenne sur le papier.

De fait, elle ne réconciliera pas les détracteurs du «Seigneur des Anneaux» avec le monde de Tolkien. Pourtant, il y a là bien des nuances. Dans sa façon de présenter les différents peuples de la Terre du milieu, notamment les rivalités palpables entre les nains et les elfes, la série ne manque pas de questionner le rapport à l’autre, les tensions interraciales et la nécessité de tirer les leçons de l’histoire.

Il est encore trop tôt pour juger si «Les Anneaux de pouvoir» pourra offrir des personnages aussi intéressants et complexes que les Boromir ou Denethor du «Seigneur des Anneaux». Trop tôt également pour savoir si elle parviendra à trouver un équilibre dans toutes les histoires simultanées qu’elle raconte, de la quête de Galadriel aux déboires de l’elfe Arondir, amoureux d’une humaine, en passant par la tribu de Piévelus qui trouve un intrigant géant ou l’elfe Elrond, qui s’apprête à assister à la création des fameux anneaux de pouvoir du titre.

Mais il est enthousiasmant de voir la série se mettre en place sur de bons rails. Et, loin d’imaginer une guerre fratricide entre deux plateformes concurrentes, on se plaît à espérer qu’une sortie concomitante avec celle de «House of the dragon» soit surtout l’occasion de remettre de la fantasy de qualité sur le devant du petit écran.

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