De Stromae à Sting, en passant par SCH, Metronomy ou DJ Snake, la programmation du Paléo festival nous a fait rêver et fêter jusqu'au bout de la nuit. Histoire de prolonger le plaisir, Blick a sélectionné huit séries qui, elles aussi, vont vous faire danser.
«Pistol» (Disney+)
Danny Boyle, réalisateur de «Trainspotting» et «Slumdog Millionnaire», signe pour Disney+ une mini-série explosive sur les Sex Pistols. Près de 45 ans après l’explosion du groupe punk, et en se basant sur les mémoires de son guitariste, Steve Jones, il relate le bruit et la fureur d’une formation musicale dont la carrière fut aussi brève que marquante.
Sans surprise, il y a beaucoup de drogue, de blousons de cuir et de coupes de cheveux aléatoires dans «Pistol», mais aussi beaucoup d’admiration et de tendresse pour des artistes qui sont venus secouer le rock anglais. La bande-originale fait la part belle aux tenants du slogan «no future», évidemment, mais la série a le bon goût d’y joindre d’autres artistes contemporains, de David Bowie à Alice Cooper. On sort de là la tête à l’envers, avec l’impression d’avoir pu saisir, le temps de six épisodes, la grâce du chaos.
«The Beatles: Get Back» (Disney+)
Avant la sortie ce mois-ci de «Pistol», la plateforme Disney+ avait déjà donné dans l’histoire de la musique anglaise avec «The Beatles: Get Back», série documentaire fleuve signée Peter Jackson (oui oui, le réalisateur de la trilogie du «Seigneur des Anneaux»!). Huit heures de plongée sans fard dans un mois de création musicale, en janvier 1969, grâce à des images d’archive.
Il y a quelque chose de fascinant à voir quatre artistes qui n’ont déjà plus la même vision des choses s’accorder et parvenir à collaborer pour pondre, en quelques jours seulement, quelques-uns de leurs plus grands titres. Parfois en quelques minutes seulement, parfois au terme d’interminables répétitions. Assister à la naissance de «Let it be», «Get back», a quelque chose de merveilleux mais aussi terriblement nostalgique. D’autant qu’affleure, même si cela se fait sans cri ni larmes, la triste lassitude de quatre mecs qui aimeraient surtout revenir à leurs débuts.
«Montre jamais ça à personne» (Amazon Prime Video)
Les documentaires sur les chanteurs et chanteuses distribués sur les plateformes sont souvent des ratages, qui se roulent dans le fan-service inutile ou, malheureusement, révèlent qu’une personne douée derrière un micro sur scène n’a pas forcément grand-chose à dire de son travail une fois qu’elle en est redescendu. Mais il en est un qui surclasse tous les autres: «Montre jamais ça à personne», consacré au rappeur français Orelsan (qui, ça tombe bien, sera au Paléo). Sûrement parce que le processus de fabrication est unique: c’est son frère, Clément Cotentin, qui l’a filmé pendant 20 ans, de sa ville natale de Caen jusqu’aux plus grandes salles pleines à craquer.
Construite autour de nombreuses images d’archives et d’interviews des proches d’Orelsan, «Montre jamais ça à personne» prouve, s’il en était encore besoin, que l’authenticité est bonne conseillère. Tout est ici vraiment drôle, vraiment touchant, parce que tout est vrai. Clément Cotentin n’esquive aucun moment difficile de la carrière de son frère, des débuts en dents de scie jusqu’à la polémique autour des paroles de sa chanson «Sale pute». Orelsan doute, Orelsan déprime, Orelsan trouve du réconfort auprès de sa bande de potes, et toutes ces choses si simples donnent une série passionnante.
«Empire» (Disney+)
Du hip-hop et du drama, voilà la recette d’«Empire», série américaine diffusée entre 2015 et 2020. Lucious Lyon, ancien dealer qui a fondé son label de hip-hop Empire Entertainment, apprend qu’il ne lui reste que peu de temps à vivre avant de succomber à une maladie neurodégénérative. Le voici donc forcé de choisir qui, dans sa famille, pourra lui succéder. Il y a bien ses trois fils, que le patriarche met en concurrence. Mais les choses se compliquent encore lorsque Cookie, son ex-femme, est libérée de prison et vient elle aussi réclamer sa part du gâteau.
Sans surprise, la musique est un personnage à part entière de cette série qui cumule tous les ressorts du soap (meurtres, tromperies, enfants cachés) et l’imagerie classique du hip-hop du XXIe siècle (chaînes en or et filles en bikini sur des yachts) mais le fait très bien. Le producteur Timbaland a supervisé toute la bande-originale, qui sent très fort le début des années 2000. Celles et ceux qui ont passé du temps devant les clips de MTV ont leur série de référence.
«Validé» (Canal+)
Débarquée en mars 2020 sur Canal+, «Validé» a battu dès sa sortie des records de téléchargement. La série a été bien aidée par le confinement, certes, par la présence au générique d’une bonne partie de la scène rap française (Kool Shen, Ninho, La Crim, Soprano, etc) dans des caméos bien orchestrés, aussi, mais elle doit beaucoup à la très bonne connaissance du milieu rap de son créateur, Franck Gastambide. En racontant l’histoire de Clément, jeune rappeur bien décidé à se faire connaître, Gastambide ausculte les coulisses d’une industrie qui vend beaucoup de rêves mais n’en réalise que très peu.
En dépit d’une gestion hasardeuse des cliffhangers, trop caricaturaux, «Validé» sonne souvent juste et a réussi, entre sa première et sa deuxième saison, à rectifier le tir en matière de personnages féminins, bien mieux écrits. Surtout, elle repose sur un casting parfait et des tubes sur mesure. Le rappeur Hatik, qui incarne Clément, a vu sa carrière musicale décoller après cette expérience et son interprétation de «Prison pour mineurs». Et la chanson «Rider toute la night», de Laetitia Kerfa (qui endosse le rôle principal dans la deuxième saison) va longtemps vous trotter dans la tête.
«Treme» (Canal+)
Quelques mois après le passage de l’ouragan Katrina, les musiciens d’un groupe de jazz de La Nouvelle-Orléans tentent de reconstruire leur vie. De ce pitch très simple, David Simon, génial showrunner de «The Wire», tire «Treme», série foisonnante et exigeante qui met en scène une galerie de personnages meurtris essayant tant bien que mal de survivre un jour de plus. C’est lent, cela ne répond à aucun code sériel défini, ni de genre ni de narration (si vous cherchez à être tenu en haleine par un suspense insoutenable à la fin de chaque épisode, passez votre chemin) mais cela épouse à merveille l’existence de ses personnages.
Il y a forcément de longs intermèdes sonores dans «Treme», de ceux qui raviront les amateurs de jazz. Mais ici, la musique est bien plus qu’un habillage, plus encore même qu’une échappatoire pour ceux qui la jouent ou l’écoutent. C’est un héritage, une culture, une façon de se présenter au monde et de s’en tirer, même après le drame.
«The Eddy» (Netflix)
Les fans de «Whiplash» ou «La La Land» se sont trouvés fort déstabilisés lorsque le réalisateur Damien Chazelle a sorti «The Eddy», qu’il supervise et dont il réalise les deux premiers épisodes. C’est que la série, qui raconte l’histoire d’un club de jazz parisien, de ses propriétaires et des artistes qui y passent, n’a rien à voir avec ses films. Quasiment dépourvue d’enjeux narratifs, «The Eddy» se propose au contraire de planter une ambiance dans laquelle évolue ses personnages.
Cette jolie déambulation dans les rues de Paris, faite donc de jazz et d’images grainées, repose sur la qualité de ses interprètes, au premier rang desquels la polonaise Joanna Kulig, qui joue aussi bien qu’elle chante. Il faut accepter de se laisser porter par cette galerie de portraits et par la bande-originale, composée par le producteur Glen Ballard et le pianiste Randy Kerber.
«Glee» (Disney+)
Impossible d’évoquer les séries musicales sans s’attarder sur «Glee», diffusée entre 2009 et 2015 et à l’origine du retour de hype de nombreux morceaux. La série de Ryan Murphy suit une bande de lycéens membres du club de chant de leur établissement, entraînés par leur professeur d’espagnol et martyrisés par la terrible prof de sport. Drôle, haute en couleurs, «Glee» a permis aux jeunes générations de (re)découvrir les tubes préférés de leurs parents, de ceux de Fleetwood Mac à ceux des Doors, via leur réinterprétation dans la série. Des albums sont d’ailleurs sortis en même temps que les saisons de la fiction, et le casting est même parti en tournée à plusieurs reprises.
Mais au-delà de la musique, «Glee» est une série qui a marqué la télévision pour sa représentativité joyeuse. En faisant de ses pom-pom girls des filles lesbiennes ou bisexuelles, en présentant un personnage gay parmi les principaux, en retournant souvent tous les clichés, Ryan Murphy a activement participé à une plus forte inclusion sur le petit écran.