Diplomatie et vendetta
Voici trois pépites à rattraper sur Netflix

Plus rien à voir sur la plateforme? Voici la preuve par trois du contraire. Entre une sitcom politique, un drame coréen et une série survoltée, il y en aura pour tous les goûts.
Publié: 30.05.2023 à 19:28 heures
«La Diplomate» est une série qui suit les aventures de Kate Wyler, ambassadrice à Londres qui fait face à une vie politique mouvementée.
Photo: Alex Bailey/Netflix
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Margaux BaralonJournaliste Blick

Comme d’habitude, vous errez depuis plus d’un quart d’heure sur la page d’accueil de Netflix à la recherche d’une bonne série. Selon une étude britannique d’ailleurs, nous perdons chaque jour 18 minutes à choisir ce que nous allons regarder. Soit quasiment le temps d’un épisode de «Friends»! Heureusement, Blick a pensé à vous. Voici trois sorties récentes à rattraper sur la plateforme.

1

«La Diplomate»

En 2023, une série comme «La Diplomate» paraît presque désuète. Ce qui lui donne avant tout beaucoup de charme. L’actrice Keri Russell (vue dans «The Americans») y incarne la diplomate du titre, Kate Wyler, prête à prendre un poste de cheffe de mission à Kaboul. Lorsque tout à coup, la voilà nommée ambassadrice à Londres. Le changement est radical: il ne s’agit plus d’aller sur le terrain et de gérer des talibans, mais bien de se montrer en robe de soirée avec la monarchie et le Premier ministre. Il reste tout de même une crise à gérer, après un attentat commis contre un porte-avion britannique.

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Mais ne vous y trompez pas, nous sommes plus proches ici d’une série comme «Veep» que de «Homeland», même si la créatrice de «La Diplomate», Deborah Cahn, a contribué aux dernières saisons du show d’espionnage. La scénariste a aussi travaillé avec Aaron Sorkin, et cela se sent: les dialogues fusent, le montage s’emballe, les intrigues et sous-intrigues se multiplient. Car le grand drame de Kate Wyler est surtout de partir à Londres avec Hal, son encombrant mari. Au-delà du fait que tout le monde le prend, lui, pour l’ambassadeur, les deux sont au bord du divorce et il veut absolument la récupérer.

Au milieu d’un paysage sériel fait de milliardaires damnés, de destins tragiques et de policiers corrompus, «La Diplomate» fait figure de petite friandise sucrée fort agréable. Tout y est malin dans la façon de vulgariser d’obscures manœuvres politiques, et humble dans l’absence de volonté de révolutionner les fictions du petit écran. L’intrigue amoureuse recycle habilement les clichés du genre (on se rapproche en se renversant maladroitement du café dessus) et emprunte même à la «screwball comedy» du cinéma hollywoodien des années 1940. Et Keri Russell prouve, s’il en était encore besoin, qu’elle sait décidément tout faire.

2

«Acharnés»

Quelque part entre le film «Boulevard de la mort», de Quentin Tarantino, et «Les Nouveaux sauvages», de Damian Szifron, on doit pouvoir trouver «Acharnés» («Beef» en VO). Le Tarantino, c’est pour la course-poursuite en voiture. Le Szifron, pour l’explosion de haine pure émanant de personnes parfaitement normales qui, un beau jour, pètent un câble pour des broutilles.

Visez plutôt: au départ, Danny vient simplement se faire rembourser des barbecues au supermarché. Faute de reçu, il repart bredouille (et énervé) avant, alors qu’il recule sans regarder derrière lui sur le parking, de se prendre un doigt d’honneur. Le doigt appartient à Amy, propriétaire d’un SUV rutilant et d’une vie quasi-parfaite en apparence. Le sang de Danny ne fait qu’un tour, celui d’Amy a déjà chauffé. Le premier pourchasse la seconde dans les avenues de Los Angeles, jusqu’à sa grande et belle villa. Pas d’accident… pour le moment.

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Car à partir de là, c’est l’escalade. Les deux se vouent une haine tenace, féroce, qui les dévore et les fait rivaliser d’inventivité pour trouver le meilleur moyen de se pourrir la vie. La vendetta est à la fois furieuse et complètement jouissive. Et si elle offre à la série un rythme effréné qui séduira les «sérievores» les plus blasés, elle n’est pas vaine pour autant. «Acharnés» est une variation plus profonde qu’il y paraît sur la solitude contemporaine et l’accumulation des frustrations, qui ne doivent d’être contenues qu’à la résilience des hommes et des femmes trop pris par l’idée de survivre jusqu’au jour suivant.

La série, réalisée par le Sud-coréen Lee Sung-Jin, met en scène deux acteurs américains d’origine asiatique, Steven Yeun (né à Séoul) et Ali Wong (dont le père est chinois et la mère vietnamienne). Elle en profite pour aborder la difficulté de l’immigration, qu’elle soit réussie (Amy est obligée de s’abandonner dans le travail pour entretenir son mari) ou ratée (les parents de Danny sont repartis en Corée après la faillite de leur activité) et battre en brèche les clichés d’immigrés asiatiques très disciplinés.

3

«The Good Bad Mother»

La petite dernière de notre sélection, «The Good Bad Mother», appartient à la pléthore de «k-drama» que compte Netflix. Autrement dit, des drames venus de Corée du Sud, pays pourvoyeur de fictions en tous genres. En réalité, on est plus sur une «dramédie», comme vient le prouver la scène d’ouverture, dans laquelle un éleveur de cochons fait sa demande en mariage en attachant une bague à l’un de ses ravissants porcelets. Les vingt premières minutes de la série suivent l’histoire de ce couple, auquel il arrivera bien des malheurs, jusqu’à ce qu’on se retrouve avec le véritable héros de «The Good Bad Mother»: leur fils, Kang-ho. Des années plus tard, celui-ci est devenu un ambitieux procureur, sorti de sa campagne pour faire carrière à la ville.

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Un jour, un accident le laisse avec les capacités cérébrales d’un enfant et l’oblige à retrouver sa mère, Young-soon (qui s’est donc marié à l’éleveur de porcs, vous suivez?). Voilà l’occasion de, peut-être, recoller les morceaux d’une relation difficile. Car ce que raconte «The Good Bad Mother», c’est la complexité d’une maternité mise à mal par la disparition précoce du père et l’incapacité à exprimer son attachement. Le personnage de Young-soon apparaît dans toute sa complexité, dépassé par la dévorante volonté d’améliorer l’existence de son fils qui, paradoxalement, l’empêche d’assurer son bonheur.

La grande force de «The Good Bad Mother» est d’arriver à peupler son univers d’une myriade de personnages secondaires géniaux, en plus du duo qui porte la série. On croise ainsi à peu près tous les résidents du village de Young-soon, dont une voisine qui ne quitte jamais son masque pour le visage et passe son temps à distiller des conseils inutiles. De petites touches humoristiques en grandes tragédies, voilà une série qui trace un chemin original dans le catalogue Netflix.

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