Dans ses courriers, on s’adresse souvent à elle en l’appelant «Monsieur». Pareil au téléphone, où elle est quasi systématiquement mégenrée jusqu’à ce qu’elle puisse ouvrir la bouche. Stéphane porte un blaze qu’on attribue généralement à un homme. «J’en ai longtemps voulu à mes parents», confie la chanteuse genevoise, droit derrière son feat avec Uncle Maximilien dans les locaux de Blick (voir vidéo ci-dessous).
La jeune femme de 26 ans est toutefois «retombée amoureuse» de ce prénom, choisi en hommage à l’actrice Stéphane Audran, figure emblématique du cinéma français des années 1970. Son regard est protégé par des verres fumés ronds. Elle pose sa voix grave et profonde. «C’est surtout grâce à mon producteur que j’ai réussi à l’assumer, glisse-t-elle. Avec le temps, j’ai appris à le revendiquer. C’est pour cela que je l’ai aussi pris comme nom d’artiste.»
Cette quête d’identité se dessine dans son premier album «Madame», sorti en début d’année. «Réussir à mettre quelque part 'Madame Stéphane', c’était ma petite revanche», sourit celle qui a quatre frères et sœurs. Elle se remémore son enfance. «Je viens d’une famille de mélomane. Tout le monde jouait d’un instrument, on chantait tout le temps. La musique est rapidement devenue ma passion.»
Sur les pas de Florent Pagny
Après l’obtention de sa maturité, l’évidence. «Je me suis inscrite à l’École des musiques actuelles à Genève puis, après cette formation de trois ans, j’ai eu la chance de signer mon premier contrat d’artiste.» Un départ en fanfare! Son single d’alors, «Douleur je fuis», est un succès. Les radios le passent en boucle. Aujourd’hui, ce titre dépasse les trois millions de vues sur YouTube.
Heureuse conséquence, Stéphane enchaîne rapidement les dates. Notamment en tant que première partie du célèbre Florent Pagny. «Tout est allé très vite, j’ai accueilli ces événements avec un mélange de stress et d’impatience, glisse-t-elle. C’est jouissif: j’ai le sentiment que mon chemin artistique est déjà bien entamé, même si la plus grande partie est encore devant moi!»
Dans l’immédiat, la route de la vingtenaire passe par Nyon. Elle jouera, ce dimanche, au sein de l’open air de Daniel Rossellat. Au Club Tent, à 16h. «Paléo Festival, c’est l’un de mes rêves, s’exclame-t-elle. Quand, on m’a annoncé que j’étais programmée, j’étais comme une folle. J’y vais depuis toute petite, cette date me tient énormément à cœur. Pouvoir vivre ça, c’est magnifique!»
Un échec salvateur
Pour cette ancienne joueuse de basket et immense passionnée de cuisine, aucune ambition n’est trop grande. «J’ai beaucoup d’objectifs, qui ne sont évidemment pas atteignables immédiatement. Par exemple? Une grande tournée d’une année, une tournée des Zéniths… Franchement, je rêve de pas mal de choses.»
Stéphane se marre, fait des allers-retours dans son histoire et dans ses projections. Elle marque une pause… et réalise, juste avant de partir, que son parcours aurait pu être bien différent si le destin ne s’en était pas mêlé. «À la base, je voulais faire médecine, souffle-t-elle. Je m’étais même inscrite à l’université, mais j’ai redoublé ma dernière année de gymnase, ce qui m’a fait reconsidérer mon choix. Sans cet échec et la remise en question qui a suivi, je n’aurais probablement pas décidé de me lancer dans la musique. La vie est bien faite, non?» Difficile de lui donner tort.
À voir: Stéphane, Club Tent, dimanche 23 juillet, 16h