Un commentaire de Richard Werly
Trahison de Macron oui, déni démocratique non

Le nouveau gouvernement français n'est pas le résultat d'un déni démocratique comme l'affirme la gauche. Macron a fait un choix: c'est à droite toute qu'il terminera sa présidence. Michel Barnier doit maintenant prouver qu'il peut survivre, estime notre journaliste.
Publié: 22.09.2024 à 10:53 heures
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Le Premier ministre français Michel Barnier doit maintenant prouver qu'il peut survivre sans majorité parlementaire.
Photo: keystone-sda.ch
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Richard WerlyJournaliste Blick

Emmanuel Macron a choisi: sa présidence s’achèvera à droite toute! On le savait depuis la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre. Conservateur, membre fidèle du parti «Les Républicains», candidat à la présidentielle de 2022 pour la droite, l’ancien négociateur européen du Brexit est tout sauf un centriste même si sa pratique du dialogue et son vocabulaire mesuré font de lui un leader crédible. On peut en être désormais certain, tant le nouveau gouvernement français porte la marque de la droite. Y compris de l’aile la plus dure de ce camp politique, représentée par le nouveau ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. Lequel s’empressera sans doute de prendre de nouvelles mesures pour juguler l’immigration.

Ce choix du président français, dicté par les résultats de législatives anticipées qu’il a lui-même provoqué, est une incontestable trahison. C’est grâce aux électeurs réunis du centre, de droite comme de gauche, qu’Emmanuel Macron a été élu en 2017, puis réélu en 2022. C’est autour de sa promesse d’en finir avec le clivage droite-gauche, et de concilier approche sociale et libérale, que le macronisme s’est imposé en France. Or tout cela est terminé. Jeté aux orties politiques. Le Macron de 2024 ne pense qu’à sa survie jusqu’à la fin de son second mandat, en mai 2027. Les électeurs de gauche, et tous ses soutiens venus de l’aide sociale-démocrate, n’ont plus d’autre choix que de contempler ce basculement implacable vers la droite.

Nouveau front populaire

Peut-on parler en revanche, comme le fait le bloc de gauche du «Nouveau Front populaire» (NFP), de «déni démocratique»? La réponse est non. Il est vrai que dans toute démocratie parlementaire digne de ce nom, cette alliance de gauche arrivée de justesse en tête à l’issue du scrutin aurait dû être appelée à gouverner. Un candidat issu de cette famille politique aurait dû être convié à constituer un gouvernement par le président. Mais le NFP a d’emblée choisi la force plutôt que le compromis. Volonté d’imposer sa candidate Lucie Castets. Volonté d’imposer son programme, sans égard pour les contraintes budgétaires. Est-ce que Macron était sérieux lorsqu’il a envisagé la nomination du social-démocrate Bernard Cazeneuve, ultime Premier ministre de la présidence Hollande? Personne ne peut en être sûr. Parce que personne, à gauche, y compris au PS, n’a osé dire «banco». Si Macron est dans le déni démocratique, la partie réformiste de la gauche française est, elle, dans le déni de courage.

Il faut maintenant réparer. Prouver qu’un gouvernement, dans une France déstabilisée par la dissolution de l’Assemblée nationale et la montée en puissance de la droite nationale populiste exclue de toute coalition, peut-être autre chose que le résultat de petits arrangements. Telle est la mission de Michel Barnier.

Déni de réalité

Ce nouveau premier ministre de 73 ans a paradoxalement une chance: l’heure est grave, surtout sur le plan budgétaire. Or les chiffres sont indiscutables. Ils exigent du réalisme. Dès le prochain budgétaire, l’on saura donc si la France, comme elle l’a souvent fait, est prisonnière d’un déni de réalité. Ce qui serait, de loin, la plus problématique des illusions dans ces temps de macronisme agonisant.

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