C’est fini. Le macronisme est mort. Et Emmanuel Macron le sait. En nommant le vétéran Michel Barnier, 73 ans, à la tête d’un gouvernement qui sera en permanence à la merci des extrêmes de droite et de gauche, le président français a abattu la seule carte qui peut lui permettre de tenir jusqu’au terme de son second mandat, en 2027: celle de l’apaisement.
A lire sur le premier ministre
Le macronisme est mort, car sa promesse de rupture, et d’une autre manière de gouverner, n’a pas été tenue. Depuis sept ans, et non sans raison, Emmanuel Macron a bousculé le pays sur la forme, sans changer vraiment le fond. Ses deux seuls héritages sont l’ancrage européen de sa présidence et le retour d’un pays économiquement attractif pour les investisseurs internationaux. Pour le reste, le clivage droite-gauche n’a pas été surmonté, au contraire. Les déficits publics se sont aggravés. La réforme de l’État a échoué. La dette s’est envolée, aidée, il est vrai, par la pandémie de Covid-19. Ce chef d'État brillant, photogénique, audacieux, que beaucoup d’observateurs internationaux envient et continuent de jalouser, s’est finalement retrouvé le dos au mur, privé de toute perspective de majorité durable par sa dissolution de l’Assemblée nationale, le 9 juin dernier.
Déception assurée à gauche
Et maintenant? La réponse à cette question sera le quotidien de Michel Barnier, Premier ministre de droite, proeuropéen assuré de décevoir tous ceux qui, de la gauche à la droite nationale populiste, réclament plus de pouvoir d’achat, plus de protection sociale et plus de services publics, sans accepter le fait que les caisses sont vides. Barnier n’a pas de programme pour la France. Il a en revanche un style. Il impose le respect par son verbe économe et sa haute taille. Il sait calmer le jeu. Bref, il est le médecin dont le patient, même turbulent et fâché, hésitera à contester les diagnostics et les traitements.
L’hôpital France
Le nouveau chef du gouvernement français vient en fait d’être nommé directeur de l’hôpital France, sans salle d’opération à disposition. Réformer n’est plus le sujet. Il lui faut temporiser, changer les pansements, faire l’inventaire et s’opposer aux charlatans qui dégainent des remèdes faciles. Pour le reste, les déçus seront nombreux. A commencer par les électeurs de gauche, dont l'espérance de changement a buté sur la radicalité de la France insoumise, mais surtout sur l’intransigeance du président et son obsession d’une panique financière. Le Rassemblement national, premier parti du pays, a les moyens de jouer la montre. Seule la droite traditionnelle reprend des couleurs.
La France, devenue beaucoup plus parlementaire que présidentielle, entame sa convalescence post-Macron. Un répit bienvenu. Mais qui n’exclut pas le risque de rechute.