En 1859, le naturaliste britannique Charles Darwin a bouleversé la vision du monde établie jusqu’alors. Avec son ouvrage «L’origine des espèces», il a été l’un des premiers scientifiques à montrer que les êtres vivants, loin d’être immuables, évoluent constamment, et que seules les espèces qui s’adaptent le mieux à leur environnement survivent.
Les conclusions de Darwin étaient fondées sur ses observations des plantes et des animaux. Les virus n’ont été découverts qu’en 1892, alors que Darwin était déjà mort depuis dix ans. Dommage, car ces petites bêtes sont passées maîtres dans l’art particulièrement raffiné de l’adaptation et auraient certainement fasciné le père de la théorie de l’évolution.
Les nouveaux variants effacent les anciens
Si les virus ont de telles capacités d’adaptation, c’est d’abord grâce à leur aptitude à se multiplier rapidement et intensément, tout en se modifiant spontanément. Lorsqu’un virus a trouvé une cellule hôte, il la force à copier son patrimoine génétique pour produire de nouveaux virus. De petites erreurs, les mutations, se glissent régulièrement dans ce processus, créant de jeunes virus légèrement différents de leurs parents. La plupart du temps, les mutations n’ont aucun effet visible. Pourtant, il peut arriver qu’un variant se répande plus facilement ou qu’il soit capable de contourner le système immunitaire de l’hôte. Il bénéficie alors d’un avantage concurrentiel par rapport à ses semblables et s’imposera tôt ou tard.
C’est actuellement ce que nous vivons avec la pandémie de coronavirus. Depuis le début de l’année, de nouveaux virus mutants, mieux adaptés et donc plus agressifs, apparaissent sans cesse, évinçant les anciens variants. Le variant Delta nous tient particulièrement en haleine à l’heure actuelle. Le virus a muté en plusieurs endroits et est maintenant au moins deux fois plus contagieux que le variant Alpha, lui-même déjà beaucoup plus contagieux que le virus original. Mais le mutant Delta est également plus dangereux: il double le risque d’hospitalisation et s’attaque plus violemment aux jeunes.
Le vaccin protège des virus en mutation
Bonne nouvelle: les vaccins actuels semblent également protéger efficacement contre les nouveaux variants de COVID-19 plus agressifs. Les lits de soins intensifs des hôpitaux suisses, presque exclusivement occupés par des patientes et des patients atteints de coronavirus qui ne sont pas vaccinés, en témoignent.
Autre bonne nouvelle: la vaccination contribue également à empêcher la formation de nouveaux mutants potentiellement plus dangereux que le variant Delta. Les personnes vaccinées possèdent un système immunitaire bien entraîné qui repousse immédiatement les coronavirus qui pénètrent dans l’organisme. Chez les personnes non vaccinées, il faut plusieurs jours pour que les mécanismes de défense nécessaires fonctionnent. Les virus profitent de cette période pour se multiplier et muter sans entraves. Pour peu que le nombre de mutations augmente, ce n’est qu’une question de temps avant que des variants toujours plus contagieux ou plus élaborés se jouent de notre système immunitaire.
La pandémie de coronavirus est une course à l’évolution entre le virus et l’être humain. Le vaccin nous donne un avantage décisif. Utilisons-le.