Le 24 novembre, la population suisse votera sur l’élargissement démesuré des autoroutes. Un projet polluant, dépassé et hors de prix. Il peut se résumer ainsi: gaspiller 5,3 milliards pour des travaux qui commenceront au mieux dans dix ans, s’achèveront vers 2040 et seront saturés après quelques années de l’aveu même de la Confédération. Cela en ayant détruit au passage 400'000 mètres carrés de terres agricoles et de forêts, et provoqué un déferlement d’innombrables voitures sur les villes, les agglomérations et les villages environnants. Aux dépens de notre sécurité, de notre qualité de vie et de notre santé.
Un tel projet semble insensé, d’autant plus au moment où la Confédération annonce des coupes budgétaires d’au moins 4 milliards ces prochaines années. C’est pourtant bien le projet porté par le conseiller fédéral Albert Rösti, qui est d’ailleurs l’un des principaux artisans de cette saignée dans les dépenses publiques.
Les transports publics dans le viseur
La méthode Rösti? Des milliards pour les autoroutes, moins d’argent pour tous les autres domaines. La cohérence mise au placard. Je pourrai lister ici l’ensemble des domaines dans lesquels le gouvernement helvétique affirme qu’il faut couper: AVS, réduction de primes maladie, soutien aux crèches, coopération au développement, protection du climat, formation, recherche, j’en passe et des meilleurs. La liste fait froid dans le dos.
Concentrons-nous ici sur les transports publics. Leur financement devrait être une des priorités nationales pour desservir de façon fiable l’ensemble du pays, réussir le transfert modal et réduire ainsi l’impact climatique de la mobilité en Suisse. Or les transports publics n’échappent pas au projet de coupes budgétaires du Conseil fédéral. Sans plus attendre, le conseiller fédéral Rösti a d’ailleurs décidé de supprimer les 30 millions prévus, et soutenus par le Parlement, pour développer les lignes de train de nuit vers Rome et Barcelone. Sans ce soutien public, les CFF annoncent devoir renoncer à ces lignes ferroviaires. Ces lignes de train, couplées au développement des trains de jour longue distance, sont pourtant essentielles pour offrir une alternative abordable et écologique à l’avion.
Le lobby autoroutier, ce rouleau compresseur
Le Conseil fédéral prévoit aussi de couper 300 millions dans le soutien aux transports publics. En plus d’être une aberration écologique, c’est un non-sens économique. Si nous voulons mieux desservir les régions périphériques et désengorger durablement nos routes, c’est dans le rail qu’il faut investir davantage. Ce type d’infrastructures autoroutières menace aussi directement le développement indispensable des transports publics. Un seul exemple: la réalisation de la 3ème voie ferroviaire Lausanne-Genève pourrait être menacé par l’élargissement autoroutier prévu entre Nyon et Genève. Cette seule raison suffit à refuser ce projet dépassé et calamiteux pour toute la politique de mobilité de la région valdo-genevoise.
C’est à nous, citoyennes et citoyens, de refuser cette fuite en avant. Face au rouleau compresseur du lobby autoroutier et à ses moyens financiers, seule une forte mobilisation dans les urnes fera la différence. Un refus clair et net le 24 novembre prochain s’impose pour éviter d’avoir de profonds regrets dans quelques années. Non à un projet polluant, dépassé et hors de prix.