Salauds de pauvres! Surtout s’ils sont étudiants. L’Office Cantonal vaudois des Bourses d’Étude (OCBE) est l’un de ces gosses difficiles, attachant peut-être, mais qui fait toutes les conneries possibles dès que ses parents tournent le dos trop longtemps.
Il y a plusieurs années déjà, une pluie d’articles de presse avait mis en lumière les dysfonctionnements de l’OCBE: les bourses d’étude n’arrivaient plus, personne ne répondait aux courriels ou aux appels, certains étudiants étaient contraints d’arrêter leurs études, ou ils les échouaient. Puis Pierre-Yves Maillard, alors conseiller d’État, y avait mis de l’ordre.
Les calculs ne sont pas bons
Les étudiants avaient fini par obtenir dans des délais à peu près humains les bourses auxquelles ils avaient droit (car, contrairement à ce que l’on insinue parfois, il ne s’agit ni d’une bonne grâce, ni d’une aumône, mais bel et bien d’un droit). Seulement, Pierre-Yves Maillard est parti à Berne. Il a été remplacé par Rebecca Ruiz, dans un premier gouvernement dominé par le Parti socialiste.
Puis le gouvernement est passé à droite. Plus de nouvelles, bonne nouvelle… Mais le 28 novembre dernier, le Tribunal cantonal vaudois a reconnu, par suite du recours d’une boursière, que les calculs du montant des bourses manquaient de méthode, et qu’ainsi, il lui était impossible de déterminer si les montants finaux étaient conformes aux exigences de la loi.
Or, ce n’était vraisemblablement pas le cas puisqu’ils se situaient en dessous du Revenu d’insertion (RI), censé être le minimum absolu. La Cour a conclu qu’un doute subsistait quant à la conformité des barèmes des bourses; les explications fournies ne permettant pas d'expliquer cette différence avec ce seuil minimal. Autrement dit: l’OCBE se fout (encore) du monde. On ne voit pas pourquoi le cas de cette jeune femme serait isolé.
Tout continue comme avant
On ne voit pas non plus pourquoi il ne s’est trouvé personne pour commenter le résultat de ce recours… Ou exiger de la clarté, si importante quand on se trouve en situation de précarité. Certes, la pauvreté étudiante est un thème passé de mode depuis la fin de la crise du Covid. Cela n’intéresse plus beaucoup les parlementaires. Le temps des commissions et des interpellations est derrière nous.
Et pourtant, pour les étudiants pauvres, tout continue comme avant, ou presque. Sans volonté politique claire de garantir à tout le monde l’accès aux études supérieure, l’État devient au contraire le gardien des inégalités sociales, qu’il perpétue sciemment. Et on ne voit pas pourquoi la clique de notables PS-PLR au pouvoir y mettrait fin, elle qui ne connait de la précarité que ce qu’elle en voit dans les séries Netflix.