Cela pourrait être le titre accrocheur d’une Fable de La Fontaine, mais ce n’est que l’allégorie d’une représentation dont le lever de rideau pourrait annoncer la fin d’une époque pour les assurés de notre pays.
L’arbre n’est autre que l’incarnation des immenses profits générés par notre système de santé. Système dont personne ne conteste la qualité, mais qui a suscité, au vu du niveau de vie de notre population ces dernières décennies, des offres, et donc des aspirations aux incidences financières fort lucratives.
La branche, vigoureuse et massive, est celles des assurances-maladie complémentaires. Celles que l’on nous a vendues lorsque nous étions bien portants, et souvent encore jeunes, en nous garantissant qu’elles nous ouvriraient, quoi qu’il arrive, si la santé nous abandonnait, les portes du libre choix du médecin et de l’hôpital de proximité le mieux à même de répondre à nos besoins.
L’assureur n’est autre que cet interlocuteur souriant et rassurant, qui, dans un passé souvent lointain, après nous avoir convaincus que nous avions résolument fait le bon choix en changeant d’assurance de base, avait ajouté qu’il nous fallait améliorer notre couverture par une complémentaire dont les prestations nous garantiraient le meilleur en toute circonstance.
La scie, en réalité une tronçonneuse, c’est la politique mise en œuvre depuis quelques mois par certains assureurs-maladie complémentaires. Ceux-ci exigent en effet que les cliniques auprès desquelles leurs assurés peuvent jusqu’ici se rendre sans entrave, baissent massivement leurs tarifs, sous menace de les retirer de leur liste, réduisant ainsi, sans contre-prestation aucune, les prestations à leurs assurés.
L'intérêt des actionnaires avant celle des patients
Le prétexte à cette stratégie, qui n’aura pour effet que d’augmenter les dividendes des actionnaires de ces assureurs-maladie, est une prise de position de la FINMA, l’autorité fédérale de surveillance des marchés financiers, dénonçant une prétendue opacité des frais facturés aux assureurs complémentaires s’ajoutant à ceux de l’assurance maladie de base. Or, les primes de ces assureurs privés ont été fixées sur la base des coûts liés à des tarifs librement négociés, qu’ils souhaitent aujourd’hui réduire drastiquement. Et la FINMA est bien silencieuse lorsqu’il s’agit de l’opacité liée à la fixation de ces primes.
Pourtant depuis plus de 10 ans maintenant, les cantons sont obligés de participer financièrement aux coûts d’hospitalisation de patients en privé et semi-privé, réduisant d’autant la charge de leur assureur complémentaire. À cela s’ajoute que de plus en plus d’opérations se réalisent en ambulatoire, avec des patients qui ne passent pas la nuit à l’hôpital, et qui sont donc pris en charge exclusivement par la LAMal. Avons-nous vu une baisse de nos primes d’assurance complémentaire? Poser la question, c'est y répondre.
Avec des primes LAMal qui ne cessent d’augmenter, le poids d’une assurance complémentaire devient insupportable pour un nombre croissant d’assurés. Le fait de pouvoir être désormais opéré en clinique privée, à certaines conditions, sans assurance complémentaire, réduit encore son attractivité. Mais nos assureurs ne trouvent rien de mieux que de réduire la liberté de choix de leurs assurés, qui fut pourtant l’argument phare pour les convaincre de souscrire une telle assurance.
Mais pourquoi donc nos assureurs privés scient-ils la belle branche sur laquelle ils sont assis? Je n’y vois qu’une vision court-termiste de dirigeants, dont l’objectif est de plaire à leurs actionnaires en augmentant encore les bénéfices, sachant qu’ils ne seront de toute façon plus là lorsque la branche cèdera. La chute de la fable, vous l’avez compris, sera celle d’une branche économique qui aurait tant à faire, avec innovation et respect des assurés.