La chronique de Jessica Jaccoud
Pillons les pauvres pour épargner les riches!

Derrière les recommandations du groupe d’expert-e-s mandaté par la Confédération, il y a simplement la volonté de sabrer dans les dépenses sociales, culturelles, de formation, de santé, de recherches et d’écologie. C'en est trop pour notre chroniqueuse Jessica Jaccoud.
Publié: 10.09.2024 à 15:18 heures
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Dernière mise à jour: 20.09.2024 à 10:21 heures
Jessica Jaccoud, conseillère nationale

Le Conseil fédéral vient d’approuver avec entrain les recommandations du groupe d’expert-e-s mandatés afin d’analyser les finances de la Confédération. En pleine crise du pouvoir d’achat, nos sept «Sages» veulent obliger les familles, les séniors, les étudiant-e-s, les communes et j’en passe à sortir encore plus d’argent de leurs propres poches pour se payer une crèche, une retraite, des soins, des études ou encore pour la protection du climat. 

Une méthode à la Javier Milei ou à la Donald Trump

Sur l’autel d’un frein à l’endettement d’une rigidité extrême, la Confédération passe à côté de sa cible. Pas un seul pas vers une meilleure imposition des dividendes. Pas un mot sur l’augmentation de l’imposition des multinationales? Pas de suppression des avantages fiscaux des grosses fortunes. Aucune mesure efficace de lutte contre l’évasion fiscale, ni pour la fin du secret bancaire pour les Suisses et Suissesses?

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«Il faut continuer à chérir nos ultra-riches car ce sont bien eux qui créent de la richesse, non?»
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NON, SURTOUT PAS! Il faut continuer à chérir nos ultra-riches car ce sont bien eux qui créent de la richesse, non? Ce sont les fleurons de notre nation. Ils se sont faits tout seuls, ils ne doivent rien à personne et surtout pas à cet État cupide, suceur de fric, presque communiste (qui a pourtant financé leurs études, le système juridique qui protège leurs droits, les infrastructures qui permettent à leurs employé-e-s de venir travailler et créer cette fameuse valeur, etc). Sans eux que serions-nous? 

Nous, la plèbe, les gueux, une vraie bande d’assisté-e-s! Nous nous passerons avec plaisir de subventions fédérales pour les crèches, des frais d’inscription universitaire accessibles et des logements abordables! Nous pouvons faire avec des retraites qui s’effritent et des soins toujours plus chers. Nous n’avons qu’à payer une TVA plus élevée sur les médicaments pour baisser celle sur leur Ferrari. Nous n’avons pas besoin non plus d’une presse de qualité et diversifiée, au diable la démocratie… Quant à la planète et nos petits-enfants, je suis sûre qu’elles nous pardonneront l’absence de mesures pour la protection du climat et la transition énergétique.

Car oui, derrière les recommandations techniques de ce groupe d’expert-e-s, il y a simplement la volonté de sabrer dans les dépenses sociales, culturelles, de formation, de santé, de recherches, d’écologie, etc. et donc de supprimer des prestations à la population. La cohésion sociale à la poubelle, vive le chacun pour soi!

Arrêtez d’être pauvres!

Les primes vont encore exploser cet automne (+5% youhou!) et le PLR et l’UDC souhaitent augmenter la franchise minimale. On ne peut plus vivre avec l’AVS uniquement, le Conseil fédéral veut financer la 13ᵉ rente en augmentant la TVA… Il y a un cynisme incroyable de la part de la majorité bourgeoise à appliquer la recette simpliste de faire casquer encore plus la population dans une période de crise du pouvoir d’achat sévère. On marche littéralement sur la tête! 

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«La Suisse prend la décision de laisser tomber toute une partie de sa population»
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Aveugle à une réalité qu’ils ne connaissent pas ou qu’ils ne souhaitent pas voir, ces «expert-e-s» et le Conseil fédéral nous font somme toute passer un message assez limpide: «Les pauvres, on ne vous considère même plus! Vous n’aviez qu’à faire les bons choix pour avoir assez d’argent. Débrouillez-vous!»

La Suisse prend la décision de laisser tomber toute une partie de sa population. La cohésion nationale en prend un sacré coup, à peine plus d’un mois après le 1er août. Il est, au contraire, plus que jamais d’actualité de se battre afin de concrétiser le préambule de notre Constitution: «La force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres.»

Jamais nous ne baisserons les bras et cela commence par un budget 2025 qui devra être au service de la multitude et non de quelques privilégiés!

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