L’initiative pour des multinationales responsables repose sur un principe clair: les entreprises basées en Suisse doivent respecter les droits humains et les normes environnementales, partout où elles opèrent. Certains diront que cet objectif est déconnecté de la réalité économique... et pourtant, à y regarder de plus près, les intérêts de notre pays ont tout à gagner.
L'initiative pour des multinationales responsables n'a rien d'une utopie et ne représente en rien une contrainte excessive. Il s'agit au contraire d'une adaptation pragmatique à un contexte mondial en pleine mutation, où la Suisse doit maintenir son savoir-faire et sa réputation aussi.
Investir des millions dans la promotion de notre image et la préservation de la culture suisse à l'étranger, à travers Pro Helvetia ou Présence Suisse, n’a aucun sens si, parallèlement, certaines entreprises suisses dégradent cette vision. Dépenser d’un côté de l’argent public pour défendre nos valeurs tout en tolérant, de l’autre, des abus commis à l’étranger par des acteurs privés, est incohérent.
Préserver l'image de la Suisse
L'initiative pour des multinationales responsables n’a pourtant rien d’extraordinaire. Des lois similaires existent déjà dans plusieurs pays européens. La Suisse, quant à elle, risque de se distinguer négativement en devenant un îlot de non-responsabilité. Une telle situation met en péril la réputation de notre pays, reconnue pourtant aussi pour son excellence et son intégrité. Selon l’indice «Made-in-country», la marque Suisse figure parmi les mieux considérées au monde, et est synonyme de qualité et de fiabilité. Mais cette image est ternie si nos entreprises continuent d’être associées à des violations flagrantes des droits humains ou à des destructions environnementales.
Prenons un exemple inversé: si une entreprise chinoise exploitait une ressource dans nos Alpes sans respecter nos standards environnementaux ou sociaux, cela serait jugé inacceptable. Pourtant, c’est exactement ce que certaines multinationales suisses se permettent de faire à l’étranger, faute de cadre légal contraignant. Tant que nous bénéficions des avantages de la globalisation, nous fermons les yeux. Mais face à la montée en puissance de certains acteurs internationaux, combien de temps pourrons-nous nous permettre cette complaisance, sans nous-mêmes en subir les conséquences?
Par ailleurs, cette initiative est aussi une question d’équité économique. Aujourd’hui, les entreprises qui respectent déjà des normes élevées se retrouvent parfois désavantagées face à des acteurs bien moins scrupuleux. Des règles claires et appliquées à toutes et tous garantiraient une concurrence loyale, tout en renforçant la crédibilité de la Suisse sur la scène internationale.
Adopter cette initiative, c’est promouvoir des pratiques commerciales dont nous pourrons être fier·ères, protéger la réputation de notre pays et préserver notre savoir-faire, tout en conciliant valeurs humanistes et intérêts économiques. Une Suisse responsable est une Suisse forte éthiquement.