Le changement d’horaire en Suisse romande présente une amélioration avec 15% de trains en plus, mais il génère aussi un allongement de presque tous les trajets. La Suisse romande semble faire les frais d’une pondération, d’un manque d’anticipation, comme si elle ne pouvait pas bénéficier à la fois de trajets plus rapides et d’une capacité accrue.
Renens, désormais «hub ferroviaire du bassin lémanique» par les CFF, incarne à elle toute seule la situation actuelle. Si cette ville, 48e de Suisse, gagne en importance dans le réseau, de nombreux pendulaires paient en revanche le prix fort: des correspondances plus fréquentes et des trajets rallongés qui compliquent leur quotidien. L’axe Genève-Lausanne, central pour la mobilité en Suisse romande, et en Suisse tout court, perd un train en journée, et les promesses d’amélioration se font attendre.
Ces changements, liés à des chantiers de modernisation, devaient simplifier la vie des usagers·ères. Mais pour l’instant, ils génèrent frustration et, on le comprend bien, insatisfaction. Ce retard chronique de notre région – infrastructures obsolètes, projets retardés – contraste avec les avancées concrètes ailleurs, notamment en Suisse alémanique, en particulier dans la région de Zurich.
L'arc lémanique, parent pauvre de la stratégie des CFF
Les CFF sont considérés comme l’une des meilleures compagnies de train en Europe et dans le monde. Et il faut le dire avec raison. Mais cela ne doit pas nous empêcher d’être exigeant·es et ambitieux pour l’avenir.
Le deuxième pôle économique de Suisse, dans un des pays les plus riches au monde, semble abandonné à des horizons temporels plus qu’improbables: une nouvelle ligne Genève-Lausanne? 2050! Les rénovations des gares de Lausanne et Genève? 2040! Améliorations des liaisons internationales? Les discussions sont en cours mais pas encore de calendrier. Cette liste illustre un manque de perspectives. Les liaisons internes à la Romandie sont souvent saturées, celles vers l’international lentes (2h pour Genève-Lyon!), et les trajets entre la Suisse romande et alémanique sont parmi les plus longs de tout le plateau suisse.
Nous avons besoin aujourd’hui de garantie pour le rétablissement et l’amélioration rapide de cette interruption de la ligne directe du Pied-du-Jura! Nous avons aussi besoin de garanties pour pérenniser les 6 paires de trains aux heures de pointe entre Genève et Neuchâtel et les développer au fil des mises en service de nouvelles infrastructures. Nous avons besoin de garanties pour renforcer les lignes nationales, soit les liaisons ferroviaires entre la Suisse alémanique et la Suisse romande. La situation la plus critique reste la capacité sur l’axe Genève-Lausanne avec un train en moins annoncé dans ce nouvel horaire alors que le projet de redondance, soit un nouveau tracé entre les deux villes, n’est même pas encore inscrit dans le calendrier de la Confédération.
Face à des trajets allongés, face à la diminution des liaisons directes, face au manque de capacités pour maintenir et développer l’offre actuelle, parlons d’une seule voix pour revendiquer dans le prochain message du Conseil fédéral portant sur les prochains projets ferroviaires, des études concrètes pour une redondance entre Genève et Lausanne et l’engagement d’un rétablissement des liaisons directes de Genève pour Zurich et Bâle via le pied du Jura.