La chronique de Céline Amaudruz
En Suisse, il n'y a pas d’organe financier apte à assumer la responsabilité du fonds AVS

Le fonds AVS est désormais géré par la banque américaine State Street. Une hérésie, selon notre chroniqueuse Céline Amaudruz. La conseillère nationale UDC regrette qu'aucune institution suisse ne puisse prendre cette responsabilité.
Publié: 11.07.2024 à 13:23 heures
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Dernière mise à jour: 11.07.2024 à 13:48 heures
Pour notre chroniqueuse Céline Amaudruz, il est regrettable qu'aucun établissement financier suisse ne puisse gérer le fonds AVS.
Photo: DUKAS
Céline Amaudruz, conseillère nationale UDC

La nouvelle est sortie il y a une bonne semaine. Le fonds AVS est désormais géré par la banque américaine State Street. Compenswiss, l’organe chargé par le Conseil fédéral de veiller à la bonne gestion de notre prévoyance, a tranché. Les Américains sont plus compétents et moins gourmands qu’UBS, la banque titulaire depuis fort longtemps. Mais doit-on se contenter de la seule logique économique dans ce genre de domaine?

Entre les lignes, voici ce que la décision de Compenswiss fait savoir au reste du monde. Le pays des banques n’a pas suffisamment confiance dans ses propres établissements pour assurer la gestion du fonds AVS. On parle ici des économies de celles et ceux qui travaillent, respectivement qui ont travaillé, accumulées pour assurer un futur digne au terme de la vie professionnelle. Pour un pays qui se présente comme expert dans la gestion de fortunes, le message est plutôt mauvais. Comment assurer le client potentiel que notre savoir-faire garantit une saine gestion de son argent quand nous confions notre propre bien à une banque étrangère?

Un manque total de vision politique

On imagine volontiers que le Conseil fédéral a choisi des experts financiers pour siéger à la tête de Compenswiss mais cela n’exonère pas ces personnes de toute réflexion politique. La banque et les assurances représentent 9% de notre produit intérieur brut. Cette quote-part mérite certains égards. On ne peut que déplorer qu’aucune réflexion sous cet angle n’ait été menée par Compenswiss. Il semble que les dirigeants aient vite oublié par qui ils ont été nommés.

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«Les Etats-Unis ne sont pas nos amis, ce sont nos concurrents»
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Le fait de lancer un appel d’offres après de nombreuses années de gestion par UBS est en soi une excellente idée, mais faire appel à l’étranger, c’est désavouer de manière cinglante nos propres compétences. À l’inverse, c’est faire une pub inespérée pour State Street qui peut maintenant signaler que ses qualités sont telles que même la Suisse l’a choisie pour gérer sa prévoyance sociale. 

Utiliser notre argent à nos dépens

Les Etats-Unis ne sont pas nos amis, ce sont nos concurrents. Ils ont exigé la fin du secret bancaire suisse, mais se sont bien gardés de l’abolir au Delaware ou dans le Dakota du Sud. Grâce à Compenswiss, nous leur octroyons un avantage majeur dans la lutte bancaire qu’ils mènent à notre encontre.

La gestion lointaine qui a été décidée pose la question de savoir ce qu’il adviendrait de notre argent en cas de changement de lois aux Etats-Unis. On nous rassure, UBS a été choisie comme banque sous-dépositaire. Cela signifie que les 40 milliards concernés restent techniquement à la même place. Dont acte. Cela peut changer. Ce qui est sûr, c’est que le pactole ne travaillera pas dans l’intérêt de l’économie suisse. C’est regrettable.

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