«Ils votent quand même comme des cons ces suisses-allemands!», «Ah mais en fait c’est pas bon le vin chaud»: il y a des phrases qu’on ne prononce que deux fois par année. «Et si on allait à Montreux?» en fait partie.
Le Montreux Jazz Festival (MJF) bat son plein, sans vraiment l’être tout le temps puisqu’on peut encore acheter des billets. Enfin, on peut… En théorie. En pratique, ça dépend de vos finances. Si le commun des mortels subit l’inflation depuis deux ans, le Montreux Jazz Festival semble l’avoir anticipée depuis 20 ans.
Cela dit, il y avait plus de 500 concerts gratuits, donc ne faisons pas les fines bouches. Et au pire, on peut forcer les barrières. Ou alors faisons comme tout le monde et allons au Montreux Jazz juste pour bouffer et picoler. La preuve, c’est qu’on passe une bonne partie de sa soirée à déambuler lentement sur les quais, comme pendant le marché de Noël.
Ce qui s’explique facilement, tant la ville de Montreux semble avoir été construite pour des Russes qui viennent se faire lifter en Porsche. Après avoir arrêté de programmer uniquement du jazz, on attend avec impatience que le festival trouve un endroit plus sympa que Montreux. Mais, point positif avec cette déambulation le long des quais: on arrive à attraper des bribes de conversations.
Vous l’avez compris, le Montreux Jazz n’a jamais vraiment été ma came. Déjà… Bon, ben c’est pas à Lausanne. Et puis, à choisir entre les deux grands festivals romands, je crois que je préfère le Paléo. Le petit frère qui joue dans la boue et qui a parfaitement compris que – pour les gens comme moi – les festivals ont un point commun avec les pornos: on s’y intéresse rarement pour la musique.
Le MJF, c’est le grand frère un peu hautain, qui connaît un «guitariste hongrois et manouche, qui a sorti un EP dont la pochette est en fait un totebag». Le grand frère qui ouvre un Montreux Jazz Café à l’aéroport de Genève, sans que l’on comprenne bien le lien avec son festival, à part le verre de vin à 9 balles. Et le grand frère qui fait des erreurs de plus grand, comme en 2022, quand il a décidé de se lancer dans NFT (qui, rappelons-le, sont l’équivalent numérique des tatouages tribaux).
Mais je me suis fait violence et j’ai décidé de foutre les pieds à Montreux cette année. Pour mourir moins con (et moins pauvre, puisque Blick me paie en échange). Vite un verre. J’opte pour le deck d’une marque qui profite, pendant les festivals de l’été, d’être autre chose qu’une entreprise chiante.
Ce qui crée un vrai décalage de communication qui consiste à aller au deck de la Vaudoise Assurances, mais pour se faire servir un verre de «chasselasse» (avec l’accent français).
Au bar, je vois qu’on peut demander Angela. C’est le nom de code si l’on se sent menacé (toujours important de le rappeler, surtout si des mecs toxiques nous lisent: partez en courant quand votre date commande ça). Un coca zéro en cannette tiède à 5 balles plus tard, j’aurais dû demander Angela pour sauver ma PostCard.
Pour ce qui est de mon intégrité physique: ça va. Il n’y a pas trop de monde. Un peu parce que c’est encore tôt. Et beaucoup parce qu’après deux concerts à Zurich, les Swifties romandes sont certainement encore occupées à se toucher devant leurs stories du concert de Tay-Tay✨. Bon courage au moment d’enlever toutes ces paillettes de vos sous-vêtements, tout en reprenant le cours d’une vie normale où les traumas émotionnels ne génèrent pas des millions d’albums vendus, mais juste des frais de psy, difficilement remboursés par la Lamal.
Je passe devant le stand Bonne Maman. Comme pour la Vaudoise, la publicité est mensongère. L’hôtesse n’est ni bonne, ni maman. Mais peut-être que c’est là qu’ils font des… jam sessions (Jingle. Rires. Standing ovation. Venez voir mon spectacle: des aliments et des jeux de mots bilingues.)
Je finis par échouer à La Station. Parce qu’on peut y commander et payer sa bière directement depuis son téléphone et se faire servir sans avoir à lever son cul ou parler à quelqu’un. Pendant que tout le monde bave sur Chat GPT, on oublie un peu vite les bénéfices du QR Code. Comme quoi, entre ça et l’identification de nos potes complotistes, le Covid n’aura pas servi à rien.
Rien que pour ça, l’expérience MJF est réussie. Même si – point négatif – il a fallu prendre un k-way («Non mais parce que cette année, l’été il commence jamais vraiment» comme le dit si bien ma coiffeuse). Est-ce injuste de blâmer les organisateurs pour la météo? Non, pas tant que les Valaisans s’attribueront les mérites d’avoir du soleil.
En hommage à une jam session de jazz conceptuel, cet article est trop long. Donc si vous voulez savoir comment étaient les concerts, allez lire les rubriques cultûûre des médias qui parlent sérieusement de Jââzz.
Ou alors attendez le retour des chroniques de Paléo!
Rendez-vous le 24 juillet.