Commentaire
Et si on s’occupait (un peu) de nos gamins

Les écoles romandes tirent la sonnette d'alarme. Des enfants en bas âge sont scotchés devant Squid Game, la série ultra-violente de Netflix. Et ça dérape. Peut-être que nous, les parents, devrions un peu moins compter sur les profs pour éduquer nos enfants.
Publié: 13.10.2021 à 16:24 heures
|
Dernière mise à jour: 14.10.2021 à 17:06 heures
Blick_Michel_Jeanneret.png
Michel JeanneretRédacteur en chef

Savez-vous ce que regarde votre enfant, planté dans le canapé, votre portable vissé entre ses mains? Lui avez-vous demandé ce qu’il a fait avec ses copains chez qui il a passé son mercredi après-midi? Malheureusement, une grande partie d’entre vous, si elle est honnête, me répondra «non». Ou au minimum «pas vraiment», parce que même si c’est vrai, c’est quand même un chouïa embarrassant de l’admettre: on ne s’occupe pas de nos gamins.

C’est un fait et c’est le mal du siècle: nos sociétés occidentales épuisées par le smartphone qu’elles se sont fait greffer à la place du cerveau n’éduquent plus vraiment la «prunelle de leurs yeux», ces derniers étant braqués autre part. Ou alors elles le font à la sauvette, dans un grognement, entre deux séries télé. Je vous entends soupirer face à ce discours de «vieux con». Mais les séries télé, justement, nous apportent une éclatante et misérable démonstration de ce qui précède.

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

Squid Game. A moins que vous vous soyez retiré dans une grotte pour entreprendre une «digital detox», vous avez entendu parler de cette série coréenne diffusée par Netflix. Ultra-violente. Réservée aux plus de 16 ans. Consommée en masse par des gamins qui en ont 8.

Tant et si bien que les écoles sont en émoi. Parce que, voyez-vous, tout cela a des conséquences. Les synapses de votre enfant innocemment planté dans le canapé étaient en train d’échafauder une version trash de «1-2-3 soleil», à mettre en pratique le lendemain au moment de la pause tartine (qu’on pourrait rebaptiser «pause bonbons», et c’est un peu la même histoire).

Les maîtresses et les maîtres tirent donc la sonnette d’alarme et il faudrait que celle-ci résonne dans nos têtes. Car soyons lucides: ce sont elles, ce sont eux qui, désormais, sont au rendez-vous de l’éducation des enfants, là où les parents sont aux abonnés absents.

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

Cette démission parentale n’est pas le fruit d’une volonté consciente. Elle est engendrée par une société qui a évolué à une vitesse inouïe ces deux dernières décennies, faisant de nous des êtres déracinés. Déboussolés. Dépassés. Les parents ont grandi avec l’idée que leurs enfants devaient faire leurs expériences. Que passé un certain âge, les faire gagner en autonomie leur permettait de s’élever. Mais qui a vraiment compris que se retrouver seul dans sa chambre avec des Playmobil ou devant YouTube, le média préféré des petits, n’avait pas tout à fait la même implication?

A l’heure où deux tiers des enfants de 10 à 11 ans et quatre cinquième des 12-13 ans possèdent un téléphone portable, il nous faut un peu lâcher le nôtre. Sortir de notre torpeur, accepter d’être un peu moins centrés sur nous-même et commencer par poser cette question toute simple à nos gamins: «Tu fais quoi?». Le reste suivra.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la