Si les Vert-e-s suisses voulaient montrer qu’ils n’ont pas les épaules pour devenir un parti gouvernemental, ils n’auraient pas fait autrement. À Berne, certaines de ses figures de proue ont plongé tête baissée dans le piège tendu par Greenpeace, qui a imprimé et distribué ce mardi des milliers de fausses éditions de «20 minutes».
Les activistes l’ont même directement — et sournoisement — fait dans les caissettes lausannoises et zurichoises du quotidien gratuit édité par Tamedia, qui portera l'affaire en justice. Croyez-le ou non, ces arrangements avec la loi ne posent visiblement aucun problème au parti écolo. Ce dernier salue même sur les réseaux sociaux un feuillet électoral «drôle et sérieux».
Les plus cyniques diront que, jusque-là, il n’y a rien de bien surprenant. Malgré une gêne palpable, les Vert-e-s, quand il s’agit d’environnement, ont toujours eu du mal à se distancier des individus qui s’autorisent à enfreindre le droit au nom de l’urgence climatique. Mais, cette fois, le cas qui nous intéresse va beaucoup plus loin qu’une poignée de gugusses se collant plus ou moins sérieusement la main sur le bitume pour bloquer un bref instant la circulation.
Tromper n'est pas porteur
D’abord, comme l’a exprimé l’humoriste Thomas Wiesel qui apparaît en une du journal litigieux, mais qui s’en distancie même s’il dit soutenir la cause, le modus operandi brouille les pistes. En pastichant un média bien connu pour duper les lectrices et les lecteurs, l’ONG «renforce la méfiance envers l'information» dans une période où celle-ci est déjà mise à mal.
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Mais le pire tient probablement au fait que choisir la tromperie pour promouvoir un discours important et des faits réels est une très mauvaise idée. Quel crédit accorder au fond quand la forme a été pensée pour vous abuser? L’explorateur Bertrand Piccard nous confie ce mercredi que, selon lui, désobéir ne fera pas gagner la bataille du climat. Tromper les gens encore moins.
Un conseil, maintenant. La formation du Zurichois Balthasar Glättli, qui avait fait la morale à tout le monde sur l’utilisation fallacieuse de l’IA par certains adversaires politiques, devrait faire marcher son cerveau si elle souhaite vraiment accéder au Conseil fédéral.
Nous sommes à l’aube des élections fédérales. Les Vert-e-s n’auront plus beaucoup d’occasions de montrer à la population qu’ils respectent encore un peu plus les institutions que celles et ceux qui choisissent délibérément de s’asseoir dessus pour mener leurs combats.