C’est un résultat implacable. La population suisse a accepté la loi Climat avec 59% de oui. Deux constats s’imposent. Le premier: l’écologie séduit quand elle n’est pas punitive. Le succès de ce dimanche, qui intervient deux ans après le raté de la loi CO2, le démontre. Le second? Les fake news de l’Union démocratique du centre (UDC) ne fonctionnent plus.
Le plus grand parti de Suisse était le seul opposé au texte – qui prévoit de réduire les émissions de gaz à effet de serre du pays à zéro d’ici à 2050 – et avait mis toute sa mauvaise foi dans sa campagne, où la vérité n’avait qu’un rôle secondaire.
Souvenez-vous. À en croire la formation conservatrice, la loi Climat entraînerait des scénarios anxiogènes et catastrophiques: pénuries d’électricité, explosion des coûts, restrictions alimentaires… Blick, Heidi.news et d’autres s’étaient employés à débunker avec sérieux et rigueur ces assertions mensongères.
Le peuple a résisté aux mensonges
À ces inexactitudes malheureusement classiques en politique, d’autres procédés bien plus pernicieux s’étaient invités dans le débat. À l’instar de l’avalanche de tous-ménages carrément anti-science envoyés il y a quelques semaines par un organisme proche de l’UDC. Cependant, la population ne s'est pas laissé berner.
Une excellente nouvelle pour la démocratie, mais un très mauvais signal pour les troupes menées à la baguette par le charismatique tessinois Marco Chiesa. Le peuple est plus intelligent que ce qu'elles avaient imaginé. Les outrances du passé, ces épouvantails grossiers agités par des élus sans scrupules, ne créent plus de majorité. Pire: ces écrans de fumée pourraient même finir par lasser.
Les faits, rien que les faits
Attention toutefois: ce risque ne ferait les affaires de personne s'il se réalisait. Que l'on soit pour ou contre l'UDC. C'est un peu la morale de la fable d'Esope et de son petit garçon gardien de moutons. À force d'entendre et de réentendre une voix de crécelle tirer la sonnette d'alarme concernant un danger qui n'existe pas, on finit immanquablement et collectivement par en payer les conséquences lorsque la menace, devenue inaudible, se concrétise.
Alors, croira-t-on encore l'UDC (ou n'importe quel autre parti) quand elle hurlera au loup, la fois où le prédateur esquissera vraiment un sourire acéré et affamé face à une population endormie par des discours trompeurs? À la grande famille bourgeoise, aujourd'hui, de tout faire pour que le troupeau helvétique ne finisse pas dévoré dans l'indifférence générale. En cette année d'élections fédérales, cela commence par revenir rapidement du côté des faits.