Synthèse du 4ème jour de Guerre en Ukraine
Pourparlers en suspens, haro mondial sur la menace nucléaire de Poutine

La mise en alerte par Vladimir Poutine des forces de dissuasion nucléaire de son pays a suscité dimanche un haro mondial et jusqu'à la promesse de l'UE de fournir des avions de chasse à l'Ukraine, qui résiste avec acharnement au quatrième jour d'une invasion russe.
Publié: 28.02.2022 à 00:26 heures
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Dernière mise à jour: 28.02.2022 à 00:34 heures

La mise en alerte par Vladimir Poutine des forces de dissuasion nucléaire de son pays a suscité dimanche un haro mondial et jusqu'à la promesse de l'UE de fournir des avions de chasse à l'Ukraine, qui résiste avec acharnement au quatrième jour d'une invasion russe.

La deuxième ville du pays sous contrôle ukrainien

Après des combats intenses notamment à Kharkiv (1,4 million d'habitants), deuxième ville d'Ukraine dans le nord-est du pays, dont les forces ukrainiennes ont déclaré avoir repris le contrôle dimanche après l'entrée de blindés russes dans la nuit, l'espoir fragile d'une trêve était né après l'annonce de pourparlers russo-ukrainiens à la frontière bélarusse.

Mais Vladimir Poutine, dont les forces se sont heurtées depuis jeudi à la résistance des Ukrainiens et à la mobilisation des Occidentaux, a ordonné dans une réunion filmée avec son ministre de la Défense Sergueï Choïgou de «mettre les forces de dissuasion de l'armée russe en régime spécial d'alerte», ce qui concerne les forces nucléaires, invoquant «les déclarations belliqueuses de l'Otan» et les sanctions «illégitimes» imposées à la Russie.

L'UE et les Etats-Unis montrent les dents, la Suisse hésite

Les Etats-Unis ont aussitôt dénoncé une escalade «inacceptable», accusant Vladimir Poutine de «fabriquer des menaces qui n'existent pas afin de justifier la poursuite d'une agression». Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a dénoncé une attitude «irresponsable» de Moscou.

La ministre allemande de la Défense Christine Lambrecht a accusé le chef de l'Etat russe d'avoir «franchi un cap supplémentaire» parce que «l'invasion rapide de l'Ukraine a été stoppée par des actions courageuses et déterminées de l'Ukraine».

«Ce qui se passe vraiment, c'est qu'ils se défendent peut-être avec plus d'effet, plus de résistance, que ce que s'imaginait le Kremlin», a abondé le Premier ministre britannique Boris Johnson.

En réponse, les pays du G7 ont intimé dimanche soir à la Russie de «mettre un terme immédiatement aux attaques contre l'Ukraine», la menaçant de nouvelles sanctions après celles, déjà considérables, qui ont été adoptées cette semaine.

L'UE a annoncé dimanche fermer l'ensemble de son espace aérien aux avions russes, débloquer 450 millions d'euros pour financer des livraisons d'armes à l'Ukraine, et banir les médias russes RT et Sputnik et leurs «mensonges».

Quant à la Suisse, son président Ignazio Cassis a déclaré dimanche «probable» qu'elle décide de geler à son tour les milliards d'avoirs russes qu'elle détient.

Les pourparlers toujours en suspend

Mais aussi, évolution considérable et source potentielle d'escalade avec Moscou qui a menacé tout pays venant en aide à l'Ukraine, l'UE a annoncé dimanche soir avoir l'intention de fournir des avions de combat aux forces ukrainiennes.

«Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a dit avoir besoin d'avions que les Ukrainiens peuvent piloter. Certains états membre disposent de ce genre d'avions et nous allons les fournir avec d'autres armements nécessaires à une guerre», a déclaré le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell à l'issue d'une réunion en visio-conférence avec les ministres des Affaires étrangères de l'UE.

Concernant les hypothétiques pourparlers, la présidence ukrainienne n'en a pas précisé la date, la Russie affirmant initialement qu'ils auraient lieu dès dimanche.

Selon Kiev, la rencontre devait avoir lieu à la frontière ukraino-bélarusse, «dans la région de la rivière Pripiat», près de Tchernobyl. Moscou a évoqué la région de Gomel, de l'autre côté de la frontière du Bélarus, pays qui sert de base arrière pour ses militaires. Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a cependant averti que son pays ne «capitulera pas».

«Je ne crois pas trop à un résultat», mais «il faut qu'on essaie», a déclaré le président Volodymyr Zelensky dans une vidéo. Sur le terrain, le flot de réfugiés fuyant l'Ukraine enfle. Depuis jeudi, quelque 368.000 réfugiés ont fui vers les pays voisins et leur nombre «continue à augmenter», a annoncé le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés.

L'UE s'attend à plus de 7 millions de personnes déplacées

«Vassylkiv, Kiev, Cherniguiv, Soumi, Kharkiv et beaucoup d'autres villes vivent dans des conditions qu'on n'avait pas vues sur nos terres (...) depuis la Seconde guerre mondiale», a déclaré de son côté dimanche le président ukrainien Zelensky, accusant la Russie de considérer les zones habitées «comme une cible légitime».

L'Ukraine a fait état de quelque 200 civils tués et de dizaines de militaires morts au combat, selon l'AFP. Néanmoins, le média ukrainien «Kyiv Independent» fait état, dans la nuit de dimanche à lundi, de plus de 300 morts civils et militaires confondus.

L'ONU recensait samedi au moins 64 morts parmi les civils et des centaines de milliers de personnes sans eau ou électricité.

Selon l'état-major ukrainien, l'armée russe «n'a pas atteint» son «principal objectif (qui) est de verrouiller Kiev» et a recours «au sabotage» avec «des groupes de reconnaissance qui détruisent l'infrastructure civile». A Kiev, sous couvre-feu jusqu'à lundi 08H00 (06H00 GMT), la journée a été calme après des affrontements durant la nuit «avec des groupes subversifs» selon le bureau du maire.

Plus de 4'300 pertes du côté russe selon l'Ukraine

De son côté, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir encerclé deux grandes villes du Sud, Kherson et Berdiansk, qui comptent respectivement 290'000 et 110'000 habitants.

Il revendique également des gains territoriaux pour les séparatistes prorusses dans l'Est, soutenus par l'armée russe.

L'armée russe a pour la première fois dimanche reconnu des pertes humaines, sans les chiffrer. L'Ukraine affirme que plus de 4300 soldats russes ont été tués.

Kiev accuse par ailleurs la Russie devant la Cour internationale de justice (CIJ) de planifier un génocide en Ukraine, a annoncé dimanche la Cour, organe judiciaire principal des Nations unies.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté dimanche, à la demande des Occidentaux, une résolution convoquant lundi «en session extraordinaire d'urgence» l'Assemblée générale des Nations unies pour que ses 193 membres se prononcent sur l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

L'Occident bloque la Banque centrale russe et ferme son ciel

Face à la violence de l'invasion russe, l'Union européenne a confirmé dimanche qu'elle s'était entendue avec les puissances du G7 pour bloquer les transactions de la Banque centrale russe.

Quand à l'éviction de banques russes du système international de messagerie interbancaire Swift, rouage essentiel de la finance mondiale, annoncée samedi, le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell a annoncé que l'UE «continuera à y travailler» avec ses partenaires dans le monde.

M. Zelensky a salué la formation d'une «coalition anti-guerre» internationale pour soutenir l'Ukraine et appelé les étrangers à venir se battre «contre les criminels de guerre russes» dans une «Légion internationale» en formation.

Premier pays à réagir à cet appel, le Danemark a dit ne pas y voir d'"obstacle juridique». «C'est un choix que tout un chacun peut faire», a déclaré la Première ministre Mette Frederiksen.

Bruxelles va proposer d'utiliser une ligne de financement d'urgence de l'UE «pour fournir aux forces ukrainiennes des armes létales, ainsi que du carburant, des équipements de protection et des fournitures médicales», a dit le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

L'UE va également fermer son espace aérien à tous les avions russes, y compris les «jets privés des oligarques», a annoncé dimanche la présidente de la Commission Ursula von der Leyen. Le Canada a pris la même décision. Le russe Aeroflot a en conséquence annoncé annuler tous ses vols vers l'Europe.

Les manifestations anti-guerre se multiplient en Russie aussi

Les manifestations contre l'invasion de l'Ukraine gagnent du terrain en Russie. Au troisième jour de l'offensive, samedi 26 février, les forces de sécurité russes avaient arrêtés plus de 3000 personnes dans le pays selon l'ONG OVD-INFO, écrit «Euronews».

Dimanche, ce chiffre serait monté à 4000 au total depuis le début de la guerre. La police russe a arrêté plus de 900 personnes qui participaient dimanche à des manifestations contre la guerre en Ukraine dans 44 villes de Russie.

Les médias russes bannis, le monde sportif ému

Bruxelles va aussi interdire dans l'UE les médias d'Etat russes en langues étrangères RT et Sputnik, qui «ne pourront plus diffuser leurs mensonges pour justifier la guerre de Poutine et semer la division dans notre Union», a déclaré Mme von der Leyen.

Enfin l'UE va prendre de nouvelles sanctions contre le Bélarus en interdisant les exportations des «plus importants secteurs économiques» du régime de Minsk, «complice» de l'invasion russe.

Première décision frappant le secteur pétrolier, la major britannique BP a annoncé dimanche sortir du capital du géant russe Rosneft dont elle détient une participation de 19,75%, malgré la perte financière importante engendrée.

Le milliardaire russe Mikhaïl Fridman a quant à lui dénoncé la guerre en Ukraine, devenant le premier oligarque russe à s'exprimer contre le conflit, une «tragédie» qui va selon lui «ravager» les deux pays.

«Stoppez la guerre! Stoppez Poutine!»: Au moins 100'000 personnes manifestaient dimanche à Berlin en solidarité avec l'Ukraine, et 70'000 à Prague, 40'000 à Madrid, 15'000 à Amsterdam ou encore 10'000 à Copenhague.

Le monde sportif met aussi la Russie à l'écart. La Fédération internationale de judo a annoncé la «suspension» du statut de président honoraire de M. Poutine.

Les boycotts de la Russie dans le sport se multiplient. La Fédération tchèque de football refusera d'affronter la Russie en vue du Mondial-2022, à l'instar de la Pologne et la Suède, la Fédération française «penche pour une exclusion de la Russie».

(AFP/Daniella Gorbunova)

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