La France et la Suisse ne sont pas seulement des voisins. Pas seulement des partenaires économiques, chacun étant le troisième investisseur étranger chez l’autre. Les deux pays sont des cousins que l’histoire a irrémédiablement liés. C’est cet angle qu’Alain Berset a choisi pour parler de la relation entre les deux pays, lors de l’accueil officiel d’Emmanuel Macron à Berne pour une visite d’État de deux jours.
Symbole: le président français a annoncé que la déclaration de paix perpétuelle de 1516 entre les deux pays intégrera le patrimoine de l’UNESCO. Juste avant, son homologue suisse avait, lui, insisté sur les liens culturels qui unissent les deux pays en citant des artistes helvétiques bien connus en France, comme le cinéaste Jean-Luc Godard, l’acteur Michel Simon, ou les sculpteurs Alberto Giacometti ou Jean Tinguely.
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L'UBS reconnue coupable
Ironie du calendrier, pile au moment où les deux présidents se congratulaient à Berne, la Cour de cassation française confirmait la culpabilité d’UBS, le géant bancaire suisse reconnu coupable de blanchiment de fraude fiscale. L’amende de 1,8 milliard d’euros infligée en appel en 2021 fera l’objet d’un nouveau procès, pour fixer le montant exact des pénalités financières dont devra s’acquitter la banque.
A l’issue de son procès en première instance, celle-ci avait été condamnée à payer 3,7 milliards d’euros d’amende, plus 800 millions de dommages et intérêts. La nouvelle comparution portera donc sur un nouveau montant, en sachant qu’UBS a déjà versé 1,1 milliard d’euros au Trésor public français.
Les mots de Berset
Cousins, parents, membres d’une même famille européenne… Les mots employés par Alain Berset et Emmanuel Macron à Berne ce mercredi 15 novembre ont été à l’unisson de l’accueil reçu par le président français. Celui-ci s’est offert un bain de foule sur la place fédérale à Berne, prenant le temps d’écouter des citoyens lui parler de «solution confédérale» pour le Proche-Orient en crise.
Avec son épouse Brigitte à ses côtés, le locataire de l’Élysée a visiblement apprécié ce moment de calme, une vertu qu’il a ensuite prêtée aux Suisses dans son discours prononcé au Palais fédéral.
Détail amusant et sans surprise pour ce jeune président quadragénaire souvent comparé à Bonaparte, la référence à Napoléon est venue de l’actuel président de la Confédération. Lequel a évoqué la fondation de la République helvétique en 1798, puis l’Acte de Médiation de février 1803 qui permit au canton de Vaud de s’extirper de la férule de Berne.
Macron, moins romantique
Pas seulement des voisins? Emmanuel Macron a toutefois été moins romantique qu’Alain Berset. Moins de références littéraires et artistiques. Plus de chiffres. Et un vibrant «l’Union européenne a besoin de la Suisse».
Il est vrai que de ce côté-ci de la frontière, ce président de la République qui défend de son mieux l’attractivité française pour les multinationales est en terrain favorable: la Confédération fait partie des rares pays européens avec lesquels la France affiche un excédent commercial: trois milliards d’euros en 2022. Déjà 2,8 milliards d’euros d’excédent pour le premier semestre 2023. 210 000 résidents suisses en France. 163 000 résidents français en Suisse. Le «cousinage» entre la Suisse et la France évoqué par Alain Berset est très profitable à Paris. Normal, donc, de s’en féliciter par un après-midi ensoleillé à Berne.