Cet été 2021 a été annoncé comme celui de la libération après une année difficile placée sous le joug de la pandémie. Si cette libération a été repoussée de quelques mois au Royaume-Uni, les voyageurs suisses pouvaient du moins espérer se prélasser sur une plage espagnole ou portugaise.
Pourtant, les récentes explosions de cas dans la station balnéaire de Majorque font craindre le pire. Ce sont surtout des jeunes qui se sont contaminés dans ce haut lieu de la vie nocturne et de l’insouciance, notamment depuis qu’une fête durant laquelle des centaines d’élèves fêtaient leur diplôme s’est transformée en cluster, comme le rapporte le magazine allemand «Der Spiegel».
La teuf malgré la quarantaine
Le voyage estudiantin en question a notamment conduit à la contamination d’au moins 1900 étudiants et accompagnateurs. Placés en quarantaine dans un modeste hôtel de l’île, les étudiants n’en ont cependant pas moins continué à profiter de leur séjour, relate le magazine allemand. En effet, au lieu de rester confinés dans leur chambre, des étudiants ont utilisé des draps de lit pour descendre en rappel jusqu’à l’étage en-dessous et continuer de faire la fête. Leurs exploits ont fait les gros titres, une mauvaise presse dont le secteur touristique se serait bien passé.
Mais cet évènement n’est pas un incident isolé et s’inscrit dans une tendance. Si les chiffres du Covid continuent de baisser depuis avril en Espagne, les chiffres sont de nouveau en hausse depuis la semaine dernière. L’incidence sur sept jours s’élève désormais à environ 70, réveillant des craintes que les Espagnols pensaient derrière eux.
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Les jeunes peuvent contaminer les personnes âgées
L’augmentation des cas pourrait avoir des conséquences dramatiques. Les épidémiologistes craignent que la reprise de l’épidémie, qui touche pour l’instant surtout des jeunes, ne se transmette à des personnes plus âgées, qui n’ont pas encore toutes été entièrement vaccinées. De nombreuses personnes âgées de 60 à 69 ans attendent leur deuxième dose, tandis que les autorités sanitaires espagnoles ont donné la priorité au vaccin d’Astrazeneca, qui est administré tous les trois mois.
Le gouvernement a donc décidé de serrer la vis. Les touristes non vaccinés en provenance du Royaume-Uni, où le variant Delta est en forte augmentation, devront présenter un test PCR avant d’entrer dans le pays. Ceci s’applique également aux voyageurs venant en groupes de 20 personnes ou plus. «Si quelqu’un a l’intention de se rendre aux Baléares pour mal se comporter et mettre en danger la santé des habitants et l’économie des Baléares, il doit rester chez lui», a déclaré Francina Armengol, cheffe du gouvernement régional.
Couvre-feu au Portugal
La situation au Portugal est tout aussi critique. Le nombre de nouvelles infections au coronavirus y a atteint son niveau le plus élevé depuis février. Le gouvernement a réintroduit un couvre-feu dans les villes particulièrement touchées, dont Lisbonne. Les gens devront bientôt travailler à domicile.
Cette détérioration intervient également au pire moment pour l’industrie du tourisme: de nombreux Suisses ont réservé leurs vacances d’été au Portugal parce que le pays a longtemps été considéré comme sûr.
La Suisse n’a toutefois pas classé le Portugal ou l’Espagne comme des zones à haut risque. «Les voyages au Portugal et en Espagne sont donc encore possibles», déclare Milica Vujcic, porte-parole de l’agence de voyage Hotelplan. Pour l’instant, l’entreprise ne ressent pas les effets de la recrudescence de cas sur ses réservations. La tendance serait même à la hausse: «Depuis quelques semaines, nous avons une demande accrue pour les vacances d’été de courte durée.»
Hotelplan maintient la possibilité d’annuler ou de changer les réservations sans frais. En outre, l’agence de voyage indique qu’elle dispose de quelques places disponibles vers d’autres destinations méditerranéennes, «notamment vers les îles grecques et dans le sud de la Turquie.»
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Farniente insouciant en Italie et en France
D’autres pays affichent également une belle insouciance. En Italie, les chiffres ont diminué récemment et si l’état d’urgence est toujours en vigueur, toutes les régions sont classées «zones blanches». Concrètement, cela signifie qu’à part le respect de gestes barrières tels que la distance à respecter et le port d’un masque à l’intérieur, il n’y a pratiquement aucune restriction. Seules les personnes arrivant de Grande-Bretagne doivent être mises en quarantaine pendant cinq jours.
Les compteurs sont également au vert dans le lieu de vacances le plus prisé des Suisses, la France. Les magasins, les restaurants et les musées sont ouverts et le couvre-feu a été levé. La Suisse figure sur la liste dite «verte» en France, de sorte que l’entrée est possible sans aucun problème.
Les choses se présentent également bien en Grèce. Jusqu’à présent, seuls quelques cas du variant Delta y ont été découverts. Les experts craignent toutefois que le nombre de cas non signalés ne soit considérable, car les tests ne sont pratiquement jamais séquencés. Le taux d’incidence en Grèce est actuellement relativement faible. Il ne faut donc pas s’attendre à une propagation rapide du variant Delta.