Au milieu des embouteillages du Vendredi saint, des activistes climatiques se sont collés sur l'A2 près du Gothard. Et la moutarde est montée au nez de nombreuses personnes, automobilistes et politiciens compris.
«Avec leur action stupide, ces terroristes du climat font en sorte que les voitures restent encore plus longtemps dans les bouchons et produisent davantage de pollution. C'est contre-productif», déclare le conseiller national UDC Mike Egger. Il veut maintenant déposer une intervention au Parlement – avec des conséquences drastiques pour les militants du climat.
«Celui qui se colle à la route doit être traité comme un terroriste. Cela signifie une peine de prison», clame Mike Egger. L'élu veut laisser aux juges le soin de décider combien de temps les activistes devraient être incarcérés. «Une amende ne suffit pas», soutient-il.
A noter que ces défenseurs de l'environnement peuvent déjà être condamnés pour contrainte. Dans le pire des cas, ils risquent même théoriquement la prison. Mais dans la pratique, le risque d'être mis derrière les barreaux est très faible. Les responsables d'actions climatiques n'écopent généralement que de petites amendes.
Exigence de la campagne électorale
Pour les partis bourgeois, ces militants sont une aubaine – après tout, les élections auront lieu cet automne. Cette thématique polarisante peut permettre d'attirer l'attention, et de tacler les adversaires politiques.
Mike Egger conteste toutefois l'utilisation de ce type d'événement à des fins politiques. «Les activistes climatiques ne mettent pas seulement en danger leur propre personne, mais aussi les automobilistes en cas d'accident. A cela s'ajoute le préjudice économique, lorsque les axes principaux sont bloqués.»
Les Vert-e-s comprennent
L'UDC n'est pas la seule à s'irriter de ces blocus. «Ce sont des personnes qui restreignent violemment la liberté d'autres personnes», écrit notamment le chef du groupe parlementaire du Centre Philipp Matthias Bregy sur Twitter. Le président de la Jeunesse socialiste Nicola Siegrist trouve lui aussi cette action «stratégiquement erronée».
Le soutien vient en revanche en partie des Vert-e-s. Ils partagent leur objectif sur le fond: protéger le climat. «Je les comprends», déclare ainsi la conseillère nationale des Vert-e-s Katharina Prelicz-Huber. «Pendant la pandémie de Covid-19, on a senti à quel point l'air et l'environnement étaient bons. Maintenant, on reprend comme avant. J'arrive à imaginer que certaines personnes n'acceptent pas cela.»
«Tant qu'à faire, punir ceux qui polluent»
Toutefois, l'élue admet aussi que «ces blocus n'aident évidemment pas la cause pour le moment.» Selon elle, la résistance civile est une voie d'action légitime. «Les activistes ne détruisent rien, mais ils essaient d'attirer l'attention sur le problème. Ils veulent un avenir digne d'être vécu, avec une flore et une faune qui s'épanouissent et ne périssent pas.»
Katharina Prelicz-Huber trouve aussi que la demande de son collègue du Conseil national Mike Egger – c'est-à-dire des peines de prison pour les colleurs de climat – est «absurde».
Son argument: «La résistance civile fait partie du jeu, tant que l'on ne nuit à personne. C'est le cas ici: les voitures sont juste bloquées un peu plus longtemps dans les embouteillages.» Elle renverse la vapeur: «Tant qu'à faire, il faudrait punir ceux qui polluent l'environnement. Ils mettent la santé des gens en danger.»
Il est très peu probable que la demande d'Egger trouve une majorité au Parlement. En dehors de l'UDC, les partis ne devraient pas être séduits. Certes, les militants pour le climat provoquent parfois des problèmes, mais contrairement aux actions terroristes, personne n'est blessé.
