«En classe, j'utilise régulièrement du langage non-verbal, comme des pouces en l'air ou des smileys», explique Christelle Dorsaz, en charge de 6H à l'école primaire de Fully. Pour traduire certaines consignes de mathématiques par exemple, elle recourt parfois à un service de traduction en ligne.
Parmi les 750 élèves du centre scolaire primaire de Fully, treize sont arrivés d'Ukraine. Ils ont été intégrés dans treize classes différentes. Cette répartition est, dans la mesure du possible, la même pour tous les élèves allophones du canton qui privilégie une politique d'immersion. Environ dix heures par semaine, ils bénéficient aussi de cours de soutien supplémentaires pour l'apprentissage du français par petits groupes.
Durant ces heures, il s'agit surtout de s'exprimer, de mettre en pratique la langue de Ramuz via des activités ludiques, détaille Baptiste Grange, en charge du soutien aux élèves ukrainiens au sein du cycle d'orientation de Fully. Il peut y avoir une grande hétérogénéité entre celles et ceux qui se débrouillaient déjà en français ou en anglais avant d'arriver et les autres, poursuit-il. «Le défi, c'est qu'ils puissent tous progresser à leur rythme».
École rodée à l'exercice
L'école valaisanne, qui mise depuis longtemps sur l'intégration par l'immersion, est rodée à l'exercice, souligne le chef du Service de l'enseignement, Jean-Philippe Lonfat. A l'échelle du canton, les élèves allophones représentent en moyenne un peu moins de 3% des élèves (environ 1000) de la scolarité obligatoire. Cette année, avec le conflit en Ukraine et la hausse généralisée des flux migratoire, ce pourcentage atteint plus de 4,5 (1600 élèves).
Tout l'enjeu est là pour le département de la formation: s'assurer que le dispositif soit pragmatique et suffisamment flexible pour que les nouveaux venus puissent s'intégrer en classes, puis dans la société. Mais aussi pour que tous les élèves reçoivent un enseignement de qualité, ajoute Jean-Philippe Lonfat.
Situations au cas par cas
Les situations sont donc analysées au cas par cas, comme dans les établissements intercommunaux de la vallée d'Illiez, à Nendaz ou à Martigny, qui ont été fortement sollicitées dernièrement. «On trouve des solutions sur mesure, selon les contextes locaux», abonde Mireille Fournier, collaboratrice au service de l'enseignement en charge de la scolarisation des élèves ukrainiens.
Depuis l'automne dernier, les enfants peuvent aussi compter sur les services d'une psychologue ukrainienne itinérante, complète Mireille Fournier. Certains des enfants arrivent avec un vécu traumatique lourd à porter et il est important qu'ils puissent être suivis dans leur langue maternelle.
Dans le détail, près de la moitié des 700 élèves ukrainiens fréquentent l'école primaire, environ 20% le cycle d'orientation et le tiers restant les classes d'accueil et d'intégration du Service de la formation professionnelle.
(ATS)