Une étude parue le 8 juillet dans la revue scientifique «Nature» basée sur l'examen de 50'000 cas de personnes atteintes du Covid-19 pourrait changer la donne dans la lutte contre la pandémie. Des chercheurs ont en effet identifié les gènes responsables de la faiblesse des défenses immunitaires face au coronavirus chez des patients gravement malades.
Selon l'étude, treize variants génétiques détermineraient si un patient suivra une évolution légère ou grave de la maladie. D'après les résultats, certains gènes n'augmentent que légèrement la probabilité d'une hospitalisation. D'autres sont associés à un risque très élevé. Des mutations sur les chromosomes 3 et 19 semblent être particulièrement conséquentes.
A lire aussi
Il s'agit de l'une des plus grandes études génétiques jamais réalisée, avec des données provenant de 19 pays européens. Selon les scientifiques, la génétique d'une personne peut donc influencer son risque de contamination et la gravité des symptômes de la maladie.
Tests en cours de développement
Sur la base des résultats de la recherche, des tests prédictifs sont en cours de développement. Ils permettraient d'alerter les gens sur leur vulnérabilité au virus. «Avec l'aide de l'étude génétique, des traitements médicamenteux beaucoup plus ciblés sont possibles», a déclaré Sven Cichon, chef du service de génétique médicale de l'hôpital universitaire de Bâle, aux journaux de CH Media (dont fait partie l'Aargauer Zeitung). «Si quelqu'un a peur de la vaccination et du virus en même temps, un test d'évaluation de risque serait une option à l'avenir.»
Les résultats de l'étude devraient également contribuer à la mise au point de médicaments pour traiter le Covid, alors qu'il n'en existe actuellement pas encore (même si des tests prometteurs sont en cours d'élaboration). Les médicaments utilisés aujourd'hui agissent différemment selon les patients. L'étude estime que ces divergences s'expliqueraient justement par les différences génétiques. Des tests permettraient dès lors de mieux orienter la thérapie des patients en fonction de leurs particularités génétiques.
Premiers tests déjà développés
Un tel test de dépistage des faiblesses génétiques au Covid aurait été mis au point pour la première fois en Inde. Plusieurs entreprises occidentales ont entre-temps lancé leurs propres produits du même type. La société australienne Genetic Technologies propose depuis le mois de juin un test avec pronostic pour l'équivalent d'environ 180 francs.
Ce genre d'examen génétique est déjà utilisé pour un certain nombre de maladies héréditaires, dont le cancer. Les tests évaluant les risques d'être atteint de Covid long pourraient révolutionner le traitement de cette maladie pulmonaire: ils mettraient en évidence les personnes qui sont prioritaires, bien que cette technologie de nouvelle génération soit aussi controversée parmi les experts. Mais il existe de grandes différences génétiques entre les populations et les groupes ethniques du monde entier, ce qui remet également en question la pertinence des gènes dits à risque pour le grand public. Il faudrait attendre que des données exhaustives soient disponibles.
Ces tests génétiques ne sont donc pas une solution miracle dans la lutte contre la pandémie. Mais les médicaments adaptés à chaque patient sont de plus en plus courants. Si les études confirment les résultats de la recherche publiée en juillet, la protection et la prévention des covidés pourront être encore améliorées. (kes)