Sur la ligne mythique des Grisons
Le train le plus long du monde pourrait bientôt être suisse!

En octobre, les Chemins de fer rhétiques tenteront de battre le record sur la spectaculaire ligne entre Preda et Thusis aux Grisons. Blick a assisté à la répétition générale.
Publié: 11.05.2022 à 11:15 heures
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Dernière mise à jour: 11.05.2022 à 11:38 heures
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Le directeur des RhB Renato Fasciati assiste à la répétition générale de la tentative de record du monde sur la ligne de train de l'Albula (GR).
Photo: Siggi Bucher
Beat Michel et Siggi Bucher (Photos)

Il est minuit, dans le tunnel de l’Albula dans les Grisons. Un train de voyageurs des Chemins de fer rhétiques (RhB) se prépare à une descente spectaculaire. Car ce n’est pas un train comme les autres, il fait plus d’un kilomètre de long. Il s’agit de la répétition générale en vue d’une tentative de record du monde qui aura lieu en octobre à l’occasion du 175e anniversaire des chemins de fer suisses. À cette occasion, il y en aura 100 voitures pour une longueur totale de… 1910 mètres. Ce sera le train de voyageurs le plus long au monde.

Le trajet suit la ligne inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, de Preda (GR) à Thusis (GR) en passant par Bergün (GR). Pour l’instant, il n’est pas certain que les Chemins de fer rhétiques parviennent à relever le défi en octobre. La tâche est techniquement très complexe. Aucun risque, même minime, ne doit subsister.

Au milieu de l’équipe d’ingénieurs, d’informaticiens et de techniciens, le directeur des RhB Renato Fasciati, 47 ans, mène la danse. Dans le wagon de tête, la concentration règne, même si l’atmosphère est détendue. Ici, tout le monde se tutoie, Reto inclus. Comme il n’a pas de tâche précise à réaliser ce soir, il peut prendre le temps pour expliquer à Blick les détails de la procédure. «Nous avons beaucoup appris lors des deux premiers essais. Aujourd’hui je suis confiant.»

Un grand coup de pub

Cette tentative de record du monde est très importante pour Renato Fasciati. Il est très enthousiaste: «Toutes les conditions s’alignent. La voie ferroviaire de l’Albula, pièce maîtresse du patrimoine mondial de l’Unesco, est parfaite comme cadre pour ce trajet unique. C’est l’une des lignes ferroviaires les plus spectaculaires du monde. Sur certains tronçons, on pourra voir le train sur plusieurs niveaux à la fois grâce aux tunnels hélicoïdaux. Ce sera un spectacle incroyable.»

Selon le directeur, les retombées de cette coûteuse entreprise seront très positives: «Nous espérons attirer plus de clients grâce à ce coup de pub. En parallèle, la tentative de record du monde nous soudera davantage en tant qu’équipe. Après toute la frustration liée à la pandémie, nous attendons avec impatience cette performance extraordinaire. Faire circuler le plus long train du monde sur cette ligne exigeante est une expérience pionnière pour tous. Et il ne faut pas seulement adapter techniquement les voitures. Les 100 wagons doivent d’abord parvenir au bon endroit depuis tout le canton et, après la tentative, être de retour à temps dans leur zone d’exploitation.»

Des cerfs sur les voies

A 01h30, une secousse traverse le train. «Oups», réagit un technicien entièrement concentré sur son ordinateur portable. «C’était un peu brusque.» Le train de 2336 tonnes se met ensuite en marche tout en douceur. Il sort du tunnel, la voie s’incline légèrement vers le bas. Tout le monde retient son souffle. Les modifications techniques effectuées seront-elles suffisantes? Puis, à nouveau une grande secousse. Un freinage d’urgence. Devant le train, une meute de cerfs traverse la voie. Les 64 wagons s’arrêtent juste à temps. Le test est réussi!

Après un bref contrôle, le train poursuit sa descente en direction de Bergün. C’est à cet endroit qu’il sera possible de vérifier le fonctionnement du logiciel spécialement conçu pour l’occasion. Le freinage est électronique. «Le logiciel plafonne la puissance lors de la manœuvre, sinon nous endommagerions l’infrastructure», explique Peter Klima, le responsable technique des essais et conducteur de locomotive.

Tout fonctionnera comme prévu. Le train, à près de 30 km/h, traversera les tunnels en épingle et les spirales typiques de la ligne. À travers les fenêtres, on aperçoit de temps en temps une autre partie du train à un niveau différent. C’est déroutant. Le train s’arrête deux fois pendant le trajet. L’équipage descend et pour prendre des photos. A 3h30, la tête du train arrive à Thusis. «Nous avons désormais passé tous les tests, annonce le directeur Renato Fasciati en félicitant l’équipage. Nous sommes prêts pour la tentative de record du monde fin octobre.»

(Adaptation par Jessica Chautems)

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