Six mois se sont écoulés, mais la maison de la famille Berger est toujours en chantier. Les fusibles à la cave sont encore pleins de boue, le rez-de-chaussée totalement dévastée. Seule une horloge murale témoigne que quelqu'un a habité un jour ici. «Nous avons eu un arbre au milieu du salon», se souvient Yann Berger. Le père de famille montre du doigt la fenêtre que le tronc massif a défoncée. «C'est un miracle que personne n'ait été blessé!»
Notre reportage en juin
Il y a six mois, ce couple de quadragénaires avec un enfant en bas âge et un nourrisson a craint pour sa vie. «Nous étions sûrs que nous allions y rester», avait témoigné à Blick Yann Berger quelques heures après la catastrophe. D'énormes rochers charriés par les eaux sont venus percuter la maison, tandis que des masses d'eau et de boue ont rempli la cave et le rez-de-chaussée. Les habitants, pris au piège, se sont réfugiés à l'étage. «Nous voyions l'eau monter, c'était effrayant», se souvient le Neuchâtelois. Des amis ont pu les sauver in extremis tandis que les secours se faisaient attendre.
Emménagement pas avant une année
Les Berger vivent actuellement dans un appartement du village. Cette mesure transitoire va durer: la famille devra patienter encore environ une année avant de réintégrer son «vrai» domicile. La faute aux tracasseries administratives: «Il faut beaucoup de temps pour clarifier les choses avec les assurances et établir un budget», explique le malheureux propriétaire, qui a accepté de retourner sur les lieux à l'occasion de la visite de Blick.
Dans la maison, Yann Berger a perdu de nombreux souvenirs. A commencer par ses photos de mariage et sa précieuse collection de vinyles, emportée intégralement par les flots. «Ce ne sont que des choses matérielles», relativise cet homme d'affaires indépendant. Le Cressiacois ne veut pas se plaindre de sa situation. «Nous avons eu beaucoup de chance dans notre malheur et sommes soulagés de vivre dans un pays comme la Suisse, où l'assurance nous aide. Il faut voir l'avenir positivement!»
«Même notre voiture a été remplacée»
Chez les Fuchs, un couple de retraités, le «happy end» a été plus rapide. Il faut dire que Raymond (70 ans) et Yvonne (69 ans) ont été épargnés par la coulée de boue: seuls la cave et le jardin ont été dévastés par Mère Nature. Ce qui n'a pas empêché le septuagénaire, en juin dernier, de confier son désarroi à nos collègues alémaniques. «C'est terrible! Je suis obligé de pleurer. C'est de la folie, ce qui se passe ici», se désolait le Neuchâtelois.
Ses larmes ont séché en même temps que sa cave et son jardin, au point que le bricoleur rayonne aujourd'hui en nous emmenant dans son sous-sol rénové. «C'est mon nouvel atelier!», s'exclame Raymond Fuchs face à sa nouvelle machine à laver. Son jardin, aussi, s'est offert une seconde jeunesse. «Tout s'est déroulé à merveille avec les assurances. Même notre voiture a été remplacée.»
Une énorme solidarité
Les images étaient impressionnantes. Le reflux des eaux a laissé la Renault du couple dans un tas de gravats, enterrée jusqu'à la vitre arrière. «Nous avons réussi à la faire rouler! Mais elle fumait et dégageait une odeur horrible», raconte Raymond Fuchs dans un éclat de rire. Cela ne fait que trois semaines que la route est à nouveau praticable. «On voit de nouveau la lumière au bout du tunnel, image sa femme Yvonne. Ce fut une période très difficile, mais cela a permis de tout remettre à neuf.»
Pour autant, le couple ne veut plus jamais revivre une telle mésaventure. «Nous devons réfléchir à une protection contre ces inondations», estiment les époux Fuchs. Ceux-ci rappellent à qui veut l'entendre la formidable solidarité qui les a submergés autant que les flots. «C'est incroyable le nombre de personnes qui nous ont aidés. C'était vraiment fou!»