Sergei Aschwanden, l’éternel bagarreur, se lance dans un nouveau combat: la course à la présidence de Swiss Olympic, annonce-t-il en exclusivité à Blick et à «L’Illustré», ce mercredi. L’ex-star du judo devra balayer deux puissants concurrents l’ancienne conseillère fédérale Ruth Metzler-Arnold et l’ancien CEO de Swiss-Ski Markus Wolf, pour pouvoir succéder au Zurichois Jürg Stahl le 22 novembre prochain à la tête de cet organisme, qui est à la fois l’association faîtière du sport suisse et le Comité national olympique.
Pas de quoi effrayer le médaillé de bronze aux Jeux Olympiques de Pékin, en 2008. Le quadragénaire, qui préside la fédération suisse de judo et de ju-jitsu, croit en ses chances. Ce député libéral-radical (PLR) au Grand Conseil vaudois, qui dirige l’Association Touristique Porte des Alpes, mise sur son expertise sportive et politique pour séduire.
Et puis ce père de famille comblé, métis et romand, voit en la diversité de ses origines et de son parcours «une richesse à l’image de la société suisse, dans laquelle tout le monde peut s’intégrer». Interview tout en souplesse mais sans aucun tabou.
Sergei Aschwanden, pourquoi vous lancez-vous dans la course à la présidence de Swiss Olympic?
Le sport est toute ma vie. Et ce avec une vision à 360°, moi qui suis actif en tant que sportif d’élite, entraîneur, stratège et dirigeant dans plusieurs fédérations. J’ai appris que certaines d’entre elles souhaitaient me voir à la tête de Swiss Olympic en tant qu’homme de sport. Après mûre réflexion et de nombreuses concertations au sein de ma profession et de ma fédération, j’ai décidé de me présenter à cette élection.
Détaillez-nous votre CV sportif!
Cela fait 30 ans que je suis actif dans le sport. D’abord, comme sportif populaire et de la relève. Puis comme sportif d’élite et professionnel. Je suis ensuite devenu entraîneur de club et de Jeunesse + Sport, le principal programme d’encouragement de la Confédération. Enfin, j’ai évolué en tant que dirigeant du sport au niveau national, en accédant à la présidence de la fédération suisse de judo et de ju-jitsu, et international, à l’Union européenne de judo. Je suis par ailleurs actif en politique depuis plus de 10 ans, ce qui n’est pas négligeable. Vous remarquerez d’ailleurs que c’est actuellement un conseiller national qui est à la tête de Swiss Olympic.
Cette double expertise est importante?
Elle est même indispensable. Je pense qu’il est nécessaire d’avoir une vision du sport à 360° et qu’il faut en outre particulièrement bien connaître les rouages politiques pour amener le sport suisse là où il doit être. C’est mon cas. C’est en tout cas ce que pensent les 11 fédérations — 12 avec celle que je préside — d’arts martiaux qui soutiennent ma candidature.
Au fond, c’est quoi ce job de président de Swiss Olympic? De la pure représentation?
C’est une fonction stratégique qui a pour mission de définir les grands axes du sport suisse. D’autant plus que nous allons vers des échéances importantes. On peut par exemple citer les Jeux Olympiques d’hiver que nous devrions accueillir en 2038 ou les european championships que nous pourrions aussi obtenir. Sur un tout autre plan, il y a l’augmentation des coûts de la santé. Quand on connaît les bienfaits du sport sur la santé, on sait aussi qu’il y a des cartes importantes à jouer pour soutenir les clubs sportifs de ce pays.
Que ferez-vous si vous êtes choisi par vos pairs?
J’ai cinq priorités. La première, développer le sport suisse, avec une stratégie sectorielle développée avec les fédérations. Les très grandes fédérations n’ont pas les mêmes besoins que les plus petites. Swiss Olympic doit être en mesure de s’adapter à ces différentes réalités. De plus, nous devons offrir un meilleur soutien aux athlètes. Cela passe par de la coordination et du lobbyisme en lien avec les fédérations internationales installées en Suisse, le CIO et la Confédération.
Quoi d’autre?
Swiss Olympic doit devenir un organisme agile. Les fédérations s’appuient sur beaucoup de bénévoles, qui n’ont pas forcément le temps de tout faire. Elles ont des besoins ciblés que nous devons identifier. Swiss Olympic, qui est la faîtière du sport suisse mais aussi le Comité national olympique, doit par ailleurs appuyer la mise en réseau des différentes organisations, trouver des sponsors ainsi soutenir le développement de projet pour les fédérations grâce à ses fonds propres. En tant que député vaudois, j’ai eu la chance de porter l’initiative qui demandait que 1% du budget cantonal soit alloué au sport. J’aimerais beaucoup développer la même chose dans tous les cantons suisses.
Vous êtes romand et métis. Ce sont des freins dans le nouveau combat que vous avez décidé de mener?
Nelson Mandela disait que le sport a le pouvoir de changer le monde. Je partage sa vision. Mon père est uranais, ma mère kenyane. Je vis depuis des années en Suisse romande et j’ai vécu plus de 20 ans de l’autre côté de la Sarine, d’où vient d’ailleurs mon épouse. Je vois plutôt cette diversité comme une richesse. Mon parcours est à l’image de la société suisse, dans laquelle tout le monde peut s’intégrer et le sport en est l’exemple parfait.
Vous concourez face à l’ancienne conseillère fédérale Ruth Metzler-Arnold et l’ex-CEO de Swiss-Ski Markus Wolf. Vous croyez en vos chances?
Évidemment, sinon je ne serais pas là. De nombreuses fédérations m’ayant assuré de leur soutien m’ont indiqué que tant l’aspect politique que sportif étaient importants. Je dispose de ces deux cordes à mon arc!
Quel adversaire craignez-vous le plus?
La peur n’est jamais une bonne approche. Dans le sport, on se concentre sur soi ainsi que sur les priorités et sur les valeurs que l’on veut défendre.
Dans ce trio, vous êtes le seul candidat médaillé olympique. Cela joue en votre faveur?
J’ai eu cet immense privilège et je ne vais pas m’en cacher. C’était un long chemin, une expérience extraordinaire! C’est l’un des éléments que je mettrai en avant dans ma campagne, car dans les sphères du sport international c’est un atout non négligeable.
Globalement, à vous entendre, on a l’impression que le sport de masse vous intéresse beaucoup moins que le sport d’élite.
Absolument pas! Le sport de masse a besoin du sport de pointe et vice versa. C’est d’ailleurs pour cela que j’étais aussi entraîneur Jeunesse + Sport. Plus la pyramide est large en bas, plus elle monte haut. Et plus la pointe est haute, plus sa base rayonne, d’où l’importance de soutenir les 120 membres de Swiss Olympic dans leur projet sportif. N’oubliez pas que le sport populaire est le ciment entre les générations: il valorise le vivre ensemble, la lutter contre toutes les formes de discrimination et valorise des valeurs comme le respect ou le dépassement de soi… Le travail que font les fédérations et les clubs est juste extraordinaire!
Vous avez déjà de nombreuses casquettes. Parmi elles, celle de directeur de l’Association Touristique Porte des Alpes et celle de député PLR au Grand Conseil vaudois. En cas d’élection à la présidence de Swiss Olympic, renoncerez-vous à certaines de vos fonctions?
C’est vrai que je suis quelqu’un de très engagé et qui mène de front différentes activités, mais il va de soi que j’arrive à la croisée des chemins. En cas d’élections, je démissionnerai de plusieurs de mes fonctions.
Desquelles?
Cela n’est pas encore décidé, même si j’ai déjà quelques idées.
Vous pensez par exemple au Grand Conseil?
Dans le cas où je serais élu à la présidence de Swiss Olympic, je renoncerai à mon mandat au Parlement cantonal, mais pas uniquement.
Ruth Metzler-Arnold, l’ex-politicienne aux multiples mandats. L’ancienne conseillère fédérale aurait «le profil idéal pour la présidence de Swiss Olympic». Et c’est… son propre site internet qui le dit via un communiqué de Swiss Athletics, la fédération faîtière de l’athlétisme en Suisse.
L’Appenzelloise d’adoption était spécialiste du 400 m haies durant sa jeunesse. Ces vingt dernières années, après son retrait précoce de la politique à la suite de sa non-réélection au gouvernement fédéral au profit de Christoph Blocher, cette juriste et experte comptable de 60 ans a multiplié les mandats pour de grandes entreprises (Novartis, AXA) et au sein d’organismes divers (Switzerland Global Enterprise, Aide sportive suisse, Fondation pour la Garde suisse pontificale). En 2015, Ruth Metzler-Arnold, a épousé en deuxièmes noces le banquier bâlois Stephan Zimmermann.
Markus Wolf, le haut fonctionnaire sportif. Ce Grison de 50 ans, le moins connu des trois candidats, est présenté pour la présidence de Swiss Olympic par SwissSki dont il a été le CEO. Swiss Cycling, Swiss unihockey et Swiss Hockey soutiennent la campagne.
Cet ancien champion et entraîneur national de unihockey est physiothérapeute de formation. Il a obtenu ensuite un diplôme d’entraîneur de sport d’élite et un Executive MBA à l’université de Fribourg. Ce parfait connaisseur des structures sportives suisses est très respecté parmi les professionnels et beaucoup considèrent qu’il est l’homme de la situation pour rapprocher Swiss Olympic des nombreuses fédérations spécialisées. PHILIPPE CLOT
Ruth Metzler-Arnold, l’ex-politicienne aux multiples mandats. L’ancienne conseillère fédérale aurait «le profil idéal pour la présidence de Swiss Olympic». Et c’est… son propre site internet qui le dit via un communiqué de Swiss Athletics, la fédération faîtière de l’athlétisme en Suisse.
L’Appenzelloise d’adoption était spécialiste du 400 m haies durant sa jeunesse. Ces vingt dernières années, après son retrait précoce de la politique à la suite de sa non-réélection au gouvernement fédéral au profit de Christoph Blocher, cette juriste et experte comptable de 60 ans a multiplié les mandats pour de grandes entreprises (Novartis, AXA) et au sein d’organismes divers (Switzerland Global Enterprise, Aide sportive suisse, Fondation pour la Garde suisse pontificale). En 2015, Ruth Metzler-Arnold, a épousé en deuxièmes noces le banquier bâlois Stephan Zimmermann.
Markus Wolf, le haut fonctionnaire sportif. Ce Grison de 50 ans, le moins connu des trois candidats, est présenté pour la présidence de Swiss Olympic par SwissSki dont il a été le CEO. Swiss Cycling, Swiss unihockey et Swiss Hockey soutiennent la campagne.
Cet ancien champion et entraîneur national de unihockey est physiothérapeute de formation. Il a obtenu ensuite un diplôme d’entraîneur de sport d’élite et un Executive MBA à l’université de Fribourg. Ce parfait connaisseur des structures sportives suisses est très respecté parmi les professionnels et beaucoup considèrent qu’il est l’homme de la situation pour rapprocher Swiss Olympic des nombreuses fédérations spécialisées. PHILIPPE CLOT