L’ouverture du procès de Pascal K.*, 23 ans, a probablement été très difficile à vivre pour les proches de sa victime, Linus A.*, 24 ans. Ils ont à nouveau dû revivre le sordide meurtre du jeune Argovien, qui a été enfermé vivant dans une grotte par celui qu’il considérait comme un ami. Le présumé tortionnaire se serait même grillé un cervelas devant l’ouverture qu’il venait de boucher, pendant que Linus A. agonisait de faim et de froid. C’est seulement un an plus tard, en avril 2020, que le corps a été découvert.
Et c’est un nouveau choc qui a attendu la famille de la victime le premier jour du procès: peu après son début, l’accusé a souhaité aller aux toilettes, et… n’est jamais revenu dans la salle d’audience du tribunal de district de Brugg (AG). Il a ensuite décidé qu’il voulait être interrogé dans une pièce voisine, dont le visuel a été retransmis dans la salle principale. Plusieurs fois pendant son interrogatoire, Pascal K. s’est interrompu pour aller aux toilettes ou boire de l’eau. Les propos de l’accusé étaient confus: il semblait ne plus se souvenir de tous les faits et avait de la peine à s’exprimer.
«Un tel comportement est lâche»
Patrick Bürgi, l’avocat de la famille de la victime, a demandé lors de sa deuxième intervention devant le juge: «Pourquoi n’est-il pas assis dans la salle? Pourquoi ne se laisse-t-il pas confronter aux accusations, pour qu’il ait au moins l’air de vouloir assumer ses responsabilités?»
Pascal K. a fait valoir son anxiété, ce qui n’a pas manqué d’irriter Maître Bürgi: «Il est évident qu’il se soustrait à ses responsabilités de toutes les façons possibles et imaginables. Un tel comportement est lâche et presque insupportable pour les proches de la victime.»
L’avocat qui défend la famille de Linus A. a ajouté que Pascal K. était «insensible». Ce dernier ne s’est jamais excusé auprès des survivants de la victime. Il a soutenu qu’il ne connaissait pas leurs adresses. «C’est tout simplement absurde. Il ne veut pas s’excuser. Il ne regrette probablement pas non plus.»
Pas tenu d’être présent
Mais la question persiste: un accusé peut-il vraiment refuser d’être présent dans la salle d’audience? «Nous ne pouvons pas donner d’informations sur des questions en lien avec une procédure en cours», répond Corina Trevisan, porte-parole des tribunaux argoviens, à Blick. Elle renvoie aux dispositions du code de procédure pénale, qui dit ceci: «Le prévenu n’a pas l’obligation de déposer contre lui-même. Il a notamment le droit de refuser de déposer et de refuser de collaborer à la procédure.»
En d’autres termes: d’un point de vue juridique, Pascal K. n’était pas tenu de participer à l’audience à la suite de son interrogatoire. Avec un motif valable, il aurait même pu éviter de se rendre au tribunal, tout simplement.
L’accusé a pris une dernière fois la parole lors de la conclusion, par le biais de la retransmission vidéo, pour bredouiller des excuses à l’encontre de la famille en présence de son avocat. Impossible de savoir si Pascal K. sera présent lors de la notification du jugement jeudi à 16 heures. Une chose est sûre: son attitude ne devrait pas atténuer sa peine.
* Nom modifié