Rebecca Ruiz sur une étude Covid
«Ces chiffres sont une excellente nouvelle»

Les vaccinés vaudois ont-ils vraiment 80 fois moins de risque d'être contaminés par le Covid? Rebecca Ruiz, conseillère d'Etat en charge de la santé, revient sur une étude inédite dont les conclusions suscitent la controverse sur les réseaux sociaux. Interview.
Publié: 05.08.2021 à 16:22 heures
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Dernière mise à jour: 07.08.2021 à 17:23 heures
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

«Les vaccinés vaudois ont 80 fois moins de risque d’être contaminés par le Covid», titrait mercredi soir la RTS en dévoilant les chiffres d’une étude inédite qui n'a pas encore été rendue publique. Durant les deux dernières semaines de juillet, 1030 nouveaux cas de Covid ont été répertoriés dans le canton. Mais parmi ceux-ci, seuls 9 étaient des personnes entièrement vaccinées (ayant reçu deux doses depuis 14 jours). Les 1021 autres n'étaient pas - ou pas entièrement - vaccinées, détaillent nos confrères.

«Cette comparaison est d'autant plus parlante que la part de personnes entièrement vaccinées atteint presque la moitié de la population (44%), c'est-à-dire que l'on retrouve actuellement dans le canton un nombre similaire de personnes vaccinées que de non-vaccinées», expliquent-ils encore. L'incidence détectée sur cette période est limitée à seulement 2,6 cas pour 100'000 habitants chez les vaccinés. Elle passe à 216 chez les non-vaccinés. Soit 80 fois plus.

Une tempête de commentaires critiques sur les réseaux sociaux a fait évoluer l'article de la RTS. Comme l'explique sur Twitter l'auteur du sujet, «c'est effectivement potentiellement un raccourci de parler de '80 fois moins de risque'. Actuellement, ce que montrent les données vaudoises, c'est qu'il y a 80 fois moins de personnes entièrement vaccinées qui sont testées positives.»

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Il ajoute: «Cette situation peut avoir plusieurs explications, la première étant évidemment la protection vaccinale. [...] Un autre élément importante entre en compte: les personnes vaccinées ont moins d'incitations à aller se faire tester.» Alors, cette nouvelle étude est-elle vraiment aussi réjouissante que cela quant à l'efficacité des vaccins? Rebecca Ruiz, conseillère d'Etat vaudoise en charge de la santé et de l'action sociale, répond à Blick.

Olivier Duperrex, médecin cadre à Unisanté, a affirmé dans un sujet diffusé hier soir au 19h30 que «si l’on n’est pas vacciné depuis plus de deux semaines avec deux doses, on a 80 fois plus de risque de tomber malade, de devenir un cas». Après une multitude de commentaires sur les réseaux sociaux, le journaliste de la RTS auteur du sujet a nuancé les propos rapportés. L’article en ligne a d’ailleurs été modifié. Cela change un peu la donne, non?
Non, ce n’est pas l’auteur de l’étude qui a nuancé ses propos. Les chiffres sont ce qu’ils sont et le constat reste une excellente nouvelle. Cette étude montre plusieurs choses. On savait déjà que les vaccins Moderna et Pfizer étaient efficaces grâce à une multitude d’études internationales, mais ce qui est intéressant pour nous maintenant, c’est d’avoir des données vaudoises, qui proviennent du terrain.

Quand on utilise et administre deux vaccins depuis un certain nombre de mois, c’est important d’avoir ce recul et ces chiffres. Mais pas seulement. À l’heure où l’on parle beaucoup du variant Delta qui est plus contagieux, on remarque qu’on continue d’avoir d’excellents résultats en termes de protection vaccinale. On parlait d’une efficacité des deux vaccins contre le Covid autour des 94-95%. On voit avec nos chiffres qu’on est même un peu au-delà.

Un peu moins de la moitié de la population vaudoise (44%) a été entièrement vaccinée. Dans le même temps, plusieurs centres de vaccination ferment progressivement leurs portes. Est-ce que la campagne de vaccination patine?
Je ne dirai pas qu'elle patine mais il y a une nette diminution de la demande. C’est pourquoi on a adapté le dispositif qui était extrêmement large et très étendu dans toutes les régions, y compris les plus périphériques. Mais il y a toujours énormément de lieux où il est possible de se faire vacciner et cela va demeurer jusqu’à l’automne.

Le dispositif s’adaptera encore en fonction de la situation sanitaire, comme depuis le début de la crise. Je l’ai déjà dit et je le répète: il faut profiter de se faire vacciner pendant l’été, pendant qu’il y a une offre très décentralisée et des possibilités de le faire sans prise de rendez-vous. Cela sera moins facile cet automne. Cela dit, des milliers de rendez-vous sont d’ores et déjà pris et d’ici septembre, on devrait atteindre la dernière cible qu’on s’était fixée, celle de vacciner entièrement 75% de la population éligible (les 16 ans et plus, ndlr.).

Depuis le début de la crise, les autorités le martèlent: dès que toutes les personnes qui voulaient se faire vacciner auront eu accès au vaccin, les mesures sanitaires seront levées. Quand est-ce que ce point sera atteint? Qui sont celles et ceux qui n’ont pas encore pu se faire vacciner?
Honnêtement, je ne pense pas qu'il y a dans le canton de Vaud des personnes qui voudraient se faire vacciner et qui ne le pourraient pas. En revanche, des personnes attendent la fin de l’été et leur retour de vacances pour se faire vacciner. Concernant la vaccination des enfants, là aussi nous avons renforcé les plages à disposition car comme seul le Pfizer est injecté aux moins de 18 ans, cela nécessite une autre organisation et des tranches horaires dédiées.

Concernant la levée des mesures, Berne a toujours dit qu’il fallait aussi prendre en compte l’évolution de la situation sanitaire. Actuellement, le variant Delta suscite de l’inquiétude autant à Berne que dans les cantons. Notre priorité est toujours la même: éviter de surcharger le système de soins pour assurer à n’importe qui de pouvoir être bien soigné.

Quel est votre sentiment à propos des antivax et des fausses informations qui pullulent en ligne? Est-ce que cela joue un rôle dans la baisse du rythme de la campagne de vaccination?
Non, je ne pense pas. Nous avons systématiquement analysé la situation des pays plus avancés et on a toujours su qu’il y aurait une baisse de la demande. Nos projections le disaient: les très convaincus et les très motivés se feraient vacciner d’ici à l’été et c’est ce qui s’est produit. Nous avons déployé, à la fin du printemps, des dispositifs de vaccination plus qualitatifs, davantage axés sur l’échange avec notamment la vaccination itinérante. Nous avons ciblé les communes où le taux de vaccination était bas. Et nous avons notamment couplé ces données avec celles qui cartographient les personnes à risque pour être au plus proche de celles et ceux pour qui la vaccination est très importante pour éviter des complications.

À partir de la rentrée, nous allons entrer dans une nouvelle phase où nous allons essayer de convaincre les hésitants avec d’autres types d’actions. Par contre, nous n’arriverons jamais à convaincre les personnes totalement réfractaires à tout type de vaccin. Je ne pense d’ailleurs pas que ces personnes se soient forgé leur opinion en lisant des intox sur Facebook. Il faut en revanche éviter que ces intox viennent combler un manque d’informations chez les personnes qui hésitent et à qui on se doit de donner des réponses étayées.

Pour inciter la population à se faire injecter le vaccin, des voix s’élèvent — à l’instar du président de la Confédération Guy Parmelin — pour mettre fin aux tests gratuits. Partagez-vous leur volonté?
Le débat est complexe. Les tests gratuits sont des tests antigéniques. Or, d’ici quelques semaines, ma conviction est qu’on va arrêter de les utiliser car ils ne sont pas assez sensibles au variant Delta. On a quelques données, qui viennent par exemple des Pays-Bas, qui montrent que des personnes avec un certificat Covid — donc avec au minimum un test négatif — étaient en réalité contaminées. J’imagine qu’on va basculer vers un système où on utilisera que les tests PCR.

Si cela se passe et qu’on fait payer chaque PCR, ce sont potentiellement des sommes très importantes qui devront être déboursées par les personnes qui devront les faire. Et cela ne concernera pas seulement des personnes qui ne veulent pas se faire vacciner mais aussi des personnes vaccinées qui doivent se rendre dans certains pays. On ne doit pas oublier non plus que les personnes immunosupprimées ne répondent pas toutes à la vaccination.

On ne peut pas leur demander de s’enfermer chez elles ou de payer des montants conséquents à répétition. Le débat doit donc tenir compte de l’évolution du type de test et de leur prix et en discuter sereinement. Ceci dit, les décisions qui seront prises au niveau de la Confédération concernant les mesures de testing auront une incidence sur la motivation ou un impact chez celles et ceux qui hésitent, c’est une certitude.

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