Le Canton de Vaud a mis en place une «task force» sur le deal de rue, a annoncé mardi le ministre en charge de la sécurité Vassilis Venizelos devant le Grand Conseil. Plus grande présence dans la rue de la police, opérations «coups de poing», interdictions de périmètre et intensification des renvois de trafiquants incarcérés en fin de peine font partie des nouvelles mesures du volet répressif.
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Le conseiller d'État répondait à une question orale sur le deal de rue qui rebondissait sur l'appel récent des communes sur ce sujet. Particulièrement concernées par cette problématique, Lausanne, Yverdon et Vevey ont, en effet, écrit une lettre au Conseil d'État vaudois pour demander la tenue d'assises de la chaîne pénale et de la santé publique.
M. Venizelos a tenu à rappeler que le Canton n'avait pas attendu ce courrier des villes pour agir, décrivant d'ailleurs la situation «d'inacceptable» dans certains lieux et quartiers urbains. Il a rassuré ces communes en annonçant une prochaine rencontre «extraordinaire» sur le deal de rue avec notamment leurs syndics respectifs. Avec en ligne de mire, la tenue d'assises sur le sujet.
Montée en puissance
Dans la foulée, le ministre a annoncé de nouvelles mesures du Canton pour adapter et renforcer son plan d'action présenté en 2021. Point fort: une «task force deal de rue» mise sur pied depuis la rentrée politique d'août. «Elle va monter en puissance ses prochains mois», a-t-il affirmé.
Concrètement, une plus forte présence policière permanente sera déployée dans les rues des villes en question et des opérations «coup de poing» auront lieu parallèlement ces prochains mois. «Ces actions répressives seront ciblées et coordonnées pour perturber les réseaux de trafiquants de drogue et remonter les filières de la drogue», a précisé M. Venizelos.
Des interdictions de périmètres seront en outre prononcées. Le Canton compte aussi intensifier les renvois de trafiquants incarcérés en fin de peine. Une collaboration plus étroite est aussi prévue avec les autres cantons et même avec la Confédération. En clair, selon le chef du Département de la jeunesse, de l’environnement et de la sécurité (DJES), «le dispositif répressif va augmenter».
Volet socio-sanitaire aussi
Mais pas seulement. La ministre de la santé Rebecca Ruiz a aussi annoncé que le volet socio-sanitaire sera également renforcé, alors qu'il l'a déjà été depuis ce printemps. Elle a indiqué que l'Office du médecin cantonal (OMC) va venir en soutien des villes d'Yverdon-les-Bains et de Vevey pour améliorer la prise en charge sociale et sanitaire.
À ce titre, la conseillère d'État a évoqué un gros travail «d'alignement du secteur social et sanitaire dans le domaine de la drogue et du deal de rue». Dans leur appel au gouvernement, les trois villes signataires demandaient d'ailleurs «une meilleure prise en charge des personnes toxicodépendantes, en particulier s'agissant de la réduction des risques et des programmes d'intégration».
Les structures actuelles pour les consommateurs de drogue sont «surchargées» et seule Lausanne compte des locaux de consommation sécurisés pour un canton de 900'000 habitants. «Les possibilités de prise en charge médicale des personnes toxicodépendantes, qui présentent souvent des pathologies plus larges, mériteraient aussi d'être améliorées», poursuivait leur lettre.
Face à l'évolution du marché, l'arrivée en Europe de cocaïne pure à très bas prix, la hausse du crack et l'évolution des modes de consommation, Mme Ruiz s'est par ailleurs demandé si la politique des quatre piliers, qui comprend la prévention, la thérapie, la réduction des risques et la répression, «est encore en mesure de répondre» aux enjeux actuels de la drogue.