Le 25 juin, Channah Feldinger fait une demande de réservation pour une maison de groupe à Parpan (GR). Avec au moins onze membres de la famille, dont quatre adultes et sept enfants et adolescents, la famille Feldinger veut passer dix jours dans les Grisons en août.
Pour sa demande de réservation, Channah Feldinger utilise une plateforme en ligne. Elle indique que la famille souhaite subvenir elle-même à ses besoins dans la maison.
Mais au lieu d'une confirmation, cette dernière reçoit un refus. La maison est gérée par une entreprise suisse, mais la réponse vient de la société mère dont le siège est en Allemagne. Une collaboratrice écrit: «Malheureusement, nos maisons ne répondent pas aux exigences des groupes juifs orthodoxes stricts et des 'groupes de maturité' (ndlr: les élèves arrivant en fin de cycle secondaire). Comme nous ne voulons empêcher personne de pratiquer sa/leur foi, ainsi qu'en raison de notre expérience dans la gestion de nos maisons (dommages et plaintes), nous ne pouvons malheureusement pas vous faire d'offre de location.» La collaboratrice précise en outre que la maison n'est proposée qu'à partir de 25 personnes.
Du sel jeté sur la plaie
Manny Feldinger, oncle de Channah Feldinger et juif orthodoxe strict, est irrité par cette réponse. «C'est clairement raciste et discriminatoire», dit-il à Blick. Bien sûr, un propriétaire peut décider à qui il veut louer sa maison. Mais la formulation de la réponse peut blesser.
La vague référence aux dommages et aux plaintes ainsi que la mention incompréhensible de groupes d'élèves de gymnase, c'est-à-dire d'élèves en voyage de maturité, jettent en outre du sel sur la plaie. Manny Feldinger a soumis la lettre à la Commission fédérale contre le racisme. Celle-ci qualifie la réponse de «raciste/antisémite».
L'homme travaille en Angleterre dans le secteur de l'immobilier. Depuis plus de dix ans, il se rend en Suisse, leur pays d'origine, pour passer du temps avec son frère et leurs familles. «Il n'y a rien de plus beau que les vacances suisses», s'exclame-t-il.
D'habitude, d'autres membres de la famille se joignent également à eux. Ils auraient dès lors été une trentaine de personnes à se réunir pour la traditionnelle fête de famille – le nombre de 25 personnes demandé pour la location aurait donc probablement été atteint.
Problèmes avec les plaques de cuisson
L'entreprise responsable confirme à Blick qu'elle évite de louer ses immeubles à des groupes strictement orthodoxes. Sur demande, le directeur explique que l'entreprise a loué ses maisons à de tels groupes pendant de nombreuses années. Après des expériences négatives, elle a toutefois cessé de le faire. Des plaques de cuisson auraient notamment déjà été endommagées après être restées allumées pendant plus de 24 heures.
«Les dommages sont souvent tels que nous ne pouvons pas les réparer pour le groupe suivant et ne pouvons donc pas garantir aux prochains locataires un logement de la qualité attendue lors de la réservation», explique le directeur.
Souvent, le groupe suivant arrive déjà le jour du départ des locataires précédents, de sorte qu'il n'y a pas de pause. Il souligne: «Nous ne sommes que des locataires des maisons et devons contractuellement à nos propriétaires un traitement respectueux du mobilier.»
Avec une assurance voyage
Il y a bien des groupes juifs orthodoxes qui ont déjà posé problème, dit Manny Feldinger. «Il y a des pommes pourries dans tous les magasins.» Mais cela ne justifie pas un jugement global. Au cours des dix dernières années, la famille Feldinger a déjà réservé deux fois des hébergements de groupe dans les Grisons auprès de l'entreprise allemande et n'a causé aucun problème. «Nous souscrivons toujours une assurance voyage», souligne-t-il.
Selon lui, l'infrastructure de la maison de groupe à Parpan est tout à fait adaptée aux juifs strictement orthodoxes et à la cuisine casher. «Dans notre famille, tout le monde travaille dans l'immobilier. Nous savons comment utiliser une maison sans l'endommager.» Ils n'entraînent pas non plus de dépenses particulières pour le bailleur.
Cette année, la réunion de famille des Feldinger tombe donc à l'eau – notamment parce qu'il y a eu un conflit de dates. Mais à l'avenir, la rencontre devrait à nouveau avoir lieu en Suisse. «Il y a ici beaucoup de maisons appropriées avec des propriétaires décents qui souhaitent louer leur maison à des familles juives», explique Manny Feldinger.
«Des hôtes fidèles»
«En Suisse, les hôtes juifs se sentent traditionnellement très bien, c'est pourquoi ils font partie des clients fidèles», explique Liên Burkard, porte-parole de Suisse Tourisme. D'une manière générale, à l'exception de très rares cas isolés, aucun problème n'est connu avec les membres de minorités, ajoute-t-elle. Les besoins des hôtes de la religion orthodoxe stricte sont élevés et exigeants, c'est pourquoi les établissements d'hébergement doivent s'y préparer soigneusement.
Selon Liên Burkard, des détecteurs de mouvement pour l'éclairage, des portes coulissantes automatiques, des plaques chauffantes ou des minuteries peuvent être utiles pour respecter les règles du Shabbat. En tant qu'organisation nationale de marketing touristique, Suisse Tourisme s'engage à ce que tous les hôtes, indépendamment de leur religion ou de leur origine, se sentent les bienvenus en Suisse. «Suisse Tourisme condamne toute forme de discrimination», souligne encore Liên Burkard.