Le décret en faveur du «plan phyto» a passé la rampe à l'unanimité des 93 voix exprimées. «Les mesures s'inscrivent dans le contexte de remise en question des produits phytosanitaires en ce qui concerne la santé et l'environnement», a expliqué la députée socialiste Chantal Müller, présidente et rapporteure de la commission ad hoc.
Les cantons doivent mettre en oeuvre leur part des mesures de la Confédération. Celles-ci touchent les domaines agricole et non agricole, avec pour le premier l'obligation d'allier compétitivité et durabilité. «Le second a occupé davantage la discussion», a noté Chantal Müller, en raison des efforts à fournir par les privés.
Tous les groupes parlementaires ont soutenu le projet de décret porté par le conseiller d'Etat Didier Castella, en charge du dossier. Le plan vise en priorité à améliorer la qualité des eaux, en développant des activités existantes et en proposant de nouvelles mesures ciblées, dont l'efficacité fera l'objet d'un contrôle.
Le crédit de 7,6 millions de francs sera complété par le million venant de la stratégie cantonale de développement durable. L'Etat préconise le renforcement de la formation et du conseil des agriculteurs autour des questions phytosanitaires et un soutien financier lors de la réduction de l'utilisation d'herbicides.
Soutenir les circuits courts
Parmi les nouvelles mesures, figure également la sensibilisation des particuliers à la problématique environnementale. Il leur sera proposé des alternatives aux entretiens chimiques. Le projet vise aussi à améliorer les connaissances et les pratiques des employés communaux qui utilisent des produits phytosanitaires.
Le «plan phyto» du Conseil d'Etat entend encore soutenir les circuits courts pour la consommation de produits agricoles indigènes affichant une utilisation réduite de produits phytosanitaires. Plus largement, il souhaite instaurer un respect plus strict des conditions d'utilisation des pesticides.
Le plan d'action intègre l'objectif stratégique fédéral, adopté par les Chambres fédérales en mars dernier, de réduire de moitié les risques liés aux produits phytosanitaires d'ici à 2027. Sur le plan cantonal, le Service de l'environnement a déjà dressé un état des lieux des pesticides dans les eaux souterraines du canton.
Les substances actives des pesticides ne dépassent que rarement la limite légale, montrent les résultats. La situation est en revanche plus délicate pour les produits de dégradation des pesticides, appelés aussi métabolites. Le député vert Nicolas Pasquier estime à ce titre que le plan constitue surtout un «bon point de départ».
En 2020, 74% des échantillons contenaient au moins un résidu de produits phytosanitaires et parfois à des teneurs supérieures à la valeur légale. Le taux s'élevait à 31% en 2016, mais les paramètres ont été affinés depuis. Les régions les plus touchées sont la Broye, le Lac, la Singine, la Sarine et le sud de la Glâne.
Dans les districts de la Gruyère et de la Veveyse, la qualité des eaux est le plus souvent irréprochable au regard de leur teneur en résidus de pesticides. En ce qui concerne l'emploi, trois postes supplémentaires seront créés, deux à Grangeneuve et un au Service de l’environnement.
Plusieurs stratégies transversales sont déjà en place à Fribourg en faveur de l'eau, notamment la planification cantonale pour l’élimination des micropolluants. D’ici à 2040, près de 90% de la population sera raccordée à une station d’épuration les traitant.
(ATS)