Le nombre de cas de Covid-19 en Suisse est à son niveau quotidien le plus bas depuis l'été dernier. De nombreuses mesures de lutte contre le virus ont été levées. Le recul des infections continue: la couverture vaccinale de larges pans de la population donnent des résultats.
Près de 50 % de la population totale, soit environ 4,2 millions de personnes, a reçu la première dose du vaccin à ce jour. Le gouvernement fédéral veut à terme porter ce chiffre à 80%, soit environ 6,9 millions de personnes. À l'origine, on supposait qu'environ 60% de la population totale serait touchée. Mais malgré un taux d'infection faible et un nombre de personnes vaccinées remarquable, les choses ont changé depuis l'arrivée du variant Delta: selon certains scientifiques, la Suisse devrait prendre en compte ce facteur avant de lever les mesures.
«Le Delta deviendra dominant dans notre pays aussi», a déclaré Urs Karrer, vice-président de la Task force, à la «NZZ am Sonntag». «Nous pensons qu'il pourrait déjà être dominant en Suisse d'ici quatre à six semaines», a déclaré le médecin-chef de la médecine interne et des maladies infectieuses de l'hôpital cantonal de Winterthour.
60% des personnes non vaccinées courent un risque d'infection
Une double vaccination contre le coronavirus protège contre le variant Delta. Mais il resterait un grand danger: il est considéré comme plus contagieux d'environ 50% que le variant Alpha, variant qui est actuellement le plus répandu en Suisse. Selon le médecin-chef, il est probable que ce variant Delta devienne très dangereux à partir du mois d'août, surtout pour les personnes non vaccinées. En l'absence de mesures de confinement, «probablement plus de 60% des personnes qui n'ont pas été vaccinées pourraient être infectées par le coronavirus» à ce moment là d'après le vice-président de la Task force.
Afin d'éviter une nouvelle vague destructrice en automne prochain, il est nécessaire de vacciner le plus grand nombre de personnes possible. L'objectif serait d'atteindre un taux de vaccination de 80%. C'est pourquoi, selon Urs Karrer, la population doit être mise au courant et sensibilisée rapidement. Deux millions de personnes supplémentaires devraient être vaccinées dès que possible à cause de ce variant.
«Mélange explosif»
Andreas Cerny, épidémiologiste à l'Université de Berne, s'attend aussi à une quatrième vague d'après une interview qu'il a donnée à la «SonntagsZeitung». Il exige la mise en place de mesures contre le Covid-19 en prévision de l'automne. Le déconfinement, «l'été, ses vacances, ses événements et la diffusion du variant Delta» constituent un «mélange explosif» d'après lui. Pour éviter un scénario catastrophe, les grands événements devraient en particulier être limités. Il s'attend à ce que «dans certaines situations, le port du masque obligatoire redevienne un sujet de débat», notamment dans les écoles. En effet, de nombreux enfants pourraient partir en vacances sans protection vaccinale et ramener le virus.
Urs Cerny aurait souhaité que la réouverture soit plus lente. Les études de cas du variant Delta au Royaume-Uni, en Israël et au Portugal devraient être davantage prises en compte dans l'évaluation des risques: «Les assouplissements en Israël, avec une couverture vaccinale d'environ 60%, ont été trop précoces et trop longs. Nous devons en tirer des leçons pour ne pas commettre les mêmes erreurs.»
Plus de mesures générales
Selon des milieux bien informés, le gouvernement s'attendrait à une quatrième vague en automne. Toutefois, plus le nombre de personnes vaccinées sera élevé, plus cette vague sera faible. Se faire vacciner devra être plus facile et plus rapide. Les cantons de Vaud, d'Argovie et de Schwytz proposeront d'ailleurs dès la semaine prochaine des stations de vaccination mobiles dans les magasins Migros et Coop et dans les centres commerciaux.
Zoug ouvrira ses centres aux personnes extérieures au canton souhaitant se faire vacciner et les entreprises lucernoises vaccineront directement dans leurs locaux. L'objectif? Toucher des employés qui ne sont pas spécialement renseignés sur le vaccin, comme les personnes peu instruites, à faible revenu et les populations étrangères.
Selon Urs Karrer, il n'est pas exclu que les hôpitaux et leurs unités de soins intensifs soient à nouveau surchargés en automne et en hiver. D'autres experts estiment cependant qu'une nouvelle surcharge est peu probable. Dans tous les cas, le Conseil fédéral semblerait moins disposé à prendre des mesures globales en cas d'apparition d'une nouvelle vague. Mais les interventions sélectives restent possibles, notamment grâce certificat Covid qui devrait être de plus en plus utilisé. (kes)