À peine avait-elle pris en charge le ministère de la Santé en janvier dernier que la conseillère fédérale socialiste Elisabeth Baume-Schneider était déjà très sollicitée. Les débuts dans ce nouveau département ont été difficiles pour la Jurassienne avec une année chargée en votes.
Plusieurs dossiers importants dont elle est responsable ont été (ou sont encore) négociés devant le peuple. Après la 13e rente AVS en mars, l'initiative du Parti socialiste (PS) sur l'allègement des primes a été soumise aux urnes en juin, puis la réforme des caisses de pension en septembre.
À quatre reprises cette année, Elisabeth Baume-Schneider a dû se battre contre son propre parti et défendre le non du Conseil fédéral et du Parlement. En tant que membre du Conseil fédéral, elle est tenue par le principe de collégialité de défendre l'opinion majoritaire du Conseil fédéral, même si cela va à l'encontre de ses convictions personnelles ou de la ligne de son parti. C'est ainsi que le conseiller national de l'Union démocratique du centre (UDC) Albert Rösti a également dû s'opposer à son parti lors de la loi sur l'approvisionnement en électricité.
Adversaire et collègue Maillard
À chaque fois, Elisabeth Baume-Schneider a par ailleurs dû faire face à un adversaire de taille: le leader syndical et conseiller aux États PS Pierre-Yves Maillard. Malgré les conflits politiques, la conseillère fédérale et le conseiller PS sont liés d'amitié. Pierre-Yves Maillard avait pris parti pour la Jurassienne pendant les élections fédérales et la ministre de la Santé a même adopté un chat du ménage Maillard.
Le premier duel sur la 13e rente AVS a été remporté par le PS et les syndicats. Pour son premier vote en tant que ministre de la Santé, elle a donc dû essuyer un revers dès le départ, du moins sur le papier. Les électeurs ont également rejeté massivement la réforme des caisses de pension avec 67% de voix négatives. Seule l'initiative sur l'allègement des primes a permis à la ministre de la Santé de remporter une victoire. Résultat intermédiaire: PS et syndicats 2, Baume-Schneider 1. En novembre, elle aura l'occasion de clore l'année administrative sur une impasse.
En novembre, elle devra en effet affronter ses collègues de parti lors de la quatrième votation sur la réforme de la santé. En effet, le syndicat SSP a lancé un référendum contre la réforme du financement uniforme des prestations ambulatoires et hospitalières (Efas) dans le domaine de la santé et des soins. Il est soutenu par d'autres syndicats comme Unia et le PS. Ils craignent que les primes d'assurance maladie ne baissent pas, mais continuent d'augmenter.
Le PS n'est pas uni contre le projet
Pour Elisabeth Baume-Schneider, le défi sera particulièrement relevé cette fois-ci: en effet, le oui du Parlement à la réforme a été salué comme un grand succès après 14 ans d'âpres négociations. Vendredi, elle a officiellement lancé la campagne de votation pour la réforme du financement de la santé. Le Conseil fédéral recommande son acceptation. Un oui du souverain dans les urnes devrait contribuer à une baisse des coûts et des primes.
Le PS a certes décidé de voter non. Mais au Parlement, la majorité du parti socialiste s'est encore prononcé en faveur du projet. Certaines sections cantonales du PS ont également décidé de dire oui alors que plusieurs parlementaires s'engagent dans le comité des partisans du projet.
Pour la conseillère fédérale, la situation de départ n'est donc pas désespérée. Elle poursuivra sa campagne avec détermination, avec l'objectif de clore un nouveau chapitre de son année remplie de défis avec succès.