La série Netflix Squid Game interdite aux moins de 16 ans passionne jusque dans les… écoles. Cette récente production sud-coréenne, qui doit son succès planétaire à une multitude de paramètres dont son extrême violence, l’aspect régressif des jeux de cour de récré ou encore le pouvoir de l’argent, a des conséquences inquiétantes dans les préaux, a appris Blick.
Plusieurs événements sont ainsi remontés jusqu’aux oreilles du Département vaudois de la formation, de la jeunesse et de la culture (DFJC). «Certaines directions d’écoles ont remarqué que le jeu '1,2,3 soleil' avait subitement un peu plus de succès dans les cours de récré, annonce à Blick Julien Schekter, porte-parole. Sauf que, dans les rares cas relevés, l’élève qui perdait la partie n’était pas simplement éliminé: ses camarades mimaient une exécution par balle ou par égorgement, comme dans la série.»
Une lettre de sensibilisation aux parents
Heureusement, malgré les inquiétudes, aucun acte de violence physique n’a pour l’heure été signalé. Le communicant du DFJC souligne par ailleurs que des élèves, de parfois seulement «9 ou 10 ans», s’étaient confiés à leur encadrement — infirmerie scolaire ou corps enseignant — «choqués» par certains extraits de Squid Game.
Même s’il n’est pas de la responsabilité de l’école de contrôler ce que les enfants visionnent, le département a mis en place plusieurs mesures. Une lettre type a ainsi été rédigée. Celle-ci peut-être utilisée par les directions des établissements, en cas de problèmes constatés en lien avec la série.
Cette missive de sensibilisation s'adresse aux parents d’élèves. En voici quelques extraits: «Nous avons découvert que votre enfant et/ou d’autres camarades de sa classe ont eu l’occasion, hors de l’école, de regarder un ou plusieurs épisodes de la série Squid Game, diffusée sur Netflix depuis le 17 septembre, interdite aux jeunes de moins de 16 ans. L’accès à ces images a aussi pu se faire sur les réseaux sociaux, ou via des messageries, beaucoup d’extraits circulent».
Le texte continue: «Cette série met en scène des jeux d’enfants détournés comme '1,2,3 soleil', ou le tir à la corde, où ceux qui perdent meurent de manière très violente. Ces images sont très impressionnantes et peuvent choquer adolescents et enfants. Certains élèves ont mimé ces scènes à la récréation, d’autres ont manifesté leur inquiétude auprès d’adultes de l’école. Nous vous demandons instamment de prendre le temps de discuter de cette situation avec votre enfant et de prendre les mesures qui vous paraissent appropriées en tant que parent».
Pour éviter que vos jeunes enfants ne tombent sur Squid Game en voulant regarder une tout autre série sur Netflix, la plateforme propose un contrôle parental très simple à mettre en place.
Différentes options sont possibles: créer un profil avec une catégorie d’âge spécifique, choisir une catégorie d’âge ou bloquer des titres, activer ou désactiver la lecture automatique, etc. A vous de choisir ce qui vous convient le mieux. Dans son centre d’aide, Netflix vous explique pas à pas comment procéder.
Pour éviter que vos jeunes enfants ne tombent sur Squid Game en voulant regarder une tout autre série sur Netflix, la plateforme propose un contrôle parental très simple à mettre en place.
Différentes options sont possibles: créer un profil avec une catégorie d’âge spécifique, choisir une catégorie d’âge ou bloquer des titres, activer ou désactiver la lecture automatique, etc. A vous de choisir ce qui vous convient le mieux. Dans son centre d’aide, Netflix vous explique pas à pas comment procéder.
En outre, la lettre rappelle que les comptes Netflix peuvent être très facilement configurés pour limiter l’accès au contenu selon l’âge (lire encadré ci-dessus) et liste les différentes ressources d’aide disponible au sein des établissements.
Une problématique qui dépasse toutes les frontières
Le cas vaudois n’est pas une exception. Dans plusieurs villes et régions françaises, l’alerte est lancée au sujet de l’imitation dangereuse de la série dans les cours de récré, rapporte le «HuffPost». Tout comme en Belgique, où des écoles sonnent l’alarme, raconte pour sa part «L’Obs».
Le phénomène ne semble cependant pas avoir atteint le reste de la Suisse romande pour l'instant. Dans le Jura, «il n’a pas été porté à notre connaissance des problèmes de ce type par les écoles de la scolarité obligatoire», assure à Blick Marie-Christine Saner, secrétaire au Département de la formation. Même son de cloche à Genève, où le Département de l’instruction publique, de la formation et de la jeunesse affirme veiller au grain.
L’exemple neuchâtelois
Des violences découlant de Squid Game n’ont pas non plus été signalées dans les cours de récréation neuchâteloises. Mais le Canton, avec son groupe pluridisciplinaire capable d’analyser toute nouvelle problématique en lien avec les réseaux sociaux, internet ou le cyberharcèlement, semble paré à toute éventualité.
«Tour à tour, certains jeux à risque, tels que le jeu du foulard, le yoyoball ou la baleine bleue, s’invitent dans les cours de récréation», analyse Jean-Claude Marguet, chef du Service de l'enseignement obligatoire. Ces dernières sont placées sous la surveillance du corps enseignant. «Lorsque des observations quant à l’apparition d’un nouveau jeu à risque sont faites, celles-ci sont analysées et discutées avec les élèves; des mesures sont systématiquement prises immédiatement», appuie-t-il.
Par ailleurs, pour tout ce qui touche aux jeux tels que présentés dans la série Squid Game, le chef de service certifie que cela fait l’objet de campagnes de prévention en amont, médiatisées notamment à travers les cours d’éducation numérique.
«Dans ces cours, les élèves travailleront leur esprit critique, apprendront à distinguer la réalité du virtuel ou encore à trier le vrai du faux», indique-t-il encore. In fine, si une situation avérée mettant en danger l’un ou l’autre élève devait se manifester, l’école mobilisera les professionnels à même de répondre à la problématique identifiée. Qu'il s'agisse de spécialistes de l’éducation sexuelle, de policiers ou de psychologues. Les enfants sont visiblement entre de bonnes mains.