Vous aussi, vous avez des collègues qui se plaignent de la chaleur dans les bureaux alors qu’il fait plus de 25 degrés par endroits en Suisse romande en plein mois d’octobre? Dans le même temps, à King Jouet et ailleurs, on est prêt pour l’hiver et les fêtes de fin d’année.
Ce 10 octobre à Lausanne, en début d’après-midi, deux employés de la franchise installent une grande maisonnette en carton dans la vitrine… de Noël! Dans d’autres magasins, les calendriers de l’Avent et les chocolats à barbe blanche sont déjà en rayon depuis fin septembre.
N’est-ce pas un peu tôt pour les lutins ridicules, la fausse neige immonde et les sapins non compostables? «C’est vrai que ça peut faire sourire parce que ce début d’automne est particulièrement chaud, mais ça n’a rien de surprenant, affirme Sandra Imsand, de la Fédération romande des consommateurs (FRC). La même stratégie marketing est utilisée à Pâques, lorsque les lapins en chocolat sont disponibles dès février.»
Se méfier des fausses promotions
Ne pousse-t-on pas les gens à acheter des trucs dont ils n’ont pas besoin? Oui et non, répond en substance la responsable des enquêtes de la FRC. «D’un côté, on peut le voir comme une mauvaise chose qui pousse à faire des achats superflus dans une période d’inflation difficile pour le porte-monnaie.»
De l’autre? «Ne pas attendre le 23 décembre pour faire ses cadeaux en payant le prix fort peut être bénéfique: cela permet de planifier et de budgéter ses dépenses, de profiter de rabais, mais aussi de comparer, de faire jouer la concurrence, appuie la journaliste de formation. Attention toutefois: comme lors du Black Friday, il faut se méfier des promotions qui n’en sont pas.»
La peur de la concurrence
Et d’un point de vue marketing, est-ce une bonne idée de lancer les ventes de Noël si tôt? Markus Christen, professeur de marketing à la Faculté de hautes études commerciales (HEC) de Lausanne s’en amuse. «Les gens se sont habitués à ce phénomène. Et, cette année, avec toutes les crises que nous traversons, ça peut faire du bien de penser à Noël.»
Aux yeux de cet ex-enseignant de l’Institut européen d’administration des affaires (INSEAD), l’intérêt n’est pas forcément commercial. «Je ne suis pas sûr que les ventes augmentent, même si c’est possible. Je pense surtout que les entreprises ont peur de ne pas suivre la concurrence. C’est d’ailleurs pour cette raison que les campagnes de Noël débutent toujours un peu plus tôt.»
«C’est ainsi depuis 15 ans»
Également contacté ce 12 octobre, Kevin Nicolau, gérant du magasin King Jouet de Lausanne, assure que les décorations rouges et blanches ne sont pas arrivées plus tôt qu’en 2022. «Je travaille ici depuis 15 ans, nous commençons toujours à mi-octobre. C’est ainsi parce que notre catalogue de Noël sort la semaine prochaine.»
Le responsable de la succursale constate une demande de la part de la clientèle. «Avec les problèmes d’approvisionnement dus au Covid ces dernières années, les gens anticipent beaucoup plus. Ils peuvent ainsi profiter plus longtemps de nos promotions.»
Un avantage pour… le personnel
Cette configuration profite aussi au personnel, appuie Kevin Nicolau. «La charge de travail pour les employés se répartit ainsi sur plusieurs mois. Si nous nous concentrions que sur le mois de décembre, ce serait compliqué.»
Reste qu’à ce rythme-là, on pourrait bien voir les lapins de Pâques, les cœurs de la Saint-Valentin et Rudolphe faire la chenille dans les grandes surfaces à longueur d’année. On en parle après Halloween et le Black Friday?