«Je n'ai pas de passeport britannique. Ce que vous lisez sur Wikipedia n'est pas correct.» C'est ainsi que la conseillère d'État nidwaldienne Michèle Blöchliger a répondu lundi lors de sa conférence de presse d'annonce de candidature à la succession d'Ueli Maurer.
Un journaliste s'interrogeait sur le fait qu'elle explique sur son site internet que l'anglais était sa «deuxième langue maternelle». Sa mère était Anglaise, a expliqué Michèle Blöchliger. Tout en assurant qu'elle ne possédait pas la nationalité du Royaume-Uni.
Moins de 48 heures plus tard, cette phrase lui coûte (déjà) cher. Car, entre-temps, l'élue UDC a été contrainte de rétropédaler: oui, elle possède bien la double nationalité, a-t-elle avoué à la presse alémanique. L'encyclopédie s'était basée sur le site internet de Michèle Blöchliger, où elle indiquait jusqu'à l'année dernière qu'elle était double nationale. Une information qui avait disparu entre-temps, mais internet n'oublie rien: une simple visite via le moteur de recherche «Wayback Archive» permet de retrouver la version antérieure.
Elle veut rendre son passeport
Fait cocasse: Blick avait interrogé la directrice nidwaldienne des Finances à ce sujet avant même sa conférence de presse. Elle avait, là aussi, expliqué sans détour que l'information selon laquelle elle possède deux passeports est fausse.
Michèle Blöchliger assurait qu'elle n'avait eu la nationalité britannique que lorsqu'elle était enfant et que son passeport était «expiré depuis dix ans», raison pour laquelle elle a indiqué durant la conférence de presse qu'elle n'était que Suissesse. La candidate au Conseil fédéral «s'excuse de s'être exprimée de façon imprécise et malheureuse» en conférence de presse. «Je dois partir du principe que j'ai toujours théoriquement la nationalité», reconnaît-il, tout en indiquant qu'elle veut désormais rendre son passeport, même échu.
Le fait que Michèle Blöchliger se présente au Conseil fédéral en tant que double nationale ne pose aucun problème juridique. Mais ses allers-retours en matière de communication semblent étranges. Il y a un an encore, elle savait pertinemment qu'elle avait la nationalité britannique — et voilà qu'elle le nie tout à coup, lors de la conférence de presse la plus importante de sa vie. Voilà qui ne donne pas une bonne image de celle qui aimerait devenir la première conseillère fédérale UDC.
Le précédent Ignazio Cassis
Pourquoi Michèle Blöchliger aurait-elle dissimulé sa double nationalité? L'une des pistes, c'est que ce n'est pas très bien vu dans son parti. Elle doit le savoir, elle qui a fait partie de la commission de recherche de l'UDC, dont la tâche est de passer au crible les candidats potentiels.
C'est précisément l'actuel président du parti, Marco Chiesa, qui a demandé en 2017 via une initiative parlementaire que les conseillers fédéraux ne puissent pas avoir de deuxième nationalité. Son texte n'avait alors pas franchi l'écueil du Conseil national.
L'intervention de Chiesa a été motivée par les cas de l'actuel conseiller fédéral PLR Ignazio Cassis et de son adversaire de l'époque, Pierre Maudet. En 2017 encore, le Tessinois Cassis possédait aussi la nationalité italienne, et le Genevois Maudet la française. Le premier nommé avait rendu son passeport.
Jusqu'à présent, l'UDC ne s'est pas exprimée sur les confusions concernant la double nationalité de Michèle Blöchliger. La section cantonale de Nidwald doit avaliser ce mercredi, lors d'une assemblée extraordinaire, la candidature de sa conseillère d'État.