C'est donc Hans-Ueli Vogt! La section zurichoise de l'UDC avait annoncé qu'elle présenterait une «personnalité extrêmement compétente» pour briguer le siège laissé vacant par Ueli Maurer.
Sur la succession d'Ueli Maurer
Le suspense a été levé vers 11 heures, lorsque cet avocat et professeur de droit qui a siégé au Conseil national entre 2015 et 2021 s'est avancé face à la presse. «Avec Hans-Ueli, nous présentons une personnalité de la ville de Zurich qui connaît bien la vie urbaine, a argumenté le président cantonal Domenik Lederberger. Mais il n'a jamais oublié ses racines et a les pieds sur terre. Ses qualités humaines en font le candidat idéal pour le Conseil fédéral.»
Plutôt un homme de l'ombre
Qui est Hans-Ueli Vogt? Au Parlement, le natif de Winterthour s'était constamment engagé en faveur de la liberté et l'indépendance, a relevé le président de l'UDC zurichoise. La carrière politique de Hans-Ueli Vogt a commencé en 2011, lorsqu'il a été élu au Grand Conseil de son canton. Il a réussi à se faire élire au National en 2015, où il est resté jusqu'en 2021. Il s'est retiré pour se reconcentrer sur son travail juridique. «Le Parlement n'est pas l'endroit où je peux exprimer le mieux mes qualités», avait expliqué alors le professeur de droit.
Et le Conseil fédéral? «Je suis prêt à m'engager dans cette fonction», a expliqué ce mercredi matin le Zurichois. L'avocat veut se présenter pour ce qu'il est: un intellectuel. «Avoir la tête bien pleine est sans doute un avantage au Conseil fédéral», a ironisé l'ancien élu avec un grand sourire. Il entend profiter de sa notoriété sous la Coupole: la plupart des parlementaires le connaissent, puisqu'il y siégeait jusqu'à l'année dernière.
Il s'agit d'un changement de paradigme pour Hans-Ueli Vogt, qui avait plutôt un profil de milicien qui n'aime pas trop les projecteurs. Il avait lui-même avoué un jour qu'il «n'appréciait pas d'être au centre de l'attention», et qu'il était épanoui lorsqu'il participait à trouver des solutions constructives.
Intello, gay, branché
Le candidat à la succession Maurer ne correspond pas du tout au cliché d'un membre de l'UDC: il habite dans le quartier branché de Zurich (le fameux «Kreis 5»), est intello et ouvertement homosexuel. Blick l'avait rencontré chez lui en 2015, avant son entrée au Parlement.
A l'époque, un conseiller national UDC venait de défrayer la chronique en estimant que les gays ont «un lobe cérébral qui fonctionne à l'envers». Hans-Ueli Vogt n'avait pas fait grand cas de cette déclaration. «Ces mots sont forts et très crus, mais ils ne s'agit que d'une provocation. Aucun homosexuel ne devrait se sentir concerné».
Mercredi, en conférence de presse, une question a surgi sur cette thématique. «Est-ce que la Suisse est prête pour un premier conseiller fédéral gay?», a demandé une journaliste. Hans-Ueli Vogt ne s'attendait pas à cette question, a-t-il avoué. Dans sa perception d'homme et de politicien, l'orientation sexuelle ne joue aucun rôle, a répondu le Zurichois. Mais il perçoit comme un avantage le fait d'appartenir à une minorité. «Cela permet d'avoir une compréhension particulière pour les minorités», assure-t-il. Mais la Suisse est de toute manière un pays tolérant envers les homosexuels, a également relevé Hans-Ueli Vogt.
Davantage que par son orientation sexuelle, le candidat à la succession Maurer s'est fait connaître ces dernières années en tant que père de l'initiative de l'UDC sur les «Juges étrangers». Il s'agissait alors de son cheval de bataille: le droit. «Ce texte visait à inscrire dans la Constitution ce qui est la base de la doctrine juridique: le droit suprême est déterminé par les citoyens», argumentait-il. En vain: le texte a été refusé par deux tiers des Suisses en 2018.
Hans-Ueli Vogt est également bien aligné sur la ligne UDC en matière de migration. «L'immigration en provenance de cultures qui interdisent aux personnes homosexuelles de mener une vie en toute liberté, je la ressens comme un danger pour l'ouverture de notre société», déclarait-il à Blick en 2015.
La candidature de Hans-Ueli Vogt est à prendre au sérieux, a assuré Domenik Lederberger. Le président de la section zurichoise de l'UDC s'attend à ce que son poulain convainque la commission ad hoc du parti et se qualifie pour le ticket final du parti. Le nombre de places pour cette finale n'est pas encore claire. «Je me présente de façon très sérieuse», a plusieurs fois assuré Hans-Ueli Vogt.
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Après une vague de refus
L'UDC zurichoise a donc enfin trouvé son poulain. Pourtant, ces derniers jours, la mode était plutôt au refus. La favorite Natalie Rickli a préféré rester au gouvernement cantonal, Gregor Rutz a décliné. Le conseiller national Thomas Matter ne voulait pas non plus siéger au Conseil fédéral.
Il faut dire que l'UDC zurichoise n'a pas vraiment le vent en poupe: elle a récemment connu de mauvais résultats électoraux. En 2019, elle a subi des pertes tant aux fédérales qu'aux cantonales. Il en va de même pour les élections communales dans la ville de Zurich et les grandes communes de l'agglomération zurichoise.
Deux Bernois, un Zougois et une Nidwaldienne
Alors que les Zurichois ont enfin trouvé la perle rare, la section bernoise de l'UDC a abondance de biens. Elle a déjà deux candidats sur les rangs: le conseiller national bernois Albert Rösti, ancien président de l'UDC et donné grand favori, et le conseiller aux Etats Werner Salzmann.
Le directeur des Finances du canton de Zoug Heinz Tännler et, plus récemment, la conseillère d'Etat nidwaldienne Michèle Blöchliger, ont également fait part de leur intérêt.