Elle a pour modèles le bientôt ex-conseiller fédéral UDC Ueli Maurer et feu la reine Elisabeth II. Alors que Michèle Blöchliger n’a pas de liens familiaux avec la couronne britannique, malgré une mère anglaise, elle pourrait tout à fait succéder à son camarade de parti. C’est en tout cas ce à quoi la juriste aspire, comme elle l’a annoncé lundi après-midi: «Je suis prête à être candidate au Conseil fédéral».
La directrice des finances du canton de Nidwald a justifié sa candidature par le fait que la Suisse est un pays merveilleux avec une démocratie unique qu’il faut préserver. C’est ce qu’elle compte faire, encouragée par ses trois enfants. Ces derniers l’ont également motivée à proposer sa candidature.
Fondatrice de l’UDC de Nidwald
A part les Nidwaldiens et les membres de l’UDC, rares étaient ceux qui connaissaient déjà Michèle Blöchliger. Dans le canton de Suisse centrale, elle est déjà considérée comme une figure de proue. Elle a cofondé l’UDC de Nidwald en 1999 et a présidé le groupe cantonal jusqu’en 2005. De 2002 à 2018, elle a été membre du parlement cantonal avant d’être élue au Conseil d’Etat.
Lors de son premier mandat, la cinquantenaire originaire d’Hergiswil (NW) a pris la tête de la direction de la santé et des affaires sociales. Elle a donc particulièrement été sollicitée ces deux dernières années pour faire face à la pandémie de Covid-19. En tant que directrice de la santé, Michèle Blöchliger a imposé ses propres restrictions sanitaires, dans une ligne de conduite parfois différente de celle du ministre de la Santé Alain Berset. La Nidwaldienne avait décidé de laisser les terrasses ouvertes dans les stations de ski, mais elle a finalement dû céder. Après les dernières élections, la conservatrice a repris la direction des finances.
Pour l’instant, Michèle Blöchliger est la seule femme de l’UDC à avoir exprimé son envie de succéder à Ueli Maurer au sein du gouvernement. Ses chances d’être élue par l’Assemblée fédérale sont néanmoins faibles. Comme elle n’a jamais siégé au Parlement fédéral, on ne la connaît guère en dehors du groupe parlementaire de l’UDC. C’est aussi l’avis de ses collègues de parti.
Par le passé, les conseillers d’Etat ont toujours eu du mal à se faire élire au Conseil fédéral par les conseillers nationaux et les conseillers aux Etats. Même Karin Keller-Sutter, 58 ans, n’a pas réussi à sauter directement de Saint-Gall à Berne. Elle a d’abord dû devenir conseillère aux Etats avant d’accéder sans encombre au poste de conseillère fédérale lors de sa deuxième tentative.
«J’ai beaucoup de qualités»
Ces statistiques n’ont pas l’air de décourager Michèle Blöchliger. «En toute modestie, je peux dire que mon parcours privé, professionnel et politique me permet de réunir de nombreuses conditions pour cette fonction exigeante», affirme la candidate. Outre sa carrière politique, elle est avocate de profession, a acquis une expérience de direction dans une grande banque et a été directrice d’une PME. Sur son site Internet, elle cite ces passe-temps: «vin & fromage, whiskey & cigares».
Michèle Blöchliger sait exactement ce qu’il faut apporter pour occuper un poste de haut niveau au sein de l’UDC. Ces dernières années, lorsque le parti avait un poste à pourvoir, elle faisait souvent partie de la commission de sélection. En 2015, elle a examiné sous toutes les coutures les candidats au Conseil fédéral avec Adrian Amstutz, alors chef de groupe de l’UDC. Elle avait jugé Guy Parmelin «éligible».
La représentation de la Suisse centrale avant tout
Il y a deux ans, elle était membre de la commission chargée d’examiner les candidats à la présidence du parti. Jusqu’à lundi, il était également prévu qu’elle donne son avis sur les potentiels successeurs d’Ueli Maurer. Or, avec l’annonce de sa propre candidature, elle n’est évidemment plus membre de la commission actuelle de sélection, explique Kaspar Baader, président de cette dernière.
Même si Michèle Blöchliger ne parvient pas à se faire élire au Conseil fédéral, elle devrait toutefois figurer sur le ticket de son parti: les appels à la présence d’une candidate UDC se font de plus en plus pressants pour éviter un ticket 100% masculin.
Son genre ne joue aucun rôle dans sa candidature, mais Michèle Blöchliger le dit elle-même: «Le fait que je sois une femme est une qualité qui est simplement donnée.» Pour elle, la représentation de la région de la Suisse centrale au sein du gouvernement national passe avant tout.