La majorité bourgeoise de la Chambre basse l'a emporté à sept voix près face à l'opposition des Vert-e-s, du Parti socialiste et des Vert'libéraux. La motion, adoptée lundi, prévoit d'élargir le tronçon autoroutier entre Genève et Lausanne par le biais d'une troisième piste dans les deux sens. La conseillère nationale libérale-radicale Simone de Montmollin a voté pour. Interrogée par Blick, la Genevoise – qui est candidate à sa réélection ainsi qu'au Conseil des Etats – expose sa vision de la mobilité.
L’environnement arrive en tête de vos priorités sur votre site internet et vous dites vouloir «accélérer les développements vers une mobilité à faible émission». Vous soutenez pourtant une autoroute à six voies. Vous nagez en plein paradoxe, non?
Non, la mobilité à basse émission comprend les véhicules électriques ou à hydrogène. Pour une solution multimodale, on ne doit pas opposer la mobilité individuelle à la mobilité collective.
Ne risque-t-on pas de créer un appel d’air qui débouchera sur davantage de bouchons?
Il faut se rappeler que l’autoroute A1 a été construite dès 1960 pour l’exposition nationale de 1964. Cette infrastructure est aujourd’hui désuète, puisqu’elle n’a pas été redimensionnée, malgré une augmentation de la population de six à bientôt neuf millions. C’est simplement une question d'adaptation à cette évolution démographique et de sécurité pour les usagers.
Justement: dans les années 1960, des ingénieurs préconisaient déjà six pistes pour l’A1 et dénonçaient un manque de vision. Pourquoi ne pas prévoir huit voies, tant qu’on y est?
L’exiguïté de notre territoire est une contrainte importante. Obtenir six pistes demande déjà beaucoup de travail et de négociations. Il s’agit d’un arbitrage entre la sécurité des usagers et l'utilisation du sol. Avec six voies, on résout déjà passablement les problèmes actuels et futurs, et on n’impacte que très marginalement le territoire.
Vous venez de le dire, notre territoire est exigu. N’est-ce pas utopique de vouloir promouvoir tous les moyens de transports avec si peu de place?
La réalité, c’est qu’on ne peut pas mettre tout le monde dans un train, d'où la nécessité d'une stratégie multimodale. Ces trente dernières années, on a abordé la politique des transports uniquement par le prisme du passage de la route au rail. C’est extrêmement positif pour le transport des marchandises, mais moins pour celui des passagers, parce qu’on ne tient pas compte de leur comportement.
C’est-à-dire?
Si on prenait mieux en compte les habitudes de mobilité, on comprendrait que le trafic individuel reste et restera nécessaire. N'oublions pas que toutes les régions n'ont pas la même desserte en transport public et qu'un quart de la population vit à la campagne. Opposer le rail et la route nous a conduits à sous-dimensionner nos infrastructures routières. J’étais encore cet été en Allemagne. Dès mon retour en Suisse, j’étais dans les bouchons! C’est pathologique! Aucun pays au monde ne peut imaginer supprimer les routes et n’utiliser que le rail. Un charpentier ne peut pas utiliser les transports publics.
Dans votre programme, vous plaidez pour des «conditions-cadres permettant aux entreprises et aux individus de faire des choix responsables» en matière de durabilité. Quelles sont ces conditions-cadres pour la mobilité?
Il faut favoriser les innovations dans le domaine de la mobilité bas-carbone en Suisse. Or, notre politique d’accueil des startups et autres entreprises à la pointe dans ce domaine n’est pas assez proactive. Par ailleurs, la fluidification du trafic fait aussi partie des solutions. Aujourd’hui, on a 14’000 heures de bouchons sur l’A1. En termes d’impact sur l’environnement et l'économie, c’est complètement fou!