L'initiative sur les rentes AVS des jeunes libéraux-radicaux doit être soumise au peuple – et ce sans contre-projet. C'est ce qu'a décidé la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique du Conseil national (CSSS-N) lundi, après une séance mouvementée, par 14 voix contre 11. Au lieu de cela, l'initiative sera discutée dès mardi matin.
Le Conseil national a approuvé une motion d'ordre en ce sens par 146 voix contre 30 et 11 abstentions. Le chef du groupe UDC Thomas Aeschi a fait valoir que le calendrier pour un contre-projet sérieux – qui aurait dû être adopté par le Conseil national avant la fin de l'année – était trop serré. De plus, les partisans du contre-projet n'étaient pas unis autour d'une stratégie commune.
Les libéraux-radicaux n'ont pas réussi à convaincre
La proposition a été combattue par le chef de groupe du PLR Damien Cottier. Selon lui, le calendrier est certes sportif, mais la commission ne devait pas abandonner. Il n'a pas réussi à convaincre et ressort donc perdant.
Avec le refus d'entrer en matière sur un contre-projet, les jeunes libéraux-radicaux voient partir en fumée l'élégante issue d'un retrait de l'initiative controversée.
Avec son initiative sur les rentes AVS déposée en 2021, la jeunesse du PLR demande une augmentation de l'âge de la retraite pour l'ensemble de la population. D'ici 2032, l'âge de la retraite passerait progressivement de 65 à 66 ans, puis serait lié à l'espérance de vie: il augmenterait de 0,8 mois par mois d'espérance de vie supplémentaire. Pour atteindre 67, 68 ans ou plus – de manière automatique.
Échec quasi certain auprès du peuple
En cas de votation populaire, cette initiative n'aurait aucune chance, comme le montrent les sondages. Le report de l'âge de la retraite des femmes à 65 ans avait déjà été accepté de justesse. Augmenter l'âge de départ à la retraite pour tous semble donc voué à l'échec.
La semaine dernière, le Conseil national avait renvoyé l'affaire à la commission par 93 voix contre 92, après un retournement de situation rocambolesque. Le PLR, les Vert'libéraux et l'UDC ont fait pression pour entrer en matière sur le contre-projet. L'astuce: le relèvement de l'âge de la retraite devait être emballé dans de la ouate et camouflé en frein à l'endettement de l'AVS.
«Équité entre les générations»
Pour le parlementaire zurichois PLR Andri Silberschmidt, benjamin du Conseil national à l'origine du coup de théâtre de la semaine dernière, il était là question d'«équité entre les générations». Le politicien de 29 ans a esquissé des valeurs de référence: les recettes et les dépenses de l'AVS devraient rester équilibrées à long terme.
Dès que les dépenses prévues dépassent trop fortement les recettes sur une certaine période, l'âge de la retraite serait relevé d'un mois par année civile jusqu'à ce que les dépenses et les recettes soient à nouveau équilibrées. Le mécanisme devrait également fonctionner dans le sens inverse: si l'AVS se porte mieux que prévu, l'âge de la retraite pourrait à nouveau être abaissé.
Rangs désunis en commission
Andri Silberschmidt a toutefois présenté sa proposition dans une version plus ouverte. Mais même ainsi, elle n'a pas obtenu de majorité.
Au sein de la commission, l'UDC, le PLR et les Vert'libéraux ont pourtant une majorité de 13 voix sur 25. Mais lors de la discussion, plusieurs variantes se sont affrontées, ce qui a conduit à une fragmentation de l'alliance de circonstance entre les trois partis.
Le Conseil fédéral devra trouver une solution pour 2026
Lors du débat, un modèle de temps de travail à vie a même été mis en avant, mais il a été abandonné lors du vote final. La commission s'est donc retrouvée les mains vides.
Des membres de l'UDC auraient par ailleurs émis des réserves. Selon certaines sources, le chef de groupe Thomas Aeschi avait insisté sur la motion d'ordre. Lors des débats parlementaires de la semaine dernière, il s'était déjà opposé à un contre-projet. Avec un relèvement automatique de l'âge de la retraite, «on surchargerait définitivement la barque», avait-il critiqué. De plus, le Parlement a déjà chargé le Conseil fédéral de présenter une solution d'ici fin 2026 afin de stabiliser durablement l'AVS.