L'année dernière, l'UDC Walter Wobmann a quitté son mandat de conseiller national. Mais le Soleurois reste actif sur le plan politique. Sa mission la plus importante actuellement: diriger le comité pour l'initiative sur la neutralité.
Cette initiative, lancée par l'organisation Pro Schweiz, vise à ancrer la «neutralité perpétuelle et armée» dans la Constitution. En outre, la Suisse ne pourrait adhérer à aucune alliance militaire ou de défense, sauf en cas d'attaque militaire directe contre la Suisse. Les «mesures de coercition non militaires» contre les pays belligérants seraient également interdites, sauf si elles sont décidées par l'ONU. Dans une interview accordée à Blick, Walter Wobmann explique pourquoi il veut convaincre les électeurs de voter oui.
Monsieur Wobmann, vous pourrez soumettre la question de la neutralité au peuple. Mission accomplie?
Oui, l'initiative aboutira. Nous avons récolté près de 140'000 signatures et près de 110'000 signatures sont déjà certifiées. Le 11 avril à 14 heures, nous déposerons l'initiative à la Chancellerie fédérale. D'ici là, nous continuons à récolter des signatures.
Ce faisant, vous alimentez un débat d'une brûlante actualité au vu de la guerre en Ukraine.
C'est le moment idéal pour aborder la question. Non seulement en raison de la guerre en Ukraine, mais aussi en raison de la menace d'un rattachement à l'OTAN. La neutralité perpétuelle est un modèle de paix pour la Suisse, les gens ne veulent pas le mettre en péril. Pendant plus de 200 ans, nous avons ainsi été épargnés par les guerres.
La neutralité fonctionne donc! Il n'y a aucune raison de l'inscrire encore plus fortement dans la Constitution.
Si! L'évolution actuelle montre que la neutralité est constamment édulcorée et qu'on veut l'affaiblir encore plus. Cela est ensuite enveloppé dans des mots creux comme « politique de neutralité flexible», «différenciée» ou «active». Certains cercles ne veulent de la neutralité qu'au cas par cas. Nous voulons mettre un terme à cette évolution. On est neutre ou on ne l'est pas. Il n'y a pas de demi-mesure. Pas plus qu'une femme ne peut être à moitié enceinte.
La guerre menée par les Russes prouve qu'au fond, la neutralité n'est pas possible. Celui qui reste «neutre» prend parti pour l'agresseur.
Un État peut aussi rester neutre dans cette situation et assumer ainsi un rôle particulier. Cela lui ouvre la possibilité de jouer un rôle de médiateur pour la paix. Pour un petit Etat comme la Suisse, ce serait une tâche honorable et, avec la Genève internationale, nous disposerions de conditions merveilleuses. Mais en adoptant les sanctions de l'UE contre la Russie, nous nous sommes barrés la route. Aux yeux des Russes, nous ne sommes plus neutres.
Si nous ne soutenions pas les sanctions de l'UE, nous deviendrions un outsider.
Nous sommes un pays indépendant et pouvons décider par nous-mêmes. Les sanctions de l'UE sont un coup d'épée dans l'eau et n'ont rien apporté à la paix. Je voudrais toutefois souligner clairement que la Suisse peut continuer à soutenir les sanctions décidées par l'ONU.
Malgré tout, la compréhension d'une stricte neutralité s'effrite, comme le montre le rapport «Sécurité 2023». Une majorité souhaite même un rapprochement avec l'OTAN.
Lorsque l'on montre aux gens ce que signifie un rapprochement ou même une adhésion à l'OTAN – à savoir la participation de soldats suisses à la guerre pour d'autres pays et des intérêts étrangers –, la situation est différente. La majorité ne veut pas jouer les guerriers. Ce n'est que lorsque nous sommes directement attaqués que nous pouvons nous allier à d'autres. Si nous sommes transformés en partie de guerre, nous devons nous défendre.