La guerre en Ukraine fait grimper les coûts de l'énergie. L'inflation augmente et ce problème préoccupe les politiciens suisses. L'UDC prend pour modèle les pays voisins qui réduisent le prix de l'essence. La semaine prochaine, lors d'une session extraordinaire imposée par l'UDC, le Conseil des États et le Conseil national se prononceront sur des interventions demandant par exemple une réduction de moitié des taxes sur les carburants ou une augmentation de la déduction fiscale pour les pendulaires.
Le parti augmente donc la pression sur ses collègues bourgeois. Lors d'une rencontre avec Blick, le chef de l'UDC Marco Chiesa met sur la table un projet qui devrait être annoncé dans les prochains jours. «Le PLR et le Centre font saigner les métiers de la classe moyenne!», peut-on lire en gros caractères sous les portraits du chef du PLR Thierry Burkart et du président du centre Gerhard Pfister.
Monsieur Chiesa, vous n'êtes pas tendre avec vos alliés, le PLR et Le Centre. Pensez-vous vraiment pouvoir les rallier à une baisse du prix de l'essence en attaquant ainsi leurs présidents?
Marco Chiesa: Oh, ce n'est qu'un petit coup de pouce. Thierry Burkart gagne plus de 100'000 francs par an en tant que président de l'association des véhicules utilitaires Astag. J'attends donc de lui qu'il s'engage pour la branche des transports. Au centre, Gerhard Pfister n'est pas le seul à devoir s'engager, lui qui prétend défendre les familles. Il y a aussi Fabio Regazzi, président de l'Union des arts et métiers, ou Markus Ritter, président de l'Union des paysans. Nous attendons un large soutien de la part du PLR et du Centre. Toute autre posture serait une politique de l'autruche. Les bourgeois doivent annoncer la couleur!
Mais les coûts élevés de l'énergie préoccupent tous les partis. Le PLR et le Centre demandent également un allègement...
Mais à moitié seulement! Les deux partis sont encore très hésitants. Selon la sagesse populaire, «le mieux est l'ennemi du bien». Mais on ne peut pas toujours espérer une solution optimale et renoncer entre-temps à toutes les solutions qui s'offrent à nous. Ce n'est pas ainsi que l'on fait avancer les choses.
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Et que ferez-vous si ces partis ne vous suivent tout simplement pas?
Le prix de l'essence – à certains endroits, on paie plus de 2,30 francs par litres — est un énorme problème pour notre population. Nous allons donc maintenir la pression et intervenir à nouveau au Parlement, mais nous voulons aussi mobiliser la population. Par le biais d'une pétition, d'une manifestation ou, le cas échéant, d'une initiative populaire. Seulement, une initiative populaire prendrait trop de temps, et les gens ressentent maintenant les coûts dans leur porte-monnaie. C'est pourquoi nous devons agir. Nous en aurons l'occasion la semaine prochaine!
Apparemment, la population supporte très bien le prix de l'essence, si l'on en croit les images des embouteillages de plus de dix kilomètres au Gothard à la Pentecôte...
Il faut considérer le problème dans son ensemble. L'augmentation du prix de l'essence ne touche pas seulement l'automobiliste individuel, mais toute la chaîne d'approvisionnement. Une essence plus chère signifie des coûts de transport plus élevés et donc des marchandises plus chères. À cela s'ajoutent également des coûts de chauffage plus élevés. Les coûts énergétiques alimentent l'inflation. Tout devient plus cher! L'Italie, la France ou l'Allemagne ont déjà agi et réduit considérablement le prix de l'essence. Nous sommes à la traîne et devons agir maintenant. Sinon, ce sont les classes moyennes, la population rurale et les entreprises qui paieront la note. Sans oublier les exploitants de stations-service!
Pourquoi les exploitants de stations-service?
Ceux-ci souffrent particulièrement dans les régions frontalières. Les autochtones traversent la frontière pour faire le plein. Les frontaliers - ils sont 75 000 au Tessin - font le plein chez eux plutôt que chez nous. Et même les personnes de passage ne s'arrêtent qu'après la frontière au lieu de s'y arrêter pour faire le plein. Ces personnes manquent aussi dans les boutiques et les cafés des stations-service.
Une réduction des taxes sur les huiles minérales de moitié est prévue pour ces exploitants. Cela représente environ 40 centimes par litre. Est-ce vraiment très utile?
L'inflation est alimentée par les prix de l'énergie. Avec une baisse, nous ne résolvons pas complètement le problème, mais nous le réduisons et assurons au moins une stabilisation. Si nous ne faisons rien maintenant, la population le ressentira de plus en plus fortement. Nous risquons alors de connaître en Suisse un mouvement de gilets jaunes comme en France. Le Conseil fédéral, qui ne fait rien, sous-estime complètement la situation.
Environ 4,5 milliards de francs sont versés à la Confédération via les impôts sur les huiles minérales, dont plus de trois milliards vont à la caisse routière. S'il en manque une grande partie, nous roulerons certes moins cher, mais sur des routes en mauvais état...
Il faut considérer que la réduction touchera la part qui s'en va dans les caisses générales de la Confédération et non la part attribuée aux routes. Nous pourrons ainsi soulager les automobilistes. De plus, nous voulons une baisse limitée à quatre ans maximum. De bonnes routes ne servent à rien s'il nous manque l'argent pour faire le plein.
Le problème, ce sont les groupes pétroliers qui font de grosses marges. Un impôt sur les bénéfices de crise ne serait-il pas une meilleure solution?
Non, sinon il faudrait aussi compenser les pertes. La concurrence fonctionne. Si nous baissons les taxes sur les carburants de 30 centimes par exemple, cela doit être intégralement répercuté sur la population. C'est là que nous serons vigilants.
Une alternative serait un ticket à 9 francs pour les transports publics, comme en Allemagne. Dans ce cas, le prix de l'essence ne serait pas un problème...
Si l'on vit à Zurich et que l'on n'a besoin que du tram, on n'a de toute façon aucun problème. Mais un tel ticket ne fonctionne pas pour les régions périphériques, car de nombreux pendulaires sont tributaires d'une voiture. Il n'apporte rien non plus aux artisans. Un électricien ou un menuisier ne peut pas prendre les transports publics avec tout son matériel. Et honnêtement, nous investissons déjà suffisamment d'argent dans les transports publics.
Revenons à l'inflation: votre conseiller fédéral Guy Parmelin propose des augmentations de salaire pour compenser le renchérissement. Soutenez-vous cette proposition?
La plus grande pression sur les salaires résulte surtout de la libre circulation des personnes en raison de l'immigration massive - en tant que Tessinois, je sais de quoi je parle. Des salaires plus élevés dépendent de la productivité, de la qualité et de l'innovation. Si les coûts du travail augmentent avec le renchérissement, les augmentations de salaire seront difficiles. Mais bien sûr: des salaires plus élevés sont toujours un objectif.
Quelles sont vos recettes - outre le coût de l'énergie - pour stopper l'inflation?
La Banque nationale est nécessaire pour stabiliser l'évolution des prix. Et - je dois le répéter - les coûts de l'énergie doivent baisser. C'est le principal moteur sur lequel nous pouvons nous-mêmes intervenir activement.
(Adaptation par Thibault Gilgen)