Quel niveau de langue faut-il afin de briguer la naturalisation et donc le passeport suisse? C'est la question qui agite l'UDC zougoise. Par le biais d'une motion, la section cantonale demande un nouveau durcissement de la loi: les candidats à la naturalisation doivent mieux parler allemand.
La législation se base sur le portfolio européen des langues, qui note les compétences de A1 (débutant complet) à C2 (maîtrise proche de la langue maternelle). Actuellement, il faut des connaissances de niveau B1 (troisième palier sur six) à l'oral et A2 à l'écrit. C'est ce que prévoit l'ordonnance sur la nationalité suisse, qui fixe les exigences minimales.
Or, l'UDC zougoise voudrait pousser les exigences d'un palier, à savoir B2 à l'oral et B1 à l'écrit. «Nous estimons que les exigences sont actuellement trop basses», déclare le chef du groupe UDC, Philip C. Brunner, au portail Zentralplus. En Suisse romande, le niveau B1 à l'oral et A2 à l'écrit suffit, comme actuellement à Zoug.
La compétence en la matière est cantonale. L'UDC de Zoug aimerait que donc que son petit canton de Suisse centrale imite Saint-Gall et Schwyz, qui ont renforcé les obstacles à la naturalisation. «Posséder le passeport suisse doit être un grand privilège, et la langue est un élément important d'une intégration réussie», argumente-t-il.
«Une fausse solution», selon le PS
Le Parti socialiste zougois voit les choses différemment. Certes, l'apprentissage de l'allemand est central pour une intégration réussie. Mais ce n'est qu'un élément parmi d'autres pour une intégration réussie. «La participation à la vie sociale et à la vie professionnelle est tout aussi importante», déclare le chef du groupe PS, Beat Iten.
Se concentrer uniquement sur la langue est une approche «extrêmement unilatérale qui ne tient pas compte de la complexité de la naturalisation», poursuit-il. C'est pourquoi, pour le PS, un renforcement du niveau de langue ne serait qu'une «fausse solution».
Dans le même temps, Beat Iten rappelle que la loi sur la naturalisation a déjà été durcie au niveau national en 2018. Depuis, on observe selon lui un net recul des naturalisations. «Les obstacles sont devenus trop élevés pour beaucoup.»
Pour le PS, de nouveaux durcissements sont donc inutiles. «L'augmentation des exigences linguistiques risque en outre de créer une société à deux vitesses, ajoute le chef du groupe socialiste. Les personnes arrivées de l'espace germanophone ou issues d'un milieu proche de la formation obtiennent plus facilement la naturalisation, indépendamment de leur degré d'intégration.»
Bientôt une initiative populaire?
Au niveau national, le vent souffle plutôt dans l'autre sens: des efforts sont actuellement déployés pour abaisser les obstacles à la naturalisation. À l'origine d'une initiative populaire, l'association «Vierviertel» souhaite un «droit fondamental à la naturalisation». Le texte demande que les étrangers aient droit à la nationalité suisse s'ils résident légalement en Suisse depuis cinq ans. Aujourd'hui, dix ans sont nécessaires.
Celui qui vit en Suisse devrait avoir le droit de participer pleinement à la vie politique et sociale, affirme l'association «Vierviertel» dans son manifeste: «Le seul moyen d'y parvenir est la naturalisation. Pour pouvoir participer aux élections et aux votations, avoir droit à un séjour sûr et, surtout, au droit d'être reconnu comme un membre à part entière de la communauté.»
Mais il faudra encore s'armer de patience: l'association compte commencer à récolter des signatures ce printemps seulement.