Ce n'était pas un exercice de rattrapage après le fiasco de la conférence de presse d'Ignazio Cassis. La preuve: la présence d'Ueli Maurer dans l'émission «Gredig direkt» de SRF avait été négociée de longue date et n'avait aucun lien avec la crise en Ukraine. Le conseiller fédéral UDC a pourtant été beaucoup plus loquace que le président de la Confédération et ministre des Affaires étrangères.
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L'invasion russe en Ukraine a pris le Conseil fédéral totalement par surprise. «À l'heure qu'il est, nous tentons surtout de comprendre les implications de cet événement, de chercher une interprétation», a expliqué le ministre des Finances. Il règne une «grande perplexité» au sein du collège gouvernemental après la journée de jeudi.
La première analyse personnelle d'Ueli Maurer, c'est que sitôt qu'un vide militaire se crée, par exemple au sein de l'OTAN, il sera exploité. Le ministre UDC en a donc profité pour plaider en faveur d'une armée forte. «Nous ne devons pas laisser ce vide s'installer. Nous devons veiller à ce que le pire puisse être évité et que la protection de la population puisse être garantie chez nous, en Europe et même en Ukraine, dans la mesure du possible», a estimé Ueli Maurer.
La Suisse comme médiatrice?
Le Zurichois a aussi expliqué que la Suisse avait «sous-estimé» Vladimir Poutine. La Russie s'est sentie humiliée après la chute du Mur de Berlin, et comme souvent dans l'histoire, une humiliation se solde par un conflit, a relevé Ueli Maurer. Le ministre des Finances a toutefois assuré qu'il gardait «un certain optimisme».
Il y a peut-être une chance que notre pays, forte de son statut de pays neutre et de son expérience des bons offices, puisse jouer un rôle de médiateur. «Notre objectif doit être de trouver un moyen d'obtenir une désescalade du conflit pour que tout le monde puisse vivre ensemble en paix», a rappelé Ueli Maurer, qui n'a pas voulu s'exprimer sur les sanctions.
Toujours jeudi soir sur SRF, le septuagénaire a expliqué qu'il n'admirait évidemment pas la Russie, mais a confessé un certain respect envers Vladimir Poutine: «C'est un grand stratège. Il a ses objectifs et il se donne les moyens de les réaliser. Il l'a prouvé durant ces dernières années.» Mais l'ex-agent du KGB ne le fait pas tout seul: il dispose à ses côtés d'un ministre des Affaires étrangères très efficace en la personne de Sergeï Lavrov. «C'est l'un des meilleurs dans le domaines», a assuré Ueli Maurer.