Le commentaire de Blick sur l'absence de sanctions
Ne pas agir, c'est se salir les mains

La Suisse ne s'associe pas aux sanctions européennes contre la Russie. C'est une honte. «Que doit-il se passer pour que notre gouvernement prenne position?», s'interroge Sermîn Faki, cheffe de la rubrique politique de Blick.
Publié: 25.02.2022 à 08:44 heures
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Dernière mise à jour: 25.02.2022 à 11:15 heures
Le Conseil fédéral a omis de défendre les valeurs de la Suisse, selon notre journaliste.
Photo: keystone-sda.ch
Sermîn Faki

«Aujourd'hui est une triste journée». C'est par ces mots que le président de la Confédération Ignazio Cassis a ouvert jeudi sa déclaration très attendue sur l'invasion russe en Ukraine. Après cette entame émotionnelle, le Tessinois a vite adopté un ton mi-bureaucrate, mi-langue de bois: «Les sanctions édictées par l'Union européenne doivent être intégrées dans l'ordonnance sous forme de mesures visant à empêcher le contournement.»

En clair, ce qu'a voulu dire le Conseil fédéral: nous veillerons à ce que les sanctions édictées par d'autres États contre le régime de Vladimir Poutine ne puissent être contournées par la Suisse.

Soit. Et s'associer aux sanctions décidées par l'ensemble de l'Europe? C'est non. On hausse les sourcils avant de se frotter vraiment les yeux pour se demander si tout cela est bien sérieux. Que doit-il se passer pour que notre gouvernement prenne position? Faut-il que des chars russes soient stationnés aux chutes du Rhin pour que les avoirs de l'entourage direct de Vladimir Poutine soient gelés?

C'est la guerre en Europe! Et cela devrait profondément inquiéter un aussi petit État que la Suisse. Que ferait notre pays tout seul contre une attaque? C'est la réalité à laquelle l'Ukraine est en train de faire face. Et elle ne peut même pas compter sur la solidarité de la part de Berne...

Qui pour défendre nos valeurs?

L'invasion de la Russie n'est pas seulement une attaque contre l'Ukraine, c'est une attaque contre l'Europe. Une attaque contre le droit international, contre la démocratie occidentale qui nous a amené les droits fondamentaux, la liberté et la prospérité.

Ces valeurs sont précisément celles de la Suisse. Qui, si ce n'est nous, peut les défendre? Il ne devrait y avoir aucune autre voie possible que de soutenir pleinement les sanctions de l'Occident. «Neutralité ne signifie pas indifférence», a pourtant relevé avec raison Ignazio Cassis devant les médias. Mais cette déclaration n'a pas été suivie d'actes.

C'est pourtant très simple: celui qui n'agit pas dans ces circonstances se salit les mains. Oui, aujourd'hui est un jour triste. Mais, vu de Berne, c'est surtout un jour profondément honteux.


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