Les agriculteurs inquiets face à la météo
«Pour les abricots, cela pourrait devenir délicat s'il fait moins de 0 degré»

La pluie, le froid, le gel... Les arboriculteurs suisses ont de quoi s'inquiéter pour leurs récoltes. Une baisse des températures plus importante encore pourrait causer de gros dégâts sur les fruits. Un agriculteur argovien témoigne.
Publié: 20.04.2024 à 15:03 heures
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«De tels contretemps liés au froid sont toujours mauvais. Pour les abricots, cela pourrait devenir délicat s'il faisait moins de zéro degré», explique l'arboriculteur Hans Geier.
Photo: Ralph Donghi
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Ralph Donghi

Depuis mardi, il fait à nouveau froid en Suisse. Les températures étaient jusqu'ici encore positives durant la nuit. Mais dans les jours à venir, de l'air polaire devrait souffler dans le pays et provoquer davantage de gel au sol ainsi qu'en altitude. Une situation particulièrement dangereuse pour les cultures de fruits. En effet, si la température descendait en dessous de zéro, il pourrait y avoir des dégâts dus au gel.

Pour les quelque 1800 arboriculteurs de Suisse, ce ne sont pas de bonnes perspectives. «De tels coups de froid sont toujours mauvais. Pour les abricots, cela pourrait devenir délicat si les températures descendent en dessous de zéro», explique Hans Geier, arboriculteur à Küttigen dans le canton d'Argovie. «Les fleurs ne supporteront pas des températures plus froides que maintenant.»

Les pommes sont plus résistantes

Hans Geier est agriculteur depuis l'âge de 17 ans. Il gère son exploitation de plus de 1,7 hectare de terres pour les abricots et les pommes depuis 1982. «Les pommes aiment le froid, explique-t-il. Les Golden Gala, par exemple, sont relativement résistantes au gel, elles peuvent supporter davantage.» Toutefois, si les pommes subissent des dommages à cause du gel, cela se répercute sur le prix de vente. «Elles devienennt alors des fruits à cuire.»

L'emplacement joue également un rôle. «Mon installation est sur une pente. Le froid peut s'y engouffrer», explique l'agriculteur. Ainsi, elle bénéficie d'une situation de gel relativement bonne. Les installations dans des «cuvettes de froid» sont mauvaises. Le froid ne peut pas s'y écouler. Ce sont surtout les arboriculteurs en altitude qui sont touchés, avec des cerises qui ne fleurissent que maintenant.

Des bougies antigel pourraient être utilisées

Il est important de maintenir l'herbe courte dans les cultures, poursuit Hans Geier. «Lorsque l'herbe est plus haute, elle est à maturité, ce qui amène le froid sur les arbres ou sur les fruits.»

L'Argovien ne prévoit pas de mesures préventives pour les jours à venir. «Si cela devenait vraiment grave, je pourrais mettre des bougies antigel sous les abricotiers», précise-t-il. Elles produiraient la chaleur nécessaire vers le haut. Sa crainte actuelle est que les petits fruits «ne résistent qu'à un demi-degré en dessous de zéro. Ensuite, ils deviennent noirs et s'abîment».

L'arboriculteur espère un temps plus chaud

Hans Geier n'est pas assuré contre le gel. Pour lui, 100 kilos d'abricots abîmés représentent une perte d'environ 800 francs. Il espère que le beau temps reviendra rapidement «et que tout continue à pousser normalement».

A la Fruit-Union Suisse à Zoug, on ne voit en revanche pas la situation météorologique d'un œil aussi sombre. «Les basses températures en avril ne sont pas rares», explique Rea Furrer, collaboratrice spécialisée et porte-parole de la Fédération. «Les producteurs et productrices de fruits ont une grande expérience de telles situations et peuvent réagir en conséquence.» Selon elle, cela implique bien sûr plus de travail. Mais jusqu'à présent, l'association n'a pas connaissance de régions «dans lesquelles les températures sont descendues dans la zone critique des températures négatives».

«Pas de situation exceptionnelle»

Si les températures devaient tout de même descendre en dessous de zéro, les fraises, par exemple, pourraient être recouvertes d'un voile supplémentaire, poursuit Rea Furrer. Elle parle aussi, comme l'arboriculteur Hans Geier, de bougies antigel, mais également de poêles à pellets qui pourraient être installés.

Pour l'instant, on ne peut pas non plus parler d'espèces de fruits particulièrement touchés. «Les nuits ont certes été froides, mais les gelées, si elles ont eu lieu, n'ont été que locales.» Il n'est pas possible pour l'instant de faire des estimations sur d'éventuels dommages financiers. Rea Furrer souligne: «Il ne s'agit actuellement pas d'une situation exceptionnelle. Les Suisses peuvent continuer à se réjouir de savourer de délicieux fruits prochainement.»

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