Le procès de six policiers lausannois
Mort après son interpellation à Lausanne, Mike aurait crié de douleur

Le Nigérian Mike est mort en 2018 après une interpellation policière à Lausanne. Ce mardi sonne le 2ème jour du procès des six policiers qui seraient impliqués dans son décès. Un témoin parle de «cris puissants de l'ordre de l'urgence, de la douleur».
Publié: 13.06.2023 à 13:48 heures
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Dernière mise à jour: 20.11.2023 à 16:56 heures
La salle d'audience de Renens était de nouveau pleine à craquer mardi pour le deuxième jour du procès des six policiers lausannois prévenus d'homicide par négligence dans l'affaire de la mort de Mike en 2018.
Photo: FREDERIC BOTT

Le deuxième jour du procès des six policiers lausannois prévenus d'homicide par négligence dans l'affaire de la mort de Mike en 2018 est consacré à l'audition des témoins. Proche de la scène, l'un a parlé de «cris puissants de l'ordre de l'urgence, de la douleur».

A l'issue d'un procès qui doit durer au moins trois jours, le Tribunal correctionnel de l'arrondissement de Lausanne, délocalisé à Renens, doit juger si ces six policiers ont réagi de façon proportionnée ou non lorsqu'ils ont interpellé Mike Ben Peter, lors d'un contrôle antidrogue en février 2018.

Ce Nigérian de 40 ans était décédé d'un arrêt cardio-respiratoire après une interpellation musclée. Les policiers risquent jusqu'à trois ans de prison. La défense plaidera leur acquittement.

«Des cris de douleur»

Suspendu lundi soir après que les policiers ont été interrogés par toutes les parties et ont dit avoir agi de manière proportionnée, la journée de mardi était consacrée à l'audition d'un témoin qui logeait dans un immeuble proche de la scène, près de la gare, et du numéro deux de la Police municipale lausannoise.

Ressortissant français, le premier témoin a dit avoir entendu des «cris particuliers, de plus en plus puissants, de l'ordre de l'urgence, des cris de douleur plus que de quelqu'un qui lutte». Il a expliqué avoir vu depuis sa fenêtre de sa chambre Mike maintenu «fermement» et avec «vigueur» au sol: quatre policiers, deux de chaque côté, au niveau du haut du corps, et deux autres au niveau des jambes.

Ce témoin n'a pas pu préciser exactement comment Mike était tenu ni comment les policiers s'appuyaient ou non sur lui. «Il me semblait maîtrisé. J'ai été frappé par le nombre de policiers», a-t-il dit. Il n'a pas pu s'exprimer sur la taille ou le poids de la victime.

Il a terminé son témoignage en disant que la tentative de réanimation avait duré environ 30 minutes puis que la victime avait été laissée seule à terre et recouverte d'une couverture technique. «Il est clair pour moi que la réanimation avait échoué et que la personne était décédée», a-t-il relevé.

Le ton est monté

L'audition du deuxième témoin a été plus laborieuse. Sur demande de la défense, le numéro deux de la Police municipale a été entendu pour ses connaissances générales sur la lutte anti-drogue et des pratiques d'arrestation.

La partie civile a d'abord essayé de rejeter ce témoignage, ce qui a été refusé par le tribunal, avant de l'interroger. La défense a alors reproché à Me Simon Ntah de questionner le major de police sur les faits de la soirée du 28 février, auxquels il n'a pas assisté.

Une querelle de forme s'est alors instaurée, du fait que ce témoin policier ne connaissait pas le dossier de l'affaire dans le détail et ne pouvait donc pas être interrogé en tant qu'expert. Le ton est monté du côté de l'avocat de la famille et le président du tribunal Pierre Bruttin a dû calmer les esprits et interrompre la séance.

Les débats ont pu reprendre et il a surtout été question de techniques d'immobilisation au sol, de durée, la plus courte possible, et des risques de décès. «Aujourd'hui, il n'y a aucun moyen de contraintes avec un risque zéro», a souligné le major.

L'épouse d'un des policiers à la barre

Un troisième témoin, la femme d'un des six policiers, a aussi été auditionné. Elle a parlé d'un mari «consciencieux, bienveillant, respectueux et loyal, un homme posé qui prend son temps pour réfléchir, jamais colérique».

Mais, a-t-elle ajouté, «une partie de lui s'est éteinte après les événements» de 2018. Elle a décrit un mari «accablé par le chagrin, triste, morose et apathique, qui n'avait plus envie de projet de vie et d'enfants». Le mois de février est à chaque fois «le pire moment» de l'année, avec notamment des «terreurs nocturnes», selon elle.

Les plaidoiries auront lieu mercredi. Il n'est pas impossible qu'un quatrième jour de procès soit prévu lundi. Le verdict, lui est attendu le mercredi 21 juin.

(ATS)

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