Six policiers lausannois comparaissent devant la justice vaudoise dès 09h00, prévenus d'homicide par négligence dans l'affaire de la mort de Mike en 2018. Ce Nigérian de 40 ans était décédé d'un arrêt cardio-respiratoire après une interpellation musclée lors d'un contrôle anti-drogue. Ils risquent jusqu'à trois ans de prison. La défense plaidera leur acquittement.
Vu l'écho médiatique de l'événement et le nombre de prévenus, le Tribunal correctionnel de l'arrondissement de Lausanne sera délocalisé à la salle cantonale d'audience de Renens. Plusieurs manifestations ont eu lieu dans les rues de la capitale vaudoise depuis ce décès, dénonçant le racisme et les violences policières, la dernière en date le 3 juin avec plus de 400 personnes rassemblées.
L'enquête du Ministère public vaudois a duré près de cinq années. Le procureur Laurent Maye a retenu l'homicide par négligence. Ce chef d'accusation est passible de trois ans de peine privative de liberté au maximum ou d'une peine pécuniaire, rappelle l'acte d'accusation.
Usage disproportionné de la force?
Les six agents de la police municipale de Lausanne plaideront l'acquittement, selon Me Odile Pelet, l'une des avocates, interrogée par Keystone-ATS. Chacun d'eux sera représenté par un avocat différent. Tous contesteront de nombreux points de l'acte d'accusation, dont la question de la «compression thoracique prétendument exercée» sur Mike, explique-t-elle.
«Les policiers ont réagi de façon proportionnée à l'opposition virulente» de la victime, affirme Me Pelet. «De surcroît, les médecins-légistes ont conclu que la position ventrale dans laquelle Mike a été placé n'a pas pu provoquer le décès», ajoute-t-elle.
L'avocat de la famille de Mike Ben Peter tentera au contraire de démontrer qu'il y a eu un usage disproportionné de la force «évident». Pour Me Simon Ntah, il est clair que la victime est décédée d'un arrêt cardio-respiratoire des suites des violences imposées par les forces de l'ordre.
Il affirme que «les faits tels que décrits par le Ministère public doivent mener à retenir, non pas l'homicide par négligence, mais l'homicide intentionnel par dol éventuel». En clair: cela signifie que le comportement des policiers rendait possible une issue fatale pour la victime, qu'ils étaient conscients du risque et qu'ils l'ont pris en s'accommodant du résultat.
(ATS)